Retour en 1987 ?
La voiture à remonter le temps de My Perfect Stranger n’a rien de la Delorean de Retour vers le futur. Pas de comédie légère ici : le traitement narratif est résolument coréen, ancré dans le...
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La voiture à remonter le temps de My Perfect Stranger n’a rien de la Delorean de Retour vers le futur. Pas de comédie légère ici : le traitement narratif est résolument coréen, ancré dans le mélodrame familial. Voyager dans le passé, c’est revisiter la mémoire, confronter les choix des parents et accepter de voir leur histoire autrement.
Nous sommes en 2021. Yoon Hae-joon, journaliste rationnel, découvre un véhicule qui permet de voyager dans le temps. Lors d’un saut dans le futur, en 2037, il lit sa propre nécrologie : il serait mort en 2022, victime d’un meurtrier déjà actif en 1987 dans la petite ville de Woojeong. Décidé à changer son destin, il choisit de retourner en 1987. Mais, sur la route, il percute Baek Yoon-yeong (Jin Ki-joo), une jeune femme frustrée de ne pas avoir réalisé son rêve d’écrivaine, harassée par son travail et en conflit avec sa mère qu’elle vient de perdre. La collision est autant physique que symbolique : tous deux se retrouvent coincés en 1987.
Ce n’est pas un hasard total : la mère de Yoon-yeong vivait alors à Woojeong, tout comme celle de Hae-joon. Leurs histoires respectives les ramènent donc dans cette même ville où se joue leur destin.
Lui veut élucider une série de meurtres et modifier son avenir, elle veut sauver sa mère et comprendre ses parents. Leurs objectifs paraissent indépendants, mais ils finissent par s’entrelacer. Peu à peu, ils deviennent alliés, chacun avançant sur le chemin de l’autre. Regrets, volonté de changer le passé et poids des secrets sont intimement liés. Aucune décision n’est isolée. Les choix des personnages prennent sens dans le contexte de 1987, marqué par la pression sociale, la dictature en fin de course, mais aussi les normes de genre et les contraintes familiales. On ne juge pas le passé avec les yeux du présent : comprendre ses parents, c’est aussi comprendre le monde dans lequel ils vivaient.
Derrière l’enquête et le voyage temporel, chaque personnage porte sa part de silences, de non-dits et de blessures enfouies, au risque de s’y perdre parfois. Mais c’est surtout à travers la figure de la mère de Hae-joon que ce thème prend toute son ampleur. Elle illustre combien les secrets finissent par façonner des destins entiers. La série rappelle ainsi que l’on ne répare pas le passé en l’effaçant : il faut affronter ces vérités cachées pour comprendre, pardonner et avancer.
Si Yoon-yeong veut d’abord corriger le passé pour sauver sa mère, elle réalise progressivement que la véritable clé est ailleurs : comprendre cette mère dans toute son altérité, avec ses fragilités, son époque et son humanité. Ici, l’amour filial est une reconnaissance. On retrouve là une valeur profondément ancrée dans la culture asiatique : accepter ses parents tels qu’ils sont, et non tels qu’on les rêverait.
La romance entre les deux protagonistes reste pudique, parfois trop. Du côté de Baek Yoon-yeong, ses sentiments apparaissent avec une grande sincérité, exprimés sans fard. En revanche, Yoon Hae-joon garde une retenue constante, peut-être voulue par le caractère rationnel du personnage, peut-être liée au jeu de l’acteur. Résultat : l’alchimie demeure fragile, et l’histoire d’amour semble manquer d’élan. Là où une série comme Reset savait faire naître une romance discrète mais palpable, My Perfect Stranger reste davantage dans la suggestion.
Heureusement, certains personnages donnent au récit sa plus belle émotion : les parents de Yoon-yeong, jeunes, adorables et profondément humains. La mère touche par sa fragilité et sa force mêlées, tandis que le père, timide mais d’une sincérité désarmante, illumine chaque scène. Avec leur simplicité et leur tendresse, ils apportent la part la plus attachante du drama.
La mise en scène reste globalement classique, sans effets marquants, mais elle sait capter de jolis instants. Certaines scènes au bord de l’eau ou au milieu des roseaux, ou encore la rencontre touchante entre les parents de Yoon-yeong, dégagent une poésie simple qui contraste avec la gravité de l’enquête. Par petites touches, le drama restitue aussi le quotidien d’une époque révolue : ainsi le prix des anguilles, à moins de 2000 wons (environ 4 €), vient rappeler combien 1987 appartient déjà à une autre réalité économique. Ces respirations visuelles et ces détails de vie donnent au drama une douceur bienvenue.
J’ai été séduite par la sensibilité qui s’en dégage et par ses thèmes, mais la narration souffre parfois de longueurs qui brouillent la lecture. La romance reste trop sage, et le choix de 1987, année charnière, aurait mérité d’être davantage relié à l’intrigue sur le plan historique et social. Même le générique, qui affiche voiture, livres et guitare, semble promettre une place plus centrale à la musique, alors qu’elle reste au final assez accessoire.
Un voyage imparfait mais attachant, où le cœur bat plus fort que l’intrigue.
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