Puissance supérieure, mon faible amour
Que dire face à une tel oeuvre? Ce n'est pas qu'un épisode de série, non... C'est une oeuvre à part entière. Une oeuvre étant à mille lieux devant les autres épisodes.
Pour simple rappel : la série le décalogue possède comme but de traiter d'un des dix commandements par épisode, mais jamais la présence de dieu est évoqué de manière directe, à l'exception de ce premier épisode.
Ce premier épisode évoque la beauté et la tristesse, la présence de la religion et son absurdité, sa cruauté sa méchanceté. Et je vous annonce à partir de maintenant que je vais spoiler l'épisode dans sa globalité, car j'éprouve le besoin d'aborder tout ce que je pense à propos de celui-ci, étant donné la grosse claque que je me suis pris dans la gueule. Donc si vous ne l'avez pas encore vu, arrêtez tout de suite de lire et jetez-vous sur ce premier épisode, les autres épisodes de la série sont un peu plus dispensable certes.
"Un seul dieu tu adoreras" commence sur la centralisation du point de vue sur le jeune enfant. Nous découvrons alors un jeune génie, capable de battre une championne d'échec jouant plusieurs parties en même temps, et en en gagnant chacune d'entre elles. Un jeune garçon capable de suivre les cours de maths de son père, professeur de maths à ce que nous pouvons supposer une université. Un jeune garçon capable aussi de créer un programme informatique dont le but est de faire fonctionner plusieurs objets au sein de sa maison.
Mais ce qui est réellement marquant sont ses relations avec son père. Chacune des scènes présentes au début de l'épisode nous permet de rentrer dans la beauté de cette famille composé de ces deux membres. La mère du petit s'étant séparé. Il n'est donc pas à prouver que les dialogues sont magnifiquement bien écrits et les acteurs attachants.
Mais le titre de l'épisode correspond à : "un seul dieu tu adoreras". Nous ne pouvions que prévoir le malheureux événement inévitable qui suivra. Cet événement est ponctué d'indices qui peuvent nous faire deviner ce qui arrivera probablement à la moitié de l'épisode. Des indices voulurent par dieu lui-même comme un encrier se brisant tous seul formant une propagation de l'encre sur la feuille d'exercice du prof de maths tel une hémorragie touchant le dieu qu'adore le scientifique lui-même en dehors celui relatif à la religion traditionnelle que nous connaissons tous : le dieu de la science. Et cet événement nous fera comprendre tout le désespoir du personnage principal dont est à présent centré le point de vue.
Nous pouvons supposer que Kieslowski exprime ici le rapport entre la science et la religion. Par le refus de cette dernière de nous faire avancer. Car Dieu ici, existe, en témoigne son intervention. Mais justement, et si ne voulait-il pas notre bonheur mais notre affaiblissement intellectuel, dans le but de pouvoir nous contrôler d'une meilleur façon? Tel est la question que nous pose l'auteur selon moi.
Allié à une puissance des dialogues, des situations, et de la mise en scène, dont la perte de sens du père se fait ressentir de manière subtile, apprivoisé et juste. Le premier épisode du décalogue devient une oeuvre majeure de la filmographie de Krysztof Kieslowski. Une oeuvre dont je me souviendrais encore longtemps. Une oeuvre nous faisant bein entendu aussi confiance vis à vis d'une possible production télévisuelle de qualité, enfin, un jour, peut-être...