Petit détour en Corse

Le spectateur s’allonge dans son canapé et attend de voir ce que lui réserve cette série remaniée à la sauce française. Et à la fin du premier épisode, l’avis est déjà fixé : copie conforme. Même si certains personnages changent, si leur personnalité n'est pas exactement la même, la série suit le même schéma narratif que sa grande sœur.

Les scénaristes affirment cependant leur plus grande différence dès le début : un personnage de Broadchurch, qui n’est autre que le coupable, est absent de ce remake. D’autres personnages sont cependant ajoutés. Ceux qui ont déjà vu la série originale devinent donc très rapidement le nouveau coupable. Il ne reste plus qu'à chercher le mobile.

La psychologie des personnages reste cependant moins creusée, plus plate. Si elle est disséquée dans Broadchurch, si chaque recoin est observé et exploité par les acteurs, ici on effleure tout juste les personnages, on passe à côté des émotions. Malheureusement, cela est dû aussi au jeu des acteurs. Ces derniers ne semblent pas s’attacher ni s’imprégner de leurs personnages, ils ne peuvent donc pas leur donner complètement vie. Seul le duo des enquêteurs – mené par Simon Abkarian et Constance Dollé – est convaincant. Mais il ne vaut cependant pas celui formé par David Tennant et Olivia Colman.

Malgré ce manque d’émotions, la série reste cependant très agréable à regarder. Les images sont belles, les couleurs et les plans sont biens exploités. Le spectateur se voit alors offrir une série d’une très bonne qualité visuelle. Cela se voit également dans le générique, chose que l’œuvre originale de propose d’ailleurs pas.

Venons-en au plus intéressant : le mobile. C’est probablement ce qu’il y a de plus frappant dans ce remake : l’histoire qui se cache derrière le meurtre est bien plus touchante que celle de Broadchurch. Bien plus noire, bien plus bouleversante, la conclusion de cette série est surement ce qui surpasse l’œuvre à l’origine de cette adaptation. Malheureusement, cela veut dire qu’il faut attendre le huitième épisode pour se réveiller, pour enfin apprécier. C’est à ce moment-là que la série révèle son originalité. Elle aurait alors pu, sur une saison 2, se démarquer encore plus en devenant une œuvre complètement originale. Elle aurait pu, oui, si elle n’avait pas été annulée à l’issue de la saison 1, malgré une bonne audience. Le remake était en effet prévu pour ne s’étendre que sur une seule saison. Le bonheur est donc de courte durée.

Si vous avez déjà vu Broadchurch et que vous souhaitez regarder Malaterra, allez-y, mais accrochez-vous : le dernier épisode en vaut la peine, encore faut-il arriver jusque-là. Ceux qui n’ont vu aucune des deux séries, passez directement à l’œuvre britannique. Enfin, ceux qui ont vu Malaterra et qui n’ont pas encore vu Broadhcurch, foncez : ce sera la même chose, mais en mieux !

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