Mildred Pierce par Babalou
Je m'attendais à une série sur les difficultés que peut rencontrer une femme qui divorce et qui se met à travailler en élevant ses enfants lors de la Grande Dépression.
En fin de compte, c'est plutôt le sujet des deux premiers épisodes, mais ce qui m'a surtout bluffée, c'est la relation mère-fille, Mildred-Veda. On voit qu'elle est conflictuelle dès le départ, que la fille est un petit tyran, capricieuse et méchante, mais avec de soudains accès de douceur qui déconcertent quant à son caractère. Mildred est déjà en demande de l'approbation de sa fille de 11 ans, elle cherche en permanence à ne pas la décevoir, elle se soumet à ses exigences. Puis le twist, la mort de Ray, l'unique qui pouvait apporter de la bonté et de la joie dans leur relation, la seule qui pouvait tourner sa soeur vers le bien (et encore). Mère et fille se retrouvent seules dans un tête-à-tête que Veda va s's'entêter à remplir de haine.
Lors de l'épisode 4 et 5, où on la découvre à 20 ans, elle est splendide. Evan Rachel Wood la joue à merveille, c'est un serpent, un poison. On découvre avec horreur et fascination cet être torturé, qui ne sait pas ce qu'il veut, qui déteste sa mère et s'acharne à la détruire. Veda est intelligente, très intelligente, et c'est ce qui fait peur dans son personnage. Elle fait mal, très mal, et la scène de la chambre la présente comme l'incarnation du Mal (et de la folie, aussi).
L'opposition entre les deux personnages féminins est intéressante : Mildred, plus généreuse physiquement, plus douce, confiante, travailleuse, intelligente mais pas trop, contente de ce qu'elle a ; Veda, oisive, méchante, humiliante, scandaleusement belle, manipulatrice. Et l'ironie du sort qui lui donne la Beauté (sa voix) quand Mildred travaille de ses mains pour nourrir sa famille.
C'était le plus intéressant dans cette courte série d'une grande qualité, pleine de sobriété et d'émotion. J'ai eu un peu de mal à comprendre les relations de Mildred avec les hommes, surtout avec Monty. Il y a quelques longueurs également, notamment dans l'épisode 4 et 5. Mais sinon, c'est un bon aperçu de la société et du rêve américain à une époque troublée, servi par de très bons acteurs.