le 14 nov. 2025
Critique de Miss Austen par Ellay
Les lettres de la romancière Jane Austen sont bien connues par la postérité pour... leur absence. En effet, sa sœur Cassandra Austen, quinze ans après la mort de Jane en 1815, brûle la très grande...
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Les lettres de la romancière Jane Austen sont bien connues par la postérité pour... leur absence. En effet, sa sœur Cassandra Austen, quinze ans après la mort de Jane en 1815, brûle la très grande majorité de sa correspondance, pour le plus grand malheur des biographes curieux et le plus grand bonheur de Jane Austen et de ceux en ce monde qui trouvent encore du sens dans le mot "vie privée". La série Miss Austen, adaptation du livre de Gill Hornby sorti en 2019, retrace, mêlant un peu de réalité et beaucoup de fiction, la découverte de ces lettres par Cassandra Austen, alors qu'elle aide au déménagement d'Isabella Fowle dont le père vient de mourir, de la demeure où vivait également une certaine Elizabeth Fowle qui était une des meilleures amies de Jane Austen et la destinataire d'une grande part de sa correspondance.
Force est de reconnaître que la construction scénaristique est originale et habile : les moments de lecture et de remémoration du passé des sœurs Austen alternent avec les moments du présent qui n'est pas exempt lui non plus d'événements, se répondant et faisant écho les uns les autres. Le bémol, c'est qu'une fois passée cette bonne surprise, le mécanisme s'essouffle un peu au cours de la série, devant s'en remettre au seul intérêt de l'intrigue, bien qu'il reprenne de la force sur la fin.
Ce contraste entre la mort de Jane Austen, profondément triste et émouvante, représentant la fin d'un cycle, et la résolution de l'impasse dans laquelle étaient Dr Lidderdale et Isabella, heureuse, et représentant le début d'un nouveau cycle, les deux se passant au même moment grâce à cet effet de superposition, fait vraiment mouche. Mais il fera pas oublier qu'on s'ennuie par exemple pendant les tribulations de Cassandra dans le village avec Beth puis la maladie qu'elle attrape qui sert peu le scénario par exemple.
Miss Austen a le mérite de donner de la profondeur à la figure de Cassandra Austen : on y voit sa dévotion pour sa sœur, sa liberté d'esprit, son sens du devoir et sa bienfaisance. C'est surtout qu'en proie à des tourments internes comme au difficultés extérieures, elle prend des décisions qui font sens. Et ainsi, sa personnalité fait selon moi une bonne partie de l'intérêt de la série. Malheureusement, dans ce mouvement de mettre la lumière sur elle, j'ai la sensation que la série aplatit en même temps le personnage de Jane Austen. Cette dernière semble souvent cantonnée à la caricature de l'esprit vivace, qui dit ce qu'il pense et qui ne saisit que trop bien ce qui se passe dans la tête des humains. Si le portrait fait d'elle est élogieux, il manque de développement et de profondeur.
Un autre défaut est la multiplication des scènes inutiles dans le scénario. Je pense que ce sont des élément développés dans le livre de Hornby (mais ne l'ayant pas lu, ce n'est qu'une supposition de ma part), mais l'adaptation comporte des séquences qui me paraissent ne mener à rien.
Je pense par exemple au moment où Jane Austen accepte une demande en mariage de Harris Bigg-Wither pour la refuser le lendemain. Quel intérêt dans le déroulé de la série ? Si l'événement a apparemment bien eu lieu dans la réalité, ce n'est ici qu'une parenthèse qui n'apporte rien.
Concernant le jeu, c'est plutôt hétérogène. Keeley Hawes et Synnøve Karlsen font une partition de très grande qualité en tant que Cassandra Austen (respectivement celle de 1830 et celle jeune pendant la vie de Jane). On regrettera cependant les performances trop scolaires d'Alfred Enoch (Dr Lidderdale) et de Liv Hill (Mary Austen jeune), singeant d'une façon qui m'a semblé un peu caricaturale les manières orales du siècle. La plupart font une prestation réussie, sans grand relief.
Pour conclure, la série Miss Austen est agréable à regarder, comportant des bonnes idées de réalisation, malheureusement un peu schématiques. Elle a une certaine force scénaristique, mais le potentiel est un peu tronqué par les défauts cités plus haut. En bref, c'est une série avec des qualités et des défauts. Franchement dispensable, mais les inconditionnels d'Austen, dont je fais peut-être un peu partie, y trouveront toutefois leur bonheur.
Créée
le 14 nov. 2025
Critique lue 24 fois
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