Quelques bons points : Mercredi, Enid, un casting soigné, une ambiance visuelle et musicale très agréable, ainsi qu'un bon usage des références... mais ça ne va pas plus loin.
Mercredi souffre beaucoup de la comparaison avec Les Nouvelles Aventures de Sabrina, surfant un peu sur la vague de la réinterprétation sombre et moderne d'un classique de la télévision américaine, mais elle ne parvient pas à tirer son épingle du jeu. Série adolescente assumée, elle se perd parfois dans les thématiques traditionnelles de la série ado qui font ici peu sens, qu'il s'agisse de la relation houleuse entre Mercredi et sa mère (jamais vraiment expliquée) ou l'opposition entre l'héroïne marginale et les têtes d'affiche de son lycée (avec qui elle semble se lier d'un coup d'amitié, si je puis dire, quelque part vers le milieu de saison sans raison). L'exemple qui me paraît le plus évident est l'ineffable triangle amoureux entre Mercredi, Tyler et Xavier qui alourdit le rythme des épisodes tant il paraît forcé ; Mercredi ne montre aucun intérêt pour l'un ou l'autre durant la majeure partie de la série, mais les deux garçons semblent inexplicablement persuadés qu'il se passe quelque chose entre elle et eux. On se serait volontiers passé de ce passage tant leurs relations sont superficielles et peu approfondies, d'autant plus que Mercredi n'est pas une héroïne qui se prête volontiers au jeu de la romance.
L'intrigue en elle-même laisse à désirer. La subtilité n'est pas au rendez-vous et on devine assez facilement le noeud du mystère entourant cette première saison, et ce assez tôt dans la série. Dans un souci de compréhension, les scénaristes en dévoilent trop alors que bien des informations, même secondaires, gagneraient à être laissées à l'interprétation du public.
Lorsque la directrice de l'école se rappelle son propre Corbal en indiquant à Miss Thornhill que le garçon avec qui elle devait s'y rendre l'a laissée tomber pour une autre, les scénaristes se croient obliger d'ajouter "Et cette autre fille s'appelait Morticia Frump" alors qu'il est évident depuis le début de la série qu'une tension existe entre les deux ex-colocataires, tension exacerbée dans l'épisode précédent par la scène où Larissa arrache la photo de Morticia de l'album de l'école. Ce n'était pas nécessaire, vraiment. L'information n'a pas d'impact sur le reste de la série, ceux qui n'auraient pas compris l'allusion ne perdent rien à la compréhension de l'intrigue, ceux qui ont compris seront juste exaspérés qu'on enfonce des portes ouvertes.
Enfin, la série part dans des directions tellement farfelues qu'elle ne sait plus comment s'en sortir sans recourir au deus ex machina. C'est le gros point négatif de cette saison car on prive le spectateur de véritables enjeux puisque les personnages ne craignent rien tant les scénaristes sont prêts à n'importe quoi pour les sortir de situations inextricables.
Malgré tout ces points, la série se laisse regarder et on s'attache volontiers au duo formé par Mercredi et Enid, sa colocataire, qui est un excellent personnage, si ce n'est le meilleur de la série. Là où on pouvait craindre que Jenna Ortega ne souffre de la comparaison avec Christina Ricci, l'actrice sort admirablement bien son épingle du jeu et offre une interprétation très réussie de son personnage. On prend par ailleurs plaisir à retrouver sa prédécesseure sous les traits de Miss Thornhill, professeur de botanique. On saluera également le casting des membres de la famille Addams, très fidèle aux dessins originels.