My childhood.
J’ai cette belle sensation que le film ne me quittera jamais, qu’il est déjà bien ancré dans ma mémoire, que je me souviendrai de cette maison, ce village, ce petit garçon pour toujours. J’ai...
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le 21 nov. 2014
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Mini-série de Maurice Pialat, réalisée pour l'ORTF en 1971. Il s'agit d'un de ses premiers long-métrages que je viens de visionner grâce aux bons offices d'un éclaireur de SC.
Sept épisodes d'une cinquantaine de minutes qui passent comme un enchantement. Sur un sujet pas si évident. En effet, la mini-série retrace la vie à la campagne dans une région (Ile de France) à l'arrière de la ligne de front, pendant la Grande Guerre. Mais pas si loin que ça du front puisque de temps à autre, on entend la canonnade au loin ou on voit passer les longs convois de blessés. Sans oublier la proximité de la base aérienne. On ne voit pas la guerre mais on ne peut décidément pas l'oublier.
Trois enfants parisiens ont été placés par leurs parents dans la famille Picard, à la campagne parce que, par exemple, le père a été mobilisé et la mère obligée de travailler. Mais les raisons de ce qui "est" n'ont guère d'importance car le cinéaste nous invite dans un monde vrai où les trois enfants sont installés dans une famille comme s'ils y avaient toujours été, auprès d'Albert, le père, le garde-chasse du chatelain, de Maman Jeanne et des autres enfants de la famille. Rien que ça, déjà, c'est beau. C'est simple et c'est beau.
Ensuite, Pialat ne nous concocte pas une histoire continue, classique avec un fil rouge sur lequel se greffent des histoires parallèles. Non, il préfère nous projeter des images, des scènes courtes où il relate une simple tranche de vie. Presque comme des tableaux. Par exemple, la scène du retour de l'école et du goûter des trois enfants qui sera suivie d'une autre scène dans la sacristie où le bedeau et les enfants de chœur goûtent au vin de messe avant de passer à une autre scène … Ça fonctionne un peu comme la mémoire chez tout le monde qui procède par images discontinues ou par des bribes de dialogues qu'on se remémore pour à nouveau les savourer.
Et ce que nous restitue la mémoire est forcément quelque chose de vécu. Quelque chose d'authentique. On ne peut pas tricher avec sa mémoire. Et Pialat réussit à nous faire adhérer à tous ces personnages ou à tous ses personnages.
Mais rapidement, certains se distinguent. À la façon d'un tableau où, touche de peinture après touche de peinture, le visage se précise, l'âme apparaît dans l'expression des yeux ou des mains.
D'abord, il y a Maman Jeanne qui me fait irrésistiblement penser à la "Jeanne" de Brassens dont le cœur est extensible indéfiniment … Mais dont le cœur se remet aussi difficilement des départs et des séparations …
Le rôle est assuré par une émouvante Jacqueline Dufranne dont c'est peut-être bien LE rôle de sa vie.
Et puis il y a son mari, Albert, le garde forestier, bourru avec la calotte facile mais avec un cœur qu'il ne parvient pas toujours à dissimuler. C'est l'inénarrable Pierre Doris qui s'y colle !
Et comment ne pas être touché par le petit Hervé qui est, en quelque sorte, le lien entre toutes ces scènes, cet enfant plein de vie, prêt à se rompre le cou pour sauver un petit oiseau ou prêt à fuguer pour retrouver et embrasser maman Jeanne malade.
Et comment ne pas mentionner le chatelain, veuf et seul, qui se prend d'affection pour cet intrépide Hervé. Son rôle est interprété par un digne Fernand Gravey.
Quant à Pialat, il s'est réservé le rôle de l'instituteur, chargé de discipliner et motiver ses élèves avec des leçons de morale et de patriotisme qui paraissent tellement désuètes aujourd'hui et qui en ce temps avaient le douloureux mérite de vouloir donner un sens à cette guerre ! Ce rôle contribue aussi au caractère authentique de cette série.
Pour terminer, cette mini-série de Pialat restitue bien ce qu'on peut imaginer de cette période terrible même à l'arrière des lignes, même à la campagne pas épargnée par l'avalanche des morts et du malheur. Mais en même temps, la mini-série n'hésite pas à nous faire partager des petits instants de bonheur, de rire et donc d'espoir.
Et puis, pour reboucler avec une précédente critique, l'utilisation du morceau "trois beaux oiseaux du paradis" de Maurice Ravel pour quasiment tous les génériques aide bien le spectateur à le mettre en condition …
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