Une équation à 3 inconnues non résolue

Ne vous fiez absolument pas au titre encore galvaudé, ni à l'affiche et ni au synopsis encore à coté de la plaque. Ce n'est pas une comédie ni un drame sentimental. L'Amour au rattrapage ou Crash Course in Romance, est encore un drama qui va mélanger plusieurs sujets, mais que j'ai trouvé plus ou moins incompatibles. Et l'expression ne pas mélanger les torchons avec les serviettes va prendre tout son sens ici. Oui il va y avoir une romance, donc quelque chose de léger, mais à coté de ça on va dénoncer les dérives du système scolaire coréen et la pression scolaire qui en découle. On verra la face cachée des Hagwons, ces établissements privés qui s'assimilent à des prépa. On va même introduire une phase thriller. Malheureusement, tout cela va accoucher d'un ersatz de satire non affirmée et à la sauce "moraline".

Nam Haeng-Seon( Jeon Do-Yeon) est une femme qui approche la quarantaine et qui officie en tant que traiteur de spécialités coréennes. Promise à un brillant avenir sportif, elle a dû tout abandonné jeune pour s'occuper de sa jeune de nièce de 5 ans, abandonnée du jour au lendemain par sa sœur ainée. Travailleuse, honnête, aimante, gentille, elle est dévouée à sa famille qui comprend aussi son frère qui est autiste Asperger. Son unique univers, c'est sa nièce Hae-E(Roh Yoon-Seo), maintenant âgée de 18 ans, une élève surdouée élevée dans la droiture. Elle n'a jamais connu l'amour. Au détour d'une rencontre, elle va faire la connaissance de Choi Chi-Yeol(Jung Kyoung-Ho), un professeur de Maths qui a fait fortune dans les cours qu'il prodigue au sein de Hagwons. Celui ci ne vit que pour son travail et n'a pas d'amis proches. Sans le savoir, ils sont liés indirectement depuis leur jeunesse.

D'entrée on va évoquer le cas de Jeon Do-Yeon sans faire les faux culs: oui elle n'est pas la plus belle et avait presque 50 ans quand elle a tourné ce drama. Gênant de la faire aller avec Jung Kyoung-Ho qui en a 10 ans de moins? Non bien sûr, pourquoi toujours mettre en avant des beaux et des jeunes ensemble? Vous n'avez vu que des couples assortis au cours de votre existence? Non ce qui m'a énervé c'est que ce n'est pas assumé dans la série, et on a préféré la rajeunir de 12 ans! Pourquoi nous prendre pour des cons? Désolé mais ce n'est visuellement pas crédible. J'ai trouvé ce couple atypique intéressant, non pas à cause de la différence d'âge légère, mais par le fait que s'ils proviennent du même milieu social à la base, les vicissitudes de la vie ont fait que si l'un a pu s'élever et devenir riche professionnellement, sa moitié a dû faire un autre choix qui l'a rendu riche aussi, mais de "cœur". A titre personnel, je trouve ce couple fonctionnel et charmant, à défaut d'être vraiment fusionnel, peut être à cause de leur âge.

La partie "romance" va surtout nous occuper la première partie du drama, sur lequel on va aussi greffer un sujet grave, puisqu'il s'agit de parler des Hagwons, Chi-Yeol étant un de ces représentants vedettes. Je ne vais pas vous faire un cours, mais juste vous contextualiser le fait que ces "boites à bac" privées surchargent encore plus des élèves déjà écrasés par la pression sociale et parentale. D'ailleurs le groupe de mères, dirigée par la cocue de service, va venir démontrer toute l'absurdité d'un système oppressif, harceleur et à bout de souffle, dont le gouvernement coréen aimerait bien voir évoluer sous peine de voir sa jeunesse s'auto détruire définitivement. On avait un sujet en or dans les mains, mais la série n'a pas totalement assumée son coté tragique, donc même si on va soulever la problématique, on ne fera que gratter la surface. Au contraire, Chi-Yeol qui est une star bienveillante de Hagwon dessert la dramaturgie. On va certes dénoncer la réussite à tout prix, au mépris de l'éthique et de la santé mentale des enfants, mais de manière superficielle. On ne verra jamais l'envers du décor. (si vous voulez des renseignements je vous mets le lien direct en fin de critique)

L'introduction d'une phase thriller avec le "tueur au billes d'acier" est non seulement inutile, mais sert qu'a masquer un scénario écrit de manière trop légère, car la romance doit rester le fil conducteur, et c'est selon moi une erreur. A cela on ajoute des thèmes récurrents pour bien appuyer sur le pathos : le frère autiste stigmatisé, la calomnie sur les réseaux sociaux, le harcèlement en ligne à cause notamment du groupe de ces bourgeoises "concierges" qui ne foutent rien de leur journée, mais toujours promptes à faire la leçon et à semer la zizanie. Bref, à un moment ça devient un vrai fourre-tout et dans la seconde moitié, la romance passe à la trappe ou presque. Ça manque souvent de cohérence et les transitions sont parfois maladroites. Mais c'est surtout trop long, un format de 12 ou 14 ans épisodes suffisait. L'ensemble des acteurs est néanmoins sympathique, notamment la jeune Roh Yoon-Seo qui a du talent à revendre, et bien sur l'inénarrable Jung Kyoung-Ho, toujours égal à lui même, dans un flegme qui n'appartient qu'à lui.

Cette série a cartonné en Corée, notamment les 4 derniers épisodes. Si L'Amour au rattrapage donne des pistes de réflexion quant au système de sélection au sein de l'éducation à la coréenne, encore plus sélectif et maladif que celui de la Chine ou du Japon, ça reste bancal pour me séduire totalement. La conclusion s'étale inutilement, notamment avec le retour de la mère de Hae-E, qui n'apporte rien, le temps de dire bonjour et au revoir. On va s'égarer encore dans des poncifs des considérations archi vus et revus: les mauvais personnages touchés par la grâce et qui se repentent, une rédemption générale ou presque, un ton trop moralisateur, et une fin à la conte de fées. Je veux bien être bon public, avoir de la bienveillance, mais on ne vit pas chez les bisounours. Ce n'est pas la réalité et ce n'est pas une Rom-Com. Je mets un peu plus que la moyenne pour une certaine prise de risque, car il ne faut pas oublier que la société coréenne reste conservatrice sur certains points. Je ne me permets pas de juger, juste de faire un constat.

Pour aller plus loin dans la réflexion : Hagwon en Corée

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