Misaeng
8
Misaeng

Drama tvN (2014)

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Attention à l'affiche qui est un prank, c'est tout le contraire d'une comédie. Misaeng est une satire d'une l'entreprise sud coréenne de moyenne envergure, mais qui pourrait s'appliquer par extension à l'ensemble des sociétés capitalistes. Bien entendu, en Asie, il a des règles, des protocoles et des usages qui différent de chez nous, mais les résultats qui en découlent sont souvent les mêmes. Alors certes, ce drama a plus d'une décennie au moment où j'écris cette critique, et il y a eu des évolutions au sein de l'entreprise, et des situations qui sont décrites ici ne pourraient plus se concevoir aujourd'hui, notamment le harcèlement moral ou sexuel, la crise sociale et économique étant passée par là. Attention, ces phénomènes n'ont pas totalement disparus, mais des lois récentes ont été votées en Corée du sud pour lutter contre toute forme de discrimination, et notamment celles qui sont dénoncées ici.


Jang Geu-Rae(Yim Si-Wan) était promis à devenir un jour de Go (baduk en coréen) professionnel depuis son enfance, mais il n'a pas réussi à atteindre ce but. Sans diplômes ni qualifications, il est désormais propulsé dans le monde réel. Sur la recommandation d'une connaissance, Geu-Rae va commencer à travailler comme stagiaire pour la société commerciale One International. Sous la tutelle de son chef de service Oh Sang-Sik(Lee Sung-Min), un homme juste, droit, exigeant et vertueux, chose assez rare dans le milieu des affaires et du commerce, il va faire son apprentissage. Celui-ci va devenir la figure paternaliste et morale de Geu-Rae, qui justement a perdu son père récemment. Aidé par Kim Dong-Sik(Kim Dae-Myung), un employé du même service de ventes, il devra rapidement faire ses preuves, étant de plus, le seul employé ne sachant parler aucune langue étrangère. Il pourra aussi compter sur ses nouveaux amis stagiaires de "galère" employés dans d'autres services, même si attention la jalousie n'est jamais loin dans ce monde de compétition féroce.


Geu-Rae va s'avérer être un employé modèle, travailleur, docile et perfectionniste, mais manquant d'une totale confiance en lui et partant avec des handicaps, lui qui n'avait jamais travaillé avant. Les autres employés n'hésitent pas à le rabaisser et le bizuter au début, comme ses autres collègues stagiaires. Tous les aspects négatifs et travers que l'on peut trouver au sein d'une grande entreprise vont être étalés avec plus ou moins de raccourcis et poncifs qu'on pouvait s'attendre à voir: les luttes internes pour le pouvoir hiérarchique, les subalternes traités comme des moins que rien, soumis et malléables à souhaits, surtout lorsqu'ils ne sont pas encore titularisés.


On dénoncera aussi l'environnement "macho" dans lequel les femmes travaillent, subissant au mieux du harcèlement moral, ou aux pire du harcèlement sexuel. Car vous l'aurez compris, et ceux qui ont déjà bossé dans des moyennes ou grandes entreprises privés (dont moi), on a tous connus de près ou de loin tout ce qui est décrit dans Misaeng, avec de petits chefs imbus de leur personne, mais qui sont parfois cons et incompétents. Sans compter sur les lèches bottes prêts à faire un coup de Trafalgar à la moindre occasion. Geu-Rae devra faire preuve d'abnégation et surmonter tous les obstacles qui se dressent devant lui, pour s'affirmer et montrer à ses chefs que l'entreprise à besoin de lui. La compétition, le stress, le respect, les sacrifices, le dévouement jusqu’à m’excès, tous ses éléments vont lui rappeler ce qui a fait de lui un excellent joueur de jeu de Go. Ce drama peut se voir comme une introspection et une étude psychologique au sein du monde de l'entreprise par l'intermédiaire de Geu-Rae ou de ses 3 collègues d'infortune, dont on relaie aussi les problèmes dans leurs relations avec leurs collègues.


Mais Misaeng a les défauts de ses qualités, je m'explique. A force de détailler tout, on en fait trop et l'histoire a tendance à ses perdre dans des détails et considérations inutiles, qui en deviennent parfois chiantes et barbantes. Car il va falloir s'enfiler 20 épisodes d'une moyenne de1h15, c'est beaucoup, beaucoup trop long. Il y a des histoires dont on se fou royalement car certaines sont trop techniques pour nous faire garder le fil, c'est parfois soporifique. Ca manque de moments plus légers pour décompresser de cette "lourdeur". La réalisation est bonne, mais elle a mal vieillie, surtout que l'action se déroulant à 90% au même endroit, elle peut en devenir oppressante et pesante. Egoïstement j'ai espéré le début d'une amourette qui n'est jamais venue. Ici c'est boulot, boulot, boulot. Mais vers la fin, on va avoir de réels moments d'émotions.


Yim Si-Wan et Lee Sung portent à eux seuls cette série de main de maitre, bien entourés de seconds rôles qui apportent leur propre personnalité et qualités. Non seulement Misaeng fait réfléchir sur les conditions de travail et les luttes intestines au sein des grosses entreprises, mais c'est aussi une manière de se repenser qu'en tant que salarié. Jusqu'où est-on prêt à aller dans le travail pour d'une part satisfaire son employeur, mais aussi se satisfaire à soi même? Ici on a pas la prétention de refaire le monde, parce que la société capitaliste est avant tout un monde de concurrence impitoyable, qu'on soit d'accord ou pas. Mais on se veut quand même optimiste, et si le drama est souvent dur, suivant une trame dramatique avec une ambiance quelque peu intimiste, la conclusion qu'on voyait arrivait de loin est quand même sympathique et plus revigorante. L'espoir fait vivre comme dirait l'autre.


Main Theme : Lee Seung-yeol - Fly

Additionnel OST : Playlist

Kim-Kaphwan
7
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Créée

le 23 mars 2025

Modifiée

le 23 mars 2025

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