C'est pas si simple.

Tout pourrait se terminer rapidement si le bon choix était fait.

Mais comment faire quand on ne sait plus quel est le bon choix à faire ? Quand on perd de vue le bien / le mal, que la frontière entre la normalité et l'inacceptable devient flou ?

J'ai été touché par cette série, pour l'ambivalence qu'elle propose. Ni tant dénonciatrice - si ce n'est peut être de l'inefficacité de la police quand il s'agit de harcèlement - ni trop justicière. Mais alors dans quel but ? Pour nous mener où ? Ai-je pu lire dans d'autres critiques.

Nulle part, si ce n'est dans la réalité intime et profondément paradoxale de la vie émotionnelle de quelqu'un.

Pour moi cette série se veut authentique, retraçant le parcours de combattant d'une personne - en l'occurence le réalisateur et acteur principal - pour sa propre dignité, je dirais même, sa légitimité à vivre. Suis-je quelqu'un de bien ? Comment l'être davantage ?

Ce qu'il en ressort une fois visionnée complètement, ce n'est ni de l'animosité pour "les méchants", ni de la pitié pour le "gentil". Pas de manichéisme facile, ça c'est appréciable !

On termine la série en ressentant une sorte de confusion, parce qu'on sait que même si le combat officiel est terminé, que la justice a donné son verdict, Donny lui, n'a visiblement toujours pas terminé son combat intérieur. Son coeur est lourd, et le notre aussi.

D'ailleurs il se débat jusqu'à la fin avec sa culpabilité, et c'est pour ça qu'il retourne voir son agresseur. Parce que l'adulte espère enfin défendre la part en lui qui s'est faite abusée. Dernier acte d'un jeu d'échec. Mais une fois face au monstre du placard, l'adulte n'existe plus, car l'émotion de la peur prend toute la place et c'est comme un enfant, qu'il retombe dans le même piège... Quand celui qu'on aime et admire est celui qui nous fait mal, mais pas suffisamment mal pour qu'on reste encore. Honteux d'en redemander encore parce que rien n'avoir serait pire.

D'ou le fait qu'il reparte en écoutant les "compliments" que Martha lui laissait. Pour tenter de relever son égo piétiné par sa piètre tentative échouée de s'auto-rendre justice.

Et lorsqu'il apprend enfin LE "pourquoi", pourquoi LUI, petit renne, petite chose fragile, innocente et bonne, indispensable à la vie d'une femme fragile mentalement, il s'effondre en larmes. Mérite-t-il ces éloges, maintenant que celle qui les a prononcé est en prison par sa faute ? Quand celle qui par son harcèlement, l'aidait à se sentir vivant, n'est plus là pour le faire exister ?

Tantôt bourreau, tantôt victime, tantôt sauveur, le parcours de Donny est sinueux et courageux.

Elle est longue, la route vers la légitimité, il est long, le combat contre la culpabilité.

Être soi, ni totalement bon, ni totalement mauvais. Et continuer sa route.