Hunter with a Scalpel est un policier/thriller psychologique très intrigant et concis de part son format. Mais cette mini série de 16 épisodes de 30 min destinée à une plateforme web n'est pas pour tout le monde: il y a du trash, des scènes insoutenables, du gore, de la souffrance physique et psychologique. Vous voilà prévenu, ce drama est très difficile à regarder par moment, car il n'y a aucun filtre. Il peut même sembler étouffant et anxiogène. A la base cela devait être un téléfilm, mais l'auteur du roman dont il est issu, a insisté et obtenu gain de cause pour un récit plus étoffé. Et j'ai envie de dire, tant mieux, l'immersion n'en étant que meilleure.


Seo Se Hyun(Park Joo-Hyun) est une légiste de génie qui travaille pour la police. Un jour, elle pratique une autopsie et découvre des preuves que ce meurtre est lié à son père. Tout son passé qu'elle essayait de dissimuler va alors refaire surface. En effet, Yoon Jo-Kyun(Park Yong-Woo) est un tueur en série qui sévit depuis des décennies, et qui a la particularité de démembrer ses victimes, après leur avoir fait subir d'affreuses souffrances. Changeant souvent de nom et de métier, il a toujours échappé à la police qui a du classer les affaires le concernant en cold case. Pour éviter que son sombre passé ne soit révélé, Se Hyun se lance dans une course contre la montre pour attraper son père avant la police. Mais es ce bien elle la chasseuse, ou bien n'est-elle pas juste un appât fomenté par Jo-Kyun pour retrouver celle qu'il a perdu de vue depuis plus de 20 ans?


Ce qui frappe avant tout dans ce drama c'est le niveau de charge émotionnelle qui atteint des sommets: on va surtout ressentir du dégout, de la peur, de l'angoisse, de l'anxiété et de la pitié. Comme je l'ai dis en introduction, Hunter with a Scalpel n'est pas à mettre dans toutes les mains, c'est le cas de le dire. Au delà de la violence physique, c'est surtout de la violence et de la torture psychologique qui va retenir notre attention. Le pire étant que cette violence est avant tout dirigée contre des enfants dont on vole, pire, dont on viole l'innocence et la pureté. L'emprise de cet assassin psychopathe qui les utilise comme complice de ses actes monstrueux, est criant d'horreur. On flirte souvent avec la folie pure, donc ne croyez pas tout ce que vous voyez au départ. En effet, le scenario multiplie les fausses pistes au début, et on a du mal à cerner la personnalité de Se Hyun qui a été rendue sociopathe par ce père totalement froid, déshumanisé et déconnecté de la réalité. Dans ses cauchemars éveillés, elle le voit et il lui parle, c'est à vous glacer le sang d'effroi. Es ce que inconsciemment elle veut le protéger, ou bien s'en débarrasser définitivement et mettre un terme à ce traumatisme d'enfance?


Les épisodes de 30 minutes ne laissent pas la place à l'ennui car le rythme est soutenu. Le contenu du passé du père et de la fille est distillé au compte goutte, par énigme, comme quand on assemble un puzzle retord. Car c'est à partir de ce passé qu'on s'apercevra comment la vie de Se Hyun s'est construite, et la personnalité froide, taciturne et amorphe dont elle a hérité. Quand l'enquête va être relancée et que les soupçons vont être détournés vers elle, c'est un jeune chef d'équipe du nom de Jung Jeong Hyeon(Kang Hoon) qui va s'y coller. Celui ci va étonnamment être intrigué par l'ambiguïté que dégage Se Hyun et ne pas se laisser influencer par ses supérieurs. Il va faire office de tampon, car il a don empathique développé. En dehors du récit qui s'appuie sur un scénario solide découlant du roman de Choi Yi-Do, c'est avant tout l'interprétation de Park Joo-Hyun, mais surtout de Park Yong-Woo en véritable génie du mal (ses expressions faciales donnent la chair de poule), qui incarnent avec authenticité et profondeur leur rôle de fille et de père, reliés par une étrange et malaisante relation d'amour/haine. Tous deux ont le point commun est de manier le scalpel comme d'autres manient la plume. Cet affrontement physique entre les deux, mais surtout psychologique est de toute beauté, malgré toute la cruauté qui en découle.


Ce qui retient aussi l'attention c'est une mise en scène master class qui ne laisse pas la place à l'amateurisme: une fois dedans, on est littéralement emporté, et ce, malgré les ST catastrophiques qui m'ont énervé plus d'une fois. Il y a une espèce d'ambiance psychédélique assez spéciale par moments. Ici, il arrive qu'on se perde en conjectures, mais on ne perd jamais pied. Il y a beaucoup de mystères et de rebondissements qui vont graduellement s'estomper quand le dénouement va se rapprocher. C’est superbement filmé, la photographie de nuit notamment, avec des thèmes musicaux qui amplifient les sensations de peur ou d’angoisse. Les enfants qui jouent dedans sont remarquables de justesse(parfois meilleurs que certains adultes). Les voir jongler entre des moments de tendresse et d'insouciance, puis de les voir accomplir des gestes affreux car ils sont sous emprise, est troublant, il faut vraiment avoir le cœur bien accroché pour digérer tout ce harcèlement psychique et psychologique. Toute cette ambiance glauque et nauséabonde est par moment à la limite du soutenable .Cette monstruosité sans filtres est quelque chose de très dure à encaisser.



Cette série est donc à ne pas mettre dans toutes les mains: il y a des gros plans sans floutage sur les cadavres qui sont autopsiés, des corps démembrés, du sang qui gicle. Il y aussi beaucoup de torture psychologique, notamment sur enfants, qui sera difficile à accepter pour certains, vous voilà prévenus. J'ai noté quelques incohérences ou facilités scénaristiques, même si ce n'est pas très gênant comme

quand Se Hyun voit le gimbap sur le tableau de bord du camion, elle ne se doute pas que la gamine est dans le coin? Et à la fin, lJeong Hyeon se prend deux coups de couteau dont un quasi mortel, mais il sort de l'hôpital trot vite et avant Se Hyun. Ce n'est pas crédible.

Bien entendu je ne vous ai pas dit toute la vérité concernant les relations et le passé des héros pour laisser planer des zones d’ombre et de mystères. Cette histoire tortueuse vous tiendra en haleine du début à la fin, car cet affrontement entre les deux personnages centraux est intense et magistralement interprété. J'ai été totalement convaincu par ce récit sordide, où le chasseur devient le chassé et inversement, qui peut sembler alambiquée au départ, mais qui ne l'est plus du tout à la fin. J'ai vraiment été ému devant la cruauté exercée sur ces enfants, instrumentalisée par la folie d'un homme. Un excellent thriller d'épouvante, teinté de scènes d'action, pour les amateurs du genre. A noter aussi une superbe OST qui crée une vraie ambiance oppressante.


Main Theme: Yoari -My Devil

Additionnel OST: Kim Gyeol - Never Going Back

Créée

le 10 juil. 2025

Modifiée

le 10 juil. 2025

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