Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Happy Endings, c'est une des séries les moins créatives du moment: en gros les producteurs tentent d'imiter les séries ou comédies qui fonctionnent au box office sans réellement comprendre les raisons de leur sucès. Le résultat, c'est un mélange qui ne prend pas, une série qui ennuie plus qu'elle ne fait rire.
Le pitch de base est pourtant hyper intéressant: un couple se déchire, les amis doivent alors choisir avec lequel des deux tenir. De quoi laisser le spectateur sceptique quant à la durée de la série (comment tenir plus de 6 épisodes avec un tel pitch?). Deux épisodes plus tard, le spectateur comprendra qu'il s'est fait rouler, et que la séparation n'aura finalement pas trop d'incidence sur les amitiés: on a donc droit à un nouveau "Friends" comprenant notre nouveau couple Ross et Rachel qui devra s'entendre ou se haïr d'un épisode à l'autre, mais dont le titre, heureusement, annonce vite la fin.
Les personnages n'ont pas vraiment de personnalité... les conflits rencontrés seraient gérés de la même façon peu importe lequel du groupe devrait y faire face. Pire, les acteurs n'ont vraiment aucune originalité dans leur jeu, au point que les quelques guest star ou simple seconds rôles sont nettement plus intéressants et comiques que les premiers rôles, toujours trop premier degré dans leur interprétation.
En plus, ces acteurs/personnages sont beaucoup trop beaux et trop fashion pour convaincre le public. Il y a ce gag dans lequel le héros se fait charier parcequ'il porte un chapeau fashion... nous sommes donc censés rire de cela... mais qu'y a t il de si drôle? car en fait ce gars là s'habille toujours avec sa belle chemise froissée et son jeans délavé comme la mode le veut... en quoi le chapeau diffère t il du reste? aucunement. Le black semble sorti tout droit d'une agence de modèle masculin. Je n'ai rien contre les beaux mecs, mais personne n'a une peau si brillante en temps normal... Même la brunette, pourtant en surpoids, camoufle ses défauts (qui font sa beauté en fait) avec une bonne couche de maquillage et d'accoutrements fashion. En voulant rendre tout le monde si beau, ça finit par faire mal aux yeux et on n'y croit plus.
Heureusement, petit à petit, les personnages perdent un peu de leur superficialité...c'est lorsque les amis se disputent entre eux que le spectateur peut trouver un minimum de profondeur... hélas, une fois de plus le traitement fait défaut: on assiste à une dispute, la scène suivante, ils font la paix... il manque la scène où les protagonistes se rendent compte de leurs erreurs... Ce qui laisse donc une sensation de platitude au final, où le conflit n'est pas si grave et est juste là comme un artifice pour maintenir le spectateur éveillé: il y a par exemple cet épisode où le gay n'ose pas avouer à ses parents son orientation sexuelle... quand ils apprennent la vérité ils ne sont pas le moins du monde choqué. Faux conflit.
La série semble ne pas avoir d'identité propre, comme si les créateurs tentaient d'imiter les séries ou films qui fonctionnent. On a ainsi l'impression de voir la rencontre entre Friends, How I Met your Mother (qui recopie déjà friends), Community, et Undeclared. On a donc droit à des sarcasmes, des digressions en masse, une musique qui vient toujours annoncer la chute, des références au cinéma ... le tout sans grande originalité. Cette série donne donc l'impression d'un déjà vu, d'un réchauffé fade ou d'un mélange raté de diverses bons ingrédients.
Il y a pourtant parfois de bonnes idées, par exemple l'épisode sur Hitler est plutôt drôle. Mais le jeu d'acteur et le ton ont tendance à nuire à une écriture déjà peu maîtrisée. A propos du ton, je reproche cette prétention liée au fait que les créateurs sont persuadés de savoir ce qui est drôle ou de ce qui ne l'est pas.. Un auteur écrit ses blagues dans l'espoir de faire rire et si ça marche tant mieux. Dans Happy Endings, il y a les blagues qui sont lachées, et puis les personnages qui reviennent directement dessus, comme si l'auteur affirmait que, oui, ses blagues sont très bonnes... ce qui a le don d'agacer et surtout de tuer le rythme. Imaginez un humoriste sur scène qui , après avoir fait rire toute la salle, fait remarquer qunoui sa blague précédente était très drôle.
Le fond est touché lorsque la digression/flashback concerne un passage d'un ancien épisode... Au moins avant il y avait un gag d'écrit; mais là c'est une fois de plus l'auteur qui dit "ha mais souvenez vous de ce passage il était si drôle, je vous le repasse".
Bref une série prétentieuse, pauvre en créativité, et qui semble tout droit destinée aux gens qui pensent qu'être geek c'est in, même si ils n'y comprennent rien (la référence aux acteurs ou aux films est un gag de plus en plus répandu tant à la télé qu'au cinéma).