Lazarus
6.4
Lazarus

Anime (mangas) Adult Swim, HBO Max (2025)

"- Maman, on peut avoir Cowboy Bebop ?

- Mais voyons, on a déjà Cowboy Bebop à la maison."

Cowboy Bebop à la maison :


C'est un peu l'impression que j'ai eu en regardant cet animé, une sorte de sous Cowboy Bebop, qui essaie de singer ce qui fait la force de cette série, mais sans en comprendre son essence et sans proposer quelque chose de véritablement neuf (et réussi) en retour.


Dernier animé du grand réalisateur Shinichiro Watanabe, connu pour Cowboy Bebop, Samurai Champloo ou Space Dandy (deux de ces animés faisant partie de mes animés préférés), Lazarus était censé être le grand retour de ce réalisateur presque de légende. Et il faut dire que j'en attendais forcément beaucoup, peut-être même un peu trop. Parce que Lazarus est loin, mais alors très très loin des trois animés que j'ai cité plus haut. Là où on peut qualifier Cowbloy Bebop au minimum d'animé réussi et esthétiquement intéressant, en ce qui concerne Lazarus, si on veut être charitable, on ne peut que dire que c'est un animé sympa, qui se regarde bien, suffisamment divertissant pour qu'on ne s'ennuie pas devant un épisode, mais qui manque cruellement à la fois d’originalité, et d'une direction ou d'un projet esthétique assumé. On a l'impression d'avoir vu une sorte de gros brouillon d'un animé qui aurait pu être très réussi, mais qui est passé à coté de son propre projet.


Lazarus raconte l'histoire de Pas Spike Spiegel, accompagné de toute une galerie de personnages qui sont Pas Jet Blask, Pas Faye Valentine, et deux autres personnages. Ils ont pour but de retrouver un scientifique qui a développé une drogue qui va anéantir l'humanité dans un mois. Si ils retrouvent ce scientifique, ce dernier communiquera le remède et l’humanité sera sauvé. S'ensuit alors un jeu de piste géant qui emmènera nos héros dans les quatre coins de la planète pour essayer de retrouver des indices menant au dit scientifique.


Bon je vais pas y aller par quatre chemin, mais cet animé souffre d'une grosse comparaison avec Cowboy Bebop. Beaucoup de choses dans cet animé semble y faire référence, que ce soit le héros qui est vraiment un Spike Spiegel moins bien écrit, le cadre de science fiction avec une ambiance un peu jazzy et des combats au corps à corps. Même l'écriture des personnages autour de leur passé à assumer fait écho à l'écriture de Cowboy Bebop. Mais la comparaison s'arrête pourtant assez vite, parce que autant Cowboy Bebop, malgré son aspect épisodique, avait une vraie direction et un vrai propos à raconter, autant Lazarus ne raconte pas grand chose pendant ses 13 épisodes. Ou plutôt, tout ce qu'il raconte ou montre, cela a déjà été fait mais en mieux dans Cowboy Bebop. Les propositions originales sont au mieux maladroites, au pire sans intérêt.


Par exemple l’écriture des personnages et l'ambiance "équipe soudé" que l'animé essaie de mettre en place ne marche pas du tout. On ne ressent aucune alchimie entre les membres du groupe, on a l'impression d'avoir 5 personnages qui ont chacun leur vie sans que leur relations évoluent vers quelque chose de plus organique. On sent bien qu'il y avait une volonté dans cet animé de nous faire ressentir un rapprochement entre tous ces personnages, de nous faire comprendre que ces personnages qui n'ont rien en commun et qui sont tous là un peu par hasard et de tous horizons différents vont apprendre à se connaître, explorer chacun leur passé. Le problème est que l'écriture se révèle beaucoup trop fragile pour que nous spectateur y croyons vraiment. On aboutit alors à l'inverse de ce que souhaitait nous faire ressentir l'animé, on est juste face à des personnages sans alchimie, les uns à coté des autres.


Je pense que cet échec est du au fait que l'animé souhaite aller beaucoup trop vite, et qu'il s'attarde trop sur des détails scénaristiques sans importance. Je veux dire par là que ce qui faisait une des forces de Cowboy Bebop, est que l'absence de scénario permettait d'explorer en profondeur la psychologie des personnages et leur passé. Là dans Lazarus, la présence d'une trame narrative (et de la durée peut-être trop courte de l'animé vu l'ambition du projet) fait qu'on a plus le temps de s'attarder sur les personnages. Ce qui est d'autant plus paradoxale que l'histoire n'avance même pas. On est sur quelque chose de mi-épisodique, mi-scénarisé, dans la mesure où après un épisode, on revient à un statu quo. Il en résulta alors qu'on a le pire des deux mondes, l'animé ne se laisse à la fois pas de temps de pause, de contemplation, de dialogues gratuits qui auraient pu permettre aux personnages de prendre un peu de profondeur, et on est en même temps frustré que l'histoire n'avance pas. Pourquoi ne pas dans ce cas avoir complètement assumé le coté épisodique ? Quitte à laisser de coté une trame narrative pseudo thriller politique qui de toute façon n'est pas très intéressante.


La raison principale de pourquoi je pense que cet animé ne se laisse pas assez de temps, c'est qu'il est envahi par des scènes d'actions. Pourtant les scènes d'actions sont je trouve un des éléments les plus réussis de cet animé, elles sont dynamiques, bien animées, bien chorégraphiées. En bref si on les prenait telles quelles, on aurait pas grand chose à en redire. Mais le problème est que ces scènes s'intègrent très mal au reste de l'animé et dans le rythme d'un épisode. On a l'impression que ces scènes sont là parce qu'il faut qu'elles soient là, parce que si le sectateur n'a pas sa dose d'action toutes les 10 minutes il finira par s’ennuyer, on peut presque entendre le staff derrière nous chuchoter "prend on mal en patience, après les dialogues on a deux scènes d’actions qui vont arriver". Sauf que le résultat est que ça fait des scènes certes visuellement impressionnantes, mais sans impact outre mesure, qu’est ce que ça peut me faire que l'ersatz de Spike Spiegel se bat contre un tueur à gage biologiquement modifié que je connais depuis 2 épisodes ? Ce qui est d'autant plus dommage que, je le répète, ces scènes sont vraiment réussies, elles apparaissent néanmoins presque comme un cheveux sur la soupe (sauf que le cheveux a bon goût, donc plutôt un spaghetti dans la soupe ?)


Bon je n'ai fait que parler négativement de cet animé, donc on pourrait croire à la fin de ma critique que c'est une purge irregardable, mais j'irai pas non plus jusque là. L'animé, dans les rares moments où il s'accorde du temps, parvient à mettre en place une atmosphère qui fait la force des animés de Watanabe. Et l'animé est suffisamment bien réalisé pour qu'on ne s'ennuie pas le long de ces 13 épisodes. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu'on est vraiment passé à coté de quelque chose avec Lazarus. Je sais pas à quel point Watanabe était libre de faire ce qu'il voulait ou si il devait répondre à un cahier des charges un peu trop rigide, mais j'espère qu'il ne s'amusera plus à faire des sous Cowboy Bebop pour se consacrer à des projets plus intéressants. Et pour répondre par avance aux personnes pouvant me reprocher que c'est moi qui pousse trop la comparaison avec Cowboy Bebop, et que Lazarus essaye d'être autre chose, je répondrais deux choses. La première chose est que je n'ai aucun problème que Lazarus soit autre chose (j'ai adoré Space Dandy qui est un de mes animés préférés, et on peut pas dire que ce soit très "Cowboy Bebop vibe"), seulement, les points de comparaisons sont tellement évidents, qu'on est obligé de comparer les deux œuvres. Ensuite, ce n'est pas non plus grave que Lazarus s'inspire de Cowboy Bebop, Samurai Champloo avait aussi beaucoup de similarité avec ce dernier. Le problème est plutôt de vouloir singer Cowboy Bebop, sans en comprendre son essence et ce qui fait de ce dernier une réussite.


Pour conclure, Lazarus est loin d'être un mauvais animé, il ne sait simplement pas trop ce qu'il veut être, et souffre de quelques soucis d'écriture, de rythme, et surtout d'identité. Je pense que si Watanabe n'était pas le réalisateur, j'aurais sûrement mis 6 à cet animé, mais le double effet d'une déception accompagné d'un sentiment de gâchis me font descendre à 5. Peut-être qu'avec le temps j'arriverai à mieux voir les qualités propres à cet animé. En attendant, autant reregarder Cowboy Bebop.

Nuipir
5
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le 14 juil. 2025

Critique lue 165 fois

Nuipir

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