Drôle, avec un démarrage un peu lent mais qui mérite de s'accrocher

Trahie par la Stasi, Kleo, tuée officieuse biberonnée à l'idéologie de l’Est, fini dans les sinistres prisons de la RDA. Après la chute du mur, elle cherche à comprendre pourquoi elle a été enfermée et par qui elle a été trahie, éliminons centre de scrupules ceux qu’elle croise. Parmi ses adversaires se trouvent Sven, flic de Berlin-ouest un peu magouillard, mais surtout ce qui n'ont aucun intérêt à ce qu'elle vienne remuer une vieille histoire.

La première saison déroule un scénario de vengeance assez simple, qui sacrifie certaines cohérences sur l'autel du rythme, de l'action et du style. Avec une profusion de personnages, des facilités de scénarios et quelques Deus ex-machina, elle m’avait déçue par son aspect convenu. Il n'est pas toujours évident de savoir si la série se prend au sérieux ou non, tant certains ressorts scénaristiques relèvent du gag, ce que semblent souligner par moment la musique ou les effets sonores.

Confronté à un monde qui a avancé sans elle, le lent effritement des valeurs et certitudes de Kleo est également bien mis en scène — et on peut louer la performance de Jella Haase dans ce rôle à multiples facettes. On évite l'effet révélation ou les clichés sur la disponibilité radicale des produits et des mœurs de l'Ouest. Kleo reste encore fortement attachée à ce qu'on lui a appris ce qui offre une (ré)adaptation un peu plus authentique.

Mais Kleo se déploie surtout en saison 2, et exploite enfin tout son potentiel. Elle s’allégee de scènes d’exposition et d’idéologisme lourds et réduit le nombre de personnages et sous-intrigues. Ainsi, elle gagne en impact visuel et permet à notre trio principal de mieux interagir et s’épanouir. Ce nouveau focus est d’autant agréable qu’il ne se fait pas au détriment des qualités de la première saison, que ce soit la photographie ou la réalisation, mais surtout le charme et l’humour décalé typiquement allemand, entre gravité et trivialité du quotidien.

La série sait toujours doser ses effets où les révélations ne sont pas pour nous, mais bien pour le personnage ; rappelant qu’on peut faire de la dramaturgie sans prendre le spectateur pour une quiche. Je me contredis donc par rapport à ma première impression, et suis contente d’avoir tenté la saison 2. Et j’ai même hâte de voir la suivante.