Comme quoi stalker et harceler sa crush, parfois, ça paye

Cet animé m'aura appris 2 choses, la première est que si on veut arrêter d'être célibataire, la technique la plus optimale reste d'aller harceler sa camarade de classe, lui faire du chantage et des agressions, la suivre jusqu'à chez elle, à son travail, et globalement n'importe où elle va, et que cela est parfaitement acceptable et même romantique. La seconde chose que cet animé m'a appris est que cela ne marche malheureusement que si on est un bg et protagoniste d'un shojo.

Cet animé est mon premier "vrai" shojo (si on enlève la rose de Versailles qui est un peu "hors catégorie"), et mon avis est disons un peu... mitigé. Je n'ai jamais devant une œuvre été aussi frappé par ce simple constat : cet animé n'est pas fait pour moi. Je ne suis pas la cible de cet animé, il est sans aucun doute orienté pour des jeunes adolescentes qui fantasment sur des relations impossibles et (honnêtement) à la limite d'une relation toxique. Face à ce constat, deux réponses sont possibles. La première est d'abandonner toute volonté d'apprécier cet animé, je ne suis pas la cible, donc il n'est pas pour moi, donc ça ne sert à rien que je le regarde car je n'arriverait pas à l'apprécier. La seconde solution, celle que je privilégie, est qu'une bonne œuvre, même si elle ne m'est pas adressé en priorité, a en elle quelque chose de suffisamment universel pour pouvoir me toucher. Il suffit de faire un travail sur mes attentes et d'être ouvert d'esprit pour être touché par une proposition nouvelle. Je me suis dit qu'avec Maid sama ça allait être ce second cas, j'allais petit à petit apprendre à aimer l'animé, déchiffrer les codes du shojo pour apprécier ce nouveau medium et être touché de la même manière que je suis touché par d'autres genres d'animés. Bon, ce n'est pas vraiment ce qu'il s'est passé...

Maid sama raconte l'histoire de Misaki, la présidente du conseil des élèves, et qui a la réputation d'être une présidente tyrannique, avec des penchants assez autoritaires. Vu qu'elle est pauvre, elle travaille à coté comme maid dans un maid café, secret qu'elle garde bien car si cette information était su des autres élèves, son autorité disparaîtrait. Seulement, un camarade de lycée, Usui, a déniché son secret, et comme tout être humain normalement constitué, il va décider de lui faire du chantage, de l'harceler au travail, à l'école, sur le chemin, et globalement à peu près partout où Misaki aura le malheur de se rendre. Relation toxique vous dites ? Mais non pas le moins du monde, car Usui est le bg du lycée, et donc tout acte qui serait moralement (et même parfois légalement) répréhensible devient soudainement parfaitement acceptable voire même romantique.

Maid sama tire indubitablement du coté de la comédie romantique, l'humour est quasiment omniprésent, les situations sont toujours très légères, et pas de drama ou de conflits sentimentaux qui prennent trop de places. L'ambiance qui s'en dégage est alors très "animé 2010", une sorte d'insouciance et de naïveté qu'on retrouve plus trop dans les animés d'aujourd'hui. Rien n'a vraiment trop d'impact dans cet animé, on nous présente des mini arcs scénaristiques qui sont plus des excuses pour mettre nos personnages principaux dans des moments d'embarras et de créer un peu de tension et d’intérêt dans un épisode. Mais c'est peut-être encore ce que j'ai le plus apprécié dans cet animé, cette naïveté qui se dégage au fil des épisodes. On sent vraiment que l'auteure du manga s'est amusé à mettre ses personnages dans des situations volontairement absurde, ce qui rend leur aventure assez fun. Mention spéciale par exemple au mini arc où Misaki et Usui participent à un concours pour être embauché comme majordome organisé par le lycée de riche. Les situations sont variées, le rythme des épisodes est assez rapide, et le coté chibi ajoute une personnalité à cet animé.

Si l'animé s’était limité à une sorte de shojo school life aux situations un peu hors du commun je pense que j'aurais bien mieux apprécié, mais le problème est que cet animé se prend parfois beaucoup trop au premier degré par rapport à ce qu'il nous montre. Et je pense que ce qui l'illustre le mieux ce sont les personnages. Autant je n'ai pas grand chose à dire sur Misaki, qui est un super personnages, une femme forte, indépendante (un peu misandre quand même), et qui est une bonne variation de la "shojo girl" un peu timide qui a l'amour comme seul but dans sa vie. Misaki est une femme qui se bat et qui a envie de réussir et d'améliorer son lycée, et c'est cool d'avoir un personnage comme ça. Usui par contre... je suis plus réservé. Je comprend que ce soit un peu le cliché du "bad boy", qui harcèle notre héroïne mais qui a secrètement un grand cœur. Le problème est que ce cliché est présenté de manière tellement premier degré qu'on n'y croit pas une seule seconde à son personnage. Ce mec n'est pas juste un stalker, c'est le roi du stalkage, le stalkeur ultime. On se croirait parfois dans un épisode de pokémon avec la team Rocket qui se trouve toujours au même endroit que les héros. Ça en devient parfois involontairement comique. Surtout que Usui est un concentré de clichés de bg de shojos fait pour faire fantasmer la lectrice. En tant qu'homme adulte c'est parfois un peu gênant. Je vais pas me répéter sur les agressions ou les comportement qui sont à la limite de l'harcèlement. Mais si c'était montré de manière volontairement absurde, un peu avec l'idée que le personnage de Usui est une parodie, ça pourrait passer. Le problème st que Usui est présenté de manière très premier degré, comme un love interest tout ce qu'il y a de plus sérieux. Ce décalage entre la volonté d'en faire une option sérieuse pour Misaki et les dingueries qui se passent à l'écran, fait qu'on y croit pas à cette relation, on ne croit pas au personnage de Usui, il est trop artificiel, trop lisse pour être un personnage intéressant. Ne reste alors que la frustration de suivre un cliché sur pattes accomplir des actions les plus clichés les unes que les autres.

Un autre truc que j'ai trouvé un peu bizarre avec cet animé est le traitement du personnage de Misaki. D'un coté elle est présenté comme un femme forte et indépendante, mais d'un autre coté elle est complètement victime des agissements de Usui, ce qui fait qu'on ne sait pas trop comment prendre ce personnage. Est ce qu'elle est une victime de Usui, doit-on espérer qu'elle puisse se libérer de cet homme ? Ou doit-on plutôt espérer qu'elle tombe sous son charme dans une sorte de syndrome de Stockholm un peu bizarre ? Là encore le décalage entre la personnalité de Misaki, ce que Usui lui fait subir, et le manque de "punition" que prend Usui, fait qu'on n'y croit pas tellement à cette relation. J'ai vraiment l'impression de me retrouver face à une fanfic où le but était "d'humilier" l'héroïne qui ne peut rien faire contre Usui. Alors oui leur relation avance, Misaki va finir par ressentir de vrais émotions envers Usui, et au bout de 20 épisodes de matraquage de ce couple, on finit en tant que spectateur par l'accepter, mais il y avait sûrement moyen de le faire plus en subtilité...

Un autre point que j'ai trouvé vraiment bizarre dans cet animé est le traitement du travestissement. Autant avec le personnage de Aoi le travestissement est vu à travers lui comme une activité empouvoirant, comme un trait de sa personnalité qui n'est aucunement honteuse et qui est une manière pour lui de s'accomplir sans jugement. C'est quelque chose que je trouve plutôt positif et rien que pour ça Aoi est un personnage que j'aime beaucoup. Mais d'un autre côté, le travestissement est aussi présenté avec un autre personnage comme source de moqueries, comme quelque chose de honteux, d'humiliant, presque de castrateur dans le sens où lui enlève toute virilité (ajoutez au fait qu'on force ce personnage à se travestir, alors que dans le cas de Aoi c’est un choix de sa part). On ne sait pas trop alors quoi penser. L'animé défend-t-il une forme de dépassement des rôles genrées ? Ou à l'inverse ne fait-il que le rejouer ? On peut se le demander, surtout quand on a Usui qui à côté coince Misaki en lui disant "tu vois finalement tu es une femme" (sous entendu, toi qui est si autonome, tu aimes bien être soumise). Peut-être que je surinterprète, mais le propos sur les représentation de genre est vraiment très TRÈS ambivalent.

Bref, est ce que j'ai écris tout un pavé pour me justifier de ne pas avoir aimé un animé qui ne m'est clairement pas destiné ? Peut-être... Mais j'ai quand même ressentie quelque chose de très particulier devant Maid sama , une sorte de sentiment de gène accompagné d'un sentiment de plaisir plus authentique. En fait la gène vient principalement des points problématiques que j'ai soulevé plus hauts, mais qui n’éclipsent pas non plus le coté très "fun" et bon enfant de l'animé. Donc au final on a l'impression de manger un bonbon empoisonné, c'est bon sur le moment, mais ça laisse quand même un arrière goût un peu dérangeant, comme si ce qu'on avait vu posait intrinsèquement problème. Je vais faire une comparaison volontairement outrancière, mais c’est comme aimer un film de propagande, on peut l'aimer pour des critères esthétiques, mais reste quand même en nous le fait que l’œuvre partage des idéaux pas forcément toujours recommandable. Bon après même esthétiquement Maid sama n'est pas non plus le top en terme d'esthétique, c'est au mieux une rom com un peu sympa.

Je ne sais pas trop si cet animé mérite 5 ou 6, je pense rester sur 5, principalement parce que je n'ai vraiment pas été emballé par cette romance que je trouve artificiel au possible, et également parce que je trouve que l'animé aurait pu aller encore plus loin en assumant d’avantage son coté scool life déjanté. Surtout que l'aspect maid est assez vite relégué au second plan. Je n'ai pas passé un mauvais moment devant Maid sama, mais on est loin d'un animé classique ou intemporelle.

Sur ce, je repars stalker ma crush à son travail.