Oscar et Ana
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le 7 nov. 2025
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Du magnifique film d'Ozon, le téléfilm reprend ce dispositif des tableaux de deux, et de ces ellipses qui laissent au temps celui de faire son affaire; qui laissent champ libre aux spectateurs. Mais si Ozon, geste magnifique, allait du déchirement aux vibrionnements qui chantent promesses, les dix épisodes de ce téléfilm empruntent le chemin lui bien convenu de la chronologie, qui n'est pas là celui d'une pente, celui d'une certaine fatalité, mais celui plus commun du rapprochement laborieux: qu'il est difficile d'approcher l'autre, de le rencontrer. Et voeu pieux, de le comprendre.
A ce dispositif, le titre fait programme, les auteurs ajoutent une règle de cadencement: les mêmes quelques heures, à chaque tableau déplacées d'une année. Si l'on pouvait craindre que cette rigidité, dont la belle vertu est de faire avancer l'ouvrage de façon continue sur de longues années, en gadget se transforme en piège, il n'en est rien. Parce que les ellipses, parce que des personnages qui cheminent et vieillissent vraiment (le téléfilm ayant la belle idée de cueillir ses fruits à maturité, de passer outre le désordre et le bouillonnement des jeunes années où rien ne se construit vraiment, tout se fonde, pour initier le récit ces fondations posées), chaque tableau s'offre une liberté de forme, aborde de façon autonome son récit (jusqu'à, lumineuse idée, faire appel aux fantômes pour se soustraire un temps à la contrainte du duo).
De façon naturelle, parce que nous approchons l'unité de lieu et temps, une part belle est donnée à de beaux plans séquence (jusqu'au tableau complet, sans que ça ne fasse jamais démonstration: pas du plan séquence qui cherche la virtuosité, même si là bien celle des acteurs (et, nous le pointerons plus tard, elle est bien là)). De façon naturelle, parce qu'au profit de la durée offerte, la caméra laisse souvent le temps au dialogue de naitre, de s'égarer parfois, et de s'éteindre (le minimum dirons nous, puisque c'est tout de même une des promesses faites par ces produits (téléfilms en plusieurs partie, séries): tirer partie de l'effacement de la contrainte durée propre au cinéma (promesse trahie notons le par la quasi totalité des séries qui devant ce boulevard, quelques contraintes de production, se contentent de faire du remplissage: on ne profite pas de la durée offerte, on produit de la durée)).
Mais à chaque tableau sa tonalité, ses couleurs et leurs pulsations, variations qui s'organisent néanmoins dans un mouvement continu (des teintes chaudes on glisse vers des teintes plus froides). Et si le récit de ce couple fait noyau, il embrasse un champ bien plus vaste (puisque nous sommes les autres), ouvrant la porte à une grande dynamique de récit. Quelques belles petites idées émaillent par ailleurs ce parcours, comme ces couples annexes encadrés, dont la géométrie avec malice est discutée. Comme ces messages enregistrés.
Pour finir, impossible de ne pointer que la réussite de ce projet, parti donc sur de très bonnes bases d'écriture, évidence, reposait tout de même sur un élément fondamental: son casting. Iil fallait que ces deux là, la chimie ait quelque chose à en dire. Pour Normal People, nouveau mètre étalon, les compteurs de mesure radioactive avaient explosé (la série puisant essentiellement sa force dans le rayonnement des deux êtres et leur alchimie à tous révélés supporte d'ailleurs mal le revisionnage; Paul ayant depuis dilué son aura, Daisy s'étant fanée en promesses déchues). Iria et Francesco, parce qu'ils n'ont pas cet éclat démesuré et trivial, font en définitif beaucoup mieux. Car ils ne vampirisent pas le projet. Et pourtant ils s'ont maintes fois magistrales, pour ne pas écrire sublimes (... on la fait).
Il s'agit de télé (petite chose nous dit le cinéma qui regarde de haut. Il faut dire qu'il y règne un beau désordre. Et beaucoup de crasse qu'on ne saura nettoyer). Les téléfilms en plusieurs parties, preuve régulièrement en est faite, peuvent anoblir ce médium. Preuve en est faite encore une fois aujourd'hui.
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il y a 6 jours
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