D'après la définition du CCNE, (le Comité consultatif national d’éthique), l’euthanasie est l’acte destiné à mettre délibérément fin à la vie d’une personne atteinte d’une maladie grave et incurable, à sa demande, afin de faire cesser une situation qu’elle juge insupportable. Le suicide assisté, ou l’aide au suicide, est l’acte de fournir un environnement et des moyens nécessaires à une personne pour qu’elle se suicide. Le médecin prescrit la substance létale, puis la personne se l’administre elle-même. Ainsi, la principale différence entre euthanasie et suicide assisté réside dans l’implication des soignants. Dans le cas de l’euthanasie, l’acte létal (qui va entraîner la mort) est effectuée par le corps médical. Dans le cas d’un suicide assisté, c’est le malade qui effectue l’acte provoquant sa mort. Le corps médical ne fournit qu’une assistance.
Mary Kills People est le remake de las série canadienne produite à la fin des années 2010. C'est un drama médico/policier qui aborde le sujet délicat de l'euthanasie. Dans un pays où le droit à être soigner dans la dignité est relégué au second plan si vous n’avez pas d’argent, de plus en plus de personnes meurent à petit feu, dans l’isolement, la souffrance, mais surtout dans l’indifférence générale. D'après un sondage récent, 80 % des adultes sud-coréens seraient favorables à l’euthanasie. Sur le papier et les cas traités, on pouvait espérer du bon, sans prendre parti. Mais le gros problème de la série tient d'une part à la structure narrative, complètement loupée, mais surtout au casting : désolé de le dire mais Lee Bo-Young et Lee Min-Ki sont mauvais, même si ce n'est pas entièrement de leur faute.
Woo So-Jeong(Lee Bo-Young) est médecin urgentiste à l'hôpital. Bien que cela soit illégal, elle pratique l'euthanasie auprès de patients en phase terminale souffrant de douleurs et qui ne veulent pas ou plus de soins palliatifs. Elle collabore avec Choi Dae-Hyun(Kang Ki-Young), un médecin rayé de l'ordre car il a fait de la prison pour usage de stupéfiants. So-Jeong va être amené à faire la rencontre de Ban Ji-Hoon(Lee Min-Ki), un malade en phase terminale qui est en réalité un flic "undercover". Celui fait parti d'une team des stups qui a monté une souricière pour la piéger, elle et le trafiquant de drogue qui procure illégalement le produit qui permet de pratiquer l'euthanasie hors du champ médical. Tout en continuant ses activités illégales qui risquent de la mener en prison, So-Jeong, alias Mary, (qui est son nom de baptême catholique) devra slalomer entre la police et le chef du cartel qui veut l'utiliser en la faisant chanter pour ses propres besoins.
L'entrée en matière est plutôt bonne, notamment durant les 3 premiers épisodes, qui ne sombrent jamais dans le misérabilisme. Il est à noter que les 2 médecins ne font jamais çà dans un but mercantile, mais totalement altruiste et dans l'unique but d'abréger une souffrance insupportable et dont l'issue est la mort inéluctable dans les jours u semaines à venir. Si Ji-Hoon en est venue là, c'est parce qu'il y a quelques années à l'hôpital, elle a assisté à la tentative d'une mère désespérée, de mettre fin à l'agonie de sa fille en l'étouffant. Pour elle la souffrance sans espoir n'a aucun sens, c'est aussi pourquoi elle a renié sa croyance en Dieu. Vous l'avez compris, nous sommes dans un drame médical qui jour avec force la carte de l'empathie et de l'émotionnel. Durant de nombreuses séquences, la notion d'acharnement thérapeutique sera évoquée, même si je trouve que c'est de manière édulcorée. Travaillant aussi auprès d'un dispensaire catholique dont elle a toujours été rattachée, So-Jeong sera tiraillée entre ce qu'elle estime être son devoir, (même si elle brise le serment d'Hippocrate) et l 'Eglise par l'intermédiaire du prêtre interprété par le toujours impeccable Kwon Hae-Hyo.
Je pensais naïvement que la majeure partie du drama tournerait plus autour de la thématique de l'euthanasie, pour faire soulever un débat et faire réfléchir; mais le problème c'est que très vite et de manière très maladroite, la partie polar va prendre le dessus. Et à partir de là, on va jouer au jeu du chat et de la souris entre d'une part les flics qui veulent prendre en flag So-Jeong et Dae-Hyun, et de l'autre le caïd de la drogue qui les tient sous sa main. La partie émotion et réflexion s'éloigne peu à peu et il ne reste plus qu'un substrat vide de sens. Le postulat de départ s'envole et même si des cas d'euthanasie vont encore être évoqués, on a déjà perdu le fil. Pire, on se fout totalement de ce qui peut arriver à So-Jeong, toute l'attention se portant sur le personnage de Dae-Hyun, beaucoup plus humain et réfléchi, et qui se sacrifiera pour la sauver de la prison. Car So-Jeong s'avérera être au final lâche et surtout irresponsable, parce qu'elle a la charge de sa nièce et de son neveu qu'elle fait passer après sa "mission". Le scénario va s'embourber totalement dès le 6e épisode. On aura droit à des séquences surréalistes qui n'ont rien à voir avec le sujet:
Il y aura une seule scène d’action où 12 mecs armés de bâtons vont se faire latter par 3 flics. Ou encore mieux niveau n'importe quoi: suite à l'euthanasie de son mari, une femme se suicide en se jetant du balcon du 8e étage. Croyez le ou pas, non seulement elle va survivre, mais avec des blessures minimes. je dis stop à la connerie.
Pendant plusieurs épisodes Lee Min-Ki sera partiellement absent de l'écran, vu qu'il n'a aucun impact sur le déroulement des opérations et que sa relation avec So-Jeong repose sur du vide. Mais c'est quelqu'un d'humain qui essayera quand même de la protéger, contrairement à ses collègues qui ne voient basiquement en elle qu'une vulgaire assassin. Plusieurs fois j'ai eu envie d'abandonner la série parce qu'elle devenait trop poussive et ne racontait plus rien d'intéressant. Le pire étant que Lee Bo-Young n'est absolument pas crédible dans le rôle de cette médecin donnant la mort en guise de délivrance. Kang Ki-Young la met en PLS rapidement, c'est pour dire. Il y a quelques fulgurances, mais c'est beaucoup trop fade au final. Il n'y a pas vraiment de suspense parce que le scénario n'est pas abouti. La série se termine lors du 11 ème épisode, le dernier intervenant après une éclipse de 3 ans et qui avait mené à la conclusion de l'enquête dont je ne divulgâcherai rien. En ramenant un personnage qu'on avait entre aperçu durant le drama et lié aussi au trafic de drogue, notre "Mary" va elle définitivement stopper son activité illégale, finir en prison ou être tuée?
Alors loin de moi de vous donner l'impression que Mary Kills People version coréenne est un naufrage total, mais force est de constater qu'il passe en partie à coté du sujet. Les personnages sont écrits de manière stéréotypés, ne dégagent rien pour la plupart, les bons comme les mauvais. C'est trop aseptisée parce que ça manque d'enjeux. Et ce ne sont pas les séquences larmoyantes et touchantes des malades qui parviennent à sauver l'ensemble. Quid de la problématique de l'euthanasie, d'une meilleure prise en charge des malades en phase terminale et qui sont opposés à l'acharnement thérapeutique, de l'avis des médecins et du personnel soignant qui sont devant un dilemme? Je ne dis pas que le drama devait apporter des réponses toute faites, mais au moins faire avancer le débat. En fait la série n'a pas eu les moyens de ses ambitions. A notre que si une majorité de coréens sont pour l'euthanasie comme je l'ai dit, ils ont massivement boycotté la série sur MBC (un gros network), passant de plus de 3% à 1% pour le final.
PS: si quelqu'un a vu la version originale canadienne, ça serait sympa de montrer les différences d'approche sur le sujet.
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