Lastman
8.2
Lastman

Dessin animé (cartoons) France 4, france.tv Slash (2016)

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On ne peut pas voler cette série ! Il va falloir la gagner ! Sur le ring !

Quelque dates importantes de l'histoire de France :
843 : délimitation approximative des futures frontières françaises.
987 : accession au trône de Hugues Capet.
1214 : victoire de Bouvines. Tout le monde s'en fout.
1789 : 14 juillet.
1968 : La France atterrit sur la lune, mais oublie d'emporter une caméra.
2016 : Diffusion de la première série animée française pour adulte qui vaille quelque chose.


De nos jours, être patriote n'est pas vraiment facile. Leaders politiques au charisme de serviettes de tables, hégémonie menacée, principes moraux remis en cause, fardeaux historiques, Plus Belle la Vie... Être citoyen du pays des lumières, on peut pas dire que ce soit bandant. Et pourtant... parfois, dans la grisaille culturelle, apparaît un petit chef d’œuvre qui redonne foi dans le génie du peuple de Molière. Après Gagner la Guerre, voici donc Last Man. Cocorico.
Last Man est l'histoire... Alors, ça parle de... heu... Et là, il...
Bon okay, c'est un peu difficile à résumer. Précisons tout d'abord qu'il s'agit du préquel de la BD du même nom. En partant d'un matériau de base déjà pas vraiment kid friendly, les auteurs ont insisté pour rendre le tout encore un peu plus mature, avec plus de sang et de sexe (si si, c'est mature, le cul), poussant les prudents décisionnaire à diffuser le bousin sur France 4 à 22 h 45. Si vous n'en avez pas entendu parler avant, c'est donc normal. Moi même, sans un cousin attentif, je serais passé à côté. Les 26 épisodes sont très courts, environ 11 minutes. Il n'est pas nécessaire de lire la BD au préalable pour se lancer dans la série.
Donc : A Paxtown, aussi appelée par moi les États-Unis de Marseille, Richard Aldana, jeune malabar feignant et un peu con, se retrouve à devoir gagner (sur le ring !) la coupe d'un tournoi de boxe pour vaincre des démons et sauver la fille de son mentor assassiné par une secte.
Ouais, ça sonnait quand même moins débile dans ma tête.
Mais cet aspect « pulp » est l'une des beauté de la série. C'est à la fois malin et bien foutu, mais aussi pas prise de tête pour un sou. La trame général ressemble parfois à celle d'un jeu vidéo, avec un boss de niveau différent presque à chaque épisode. Il y a une étrange ambiance hipstero-gangsta-geek dans tout ça, et on passe de réplique hallucinées (« sors de ma mère ! ») à du simili Lovecraft tout en passant par de jolies ambiances crépusculaires et de la satire bien grasse. Ça va vite, très vite. Même les épisodes fillers partent dans tous les sens. A un moment, on a droit à 10 minutes de gens assis qui regardent la télé, et c'est quand même l'un des meilleurs épisodes. On a vraiment l'impression tout du long de voir les auteurs s'amuser comme des gosses avec des principes tordus, pour notre plus grand plaisir. Les quelques moments plus sérieux n'en ont au final que plus d'impact, d'autant que, un peu comme dans la vraie vie, ceux qui se lancent dans de grands monologues existentiels sont aussi ceux qui sont un peu ravagés dans la tête.
Soyez donc rassuré sur la santé mentale de notre héros, Richard Aldana, qui est con comme une plume en béton, et ne se pose jamais vraiment de questions sur la condition humaine, au-delà de « qu'est ce que je fous dans cette histoire » ou « si je tape très fort sur ce type, peut être que lui arrêtera de me frapper ». Bon cœur, talent inné, mais aussi feignasse abjecte, réflexes de petit malin et tendance à réfléchir seulement après avoir tout foutu en l'air, il est bizarrement facile de s'identifier à un tel couillon. Sa fille adoptive réussit à être sympathique, ce qui, pour une préado, est un petit miracle. Sa copine réussit à être plus qu'une énorme paire de seins, ce qui n'était pas gagné. Son coéquipier black réussit à ne pas juste être un faire-valoir ET à rester en vie jusqu'à la fin, ce qui doit probablement briser quelques lois spatio-temporelles. On a même un personnage chochotte qui vient nous prouver la puissance du pouvoir de l'amour ! Petite mention au passage pour les mafieux, tous excellents, que ce soit le don obèse et stoïque à l'acceng il sent bôn le romaring, cong, son neveu dégénéré et Milo Zotis, qui est un délicieux enfoiré loser dont on suivra l'ascension météorique et imméritée. Mais surtout, il y a Howard McKenzie. J'aime beaucoup Howard. Je ne peux pas révéler grand chose à son sujet, pour ne pas balancer toute l'intrigue, mais je dirais tout de même qu'il est rare de voir un sociopathe coincé aussi cool. De plus, son bras-robot, ses pentacles magique et son obsession à traverser une porte dimensionnelle pour trouver la vérité me permettent de l'appeler Howard Elric, ce qui m'amuse beaucoup trop pour ce que ça vaut, mais ho, hein, bon.
C'est drôle, c'est vif, c'est fun, c'est con, c'est du Nikki Larson avec des monstres bizarres. Mais quand on y réfléchit un peu, ce n'est pas si con que ça. Il y a vraiment du travail, derrière tout ça. Non seulement sur la technique, qui est assez impressionnante, surtout pour un budget médiocre, mais sur plein de détails tout autour. Les dialogues sont ciselés avec art, l'intrigue est bien menée, et il y a même un tout un background original inventé pour l'occasion. En parallèle de cette histoire de tournoi de boxe sacré ou j'sais pas, on en apprend de plus en plus sur l'histoire de la Vallée des rois, sorte d'utopie fantasy d'où viennent les roitelets, immondes démons qui, malgré leur nom grotesque, sont largement assez glauques pour être marquants. Inventer une histoire originale juste pour enrichir une autre histoire, je respecte ça. Et puis d'autres signes qu'on est dans du boulot de qualité. Juste un exemple tout con : l'animal totem du roitelet de la faim est... un glouton. Ce n'est jamais précisé au spectateur, c'est juste une jolie touche pour montrer qu'on ne se fout pas de nous. Et cette alliance du sérieux du travail et d'une ambiance « série-à-pizza » donne un cachet particuler et agréable à tout ce foutoir, où on peut à la fois s'attacher sincèrement aux personnages et dont on ne retire pas d'impression de lourde gravité pour autant.


Alors commandez un fast-food, appelez un pote, achetez un canapé moelleux et regardez moi cette série. Non seulement parce que c'est drôle, non seulement parce que c'est gentiment gore, non seulement parce que les mecs qui ont fait ça se sont donné du mal en s'amusant, mais parce que c'est l'une des rare série qui fera battre votre petit cœur de mangeur de grenouilles pour de bonnes raisons. Et je ne dis pas ça parce qu'ils ont une grenade.

Kevan
7
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Créée

le 13 févr. 2017

Critique lue 774 fois

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Kevan

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