La guerre n'est pas leur jeu

Gundam revisité avec le point de vue d'un gamin, est ce que ça vous emballe? Peut être pas forcément à priori s'il faut craindre en conséquence une série plus enfantine et enjouée et c'est justement le contraste que War In the Pocket va s'évertuer à mettre en place d'entrée de jeu : entre une introduction sanglante qui ne laisse planer aucun doute sur la tonalité globale de l’œuvre à venir et un récit pourtant exalté d'un jeune garçon en quête d'aventures qui n'hésite pas à convoyer dans ses tonalités musicales et sa mise en scène les nombreux films des années 80 illustrant une bande de gosses complices se retrouvant embarqués dans une formidable épopée. Malheureusement, dans le cas présent, c'est exactement le piège qui se referme sur le pauvre héros infortuné se retrouvant embrigadé dans un conflit à grande échelle dont il ne prend conscience que trop tardivement de l'horreur véritable.

A bien des égards, War in the Pocket est presque une réflexion frontale sur l'héritage contrasté de Gundam dans l'imaginaire nippon : une franchise qui n'a jamais cachée sa volonté de dépeindre une guerre galactique dans sa dureté psychologique et son effondrement des valeurs mais qui doit pourtant aussi sa notoriété à ses robots jouets aux designs alléchants; un paradoxe directement exprimé dans le cadre de plusieurs dialogues où des gamins attendent avec impatience le prochain conflit pour se délecter du spectacle tandis que le héros, lui, en a déjà vu bien assez. La plus grande qualité de War in the Pocket dans le vaste paysage des productions Gundam est certainement son scénario très bien ficelé et qui sait également faire preuve de sobriété quand c'est nécessaire : pas d'enjeux psychédéliques avec les NewTypes, de figures emblématiques du conflit en cours ou même d'affrontements de masse, le récit reste intimiste en s'intéressant dès le départ à des soldats aisément sacrifiables sur l'échiquier du Siècle Universel et très efficacement caractérisés en une poignée d'images.

Je regrette seulement pour ma part que la réalisation ne soit pas forcément à la hauteur de l'excellence de son récit; l'animation se situe dans la moyenne haute de la série mais sans s'en démarquer nettement hormis une violence bien plus explicite (et il est également amusant de constater que Gundam glisse doucement vers l'esthétique des années 90). De même, je trouve personnellement que le dernier épisode ne parvient pas à sublimer l'impact émotionnel de son dénouement; même si l'écriture, elle, demeure pertinente (et désabusée) jusqu'à sa dernière réplique.

Il est en tout cas amusant de constater qu'après les pitreries temporaires de ZZ Gundam et l'arrogance créative un peu trop prononcée de Char Contre Attaque, Gundam avait véritablement retrouvé sa maturité de ton en posant son regard à hauteur de bambin.