Nouvel anime ambitieux pour Wit Studio, qui a le mérite de partir d'une idée originale du scénariste des suites de Psycho-Pass, et profite de la mise en scène experte d'un des réalisateurs de L'Attaque des Titans. Située dans le futur, alors qu'une partie de l'humanité vit sur la Lune, l'intrigue nous met directement au cœur d'un conflit entre les deux astres ; le peuple habitant ce satellite naturel revendiquant désormais son identité à grand renfort d'actes terroristes et de révoltes. La guerre civile éclate dans l'espace, et on y suit un protagoniste insouciant mais bienveillant, propulsé au centre des affrontements. Ce futur a vu le développement d'une nanotechnologie toute puissante qui augmente les capacités, permet d'altérer la matière, et donne lieu à des affrontements en anti-gravité, avec quelques robots et diverses IA de temps à autres.
L'univers de l'anime est très vaste et quelque peu imbuvable au premier abord tant les persos et factions présentés se multiplient en à peine trois épisodes. L'autre écueil du démarrage, ce sont ces allers-retours chronologiques incessants qui ne font que créer de la confusion, sans raison. La linéarité aurait été plus judicieuse, surtout que l'histoire (une fois saisie) se révèle intéressante. L'anime est bien moins formel et cheap que ce que les trailers présageaient (l'effet pétard mouillé de Ninja Kamui), même s'il reste fragile face à ses ambitions. On peut y voir des similitudes à Heavenly Delusion, en particulier pour toute la trame de passif en laboratoire, expériences génétiques et organismes en résonance dont notre protagoniste hérite, à la fois victime de cette machination eugénique et pierre angulaire du conflit stellaire. C'est surtout vers les épisodes 5-6 que l'ambiance devient prenante, aidée par une animation bien fournie.
On apprécie le trait essentiellement 2D, même si la charte graphique n'a pas vraiment de parti pris visuel et se contente d'une esthétique colorée classique. On remarque que l’environnement SF (notamment les technos futuristes et spatiales) bénéficie d'une approche plus poussée. Lors des séquences d'actions, les mouvements sont ainsi augmentés et font usage de gadgets originaux pour rendre cela plus attrayant. En revanche, les nombreux effets visuels alourdissent souvent les plans, et la lisibilité. Côté chara-design, on retrouve Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist) et les personnages bénéficient d'un trait vraiment chouette qui les rend aussitôt sympathiques.
L'intrigue est plutôt sérieuse et évite les habituels comic relief et fan service, préférant développer une fibre sombre oldchool, tant dans l'ambiance que la mise en scène. Toutefois, les 18 épisodes ne sont pas justifiés puisque l'on constate du remplissage, ainsi que des durées variables (30min au début, à peine 20min au milieu). L'histoire se complique plus que nécessaire en mêlant diverses trames : guerre civile, complot d'IA, eugénisme, super-technologie, pouvoirs... Cela alourdit le visionnage et repousse un climax scénaristique qui arrive sur le tard (épisode 17) pour vraiment assimiler toutes ses conséquences. La résolution est alors expéditive et témoigne d'une production qui a manqué de cadrage et concision, en dépit d'un potentiel avéré et parfois habilement traduit à l'écran.