Les maitres comptables

Numbers est un k-drama un peu particulier, puisqu'il va voir s'affronter des gens qui manient aussi bien les chiffres, que d'autres manient les flingues ou les poings. Alors que je ne vais pas faire mon kéké, et je vais vous avouer que je n'ai pas toujours compris où ils voulaient en venir et de quoi ils parlaient à chaque fois. Pas que je ne suis pas plus con qu'un autre, mais parce que à moins d'être à l'aise avec la comptabilité et la finance coréenne, j'ai été largué plus d'une fois par des propos un peu trop complexe. Et paradoxalement ce n'est pas trop gênant pour suivre l'intrigue. A noter que niveau audience, la série n'a pas convaincue, divisant son audience par 2 entre le 1er et le dernier épisode. Pas surprenant au final car ce n'est pas une série tout public. Si tu n'as pas envie de faire marcher ton cerveau et réfléchir un peu, ce n'est même pas la peine de regarder. Sinon installe toi et prends des notes;)

Jang Ho-Woo(Kim Myung-Soo) est un orphelin qui a été élevé par Jang In-Ho, un patron de BTP. Ce dernier trouva la mort lors d'un accident tragique qu'il impute au cabinet comptable Taeil, l'un des plus grands du pays. Destiné à être flic, il change de voie pour devenir expert comptable et faire payer à Taeil la destruction de l'entreprise de son père adoptif. Avec un modeste diplôme, il parvient néanmoins à intégrer le prestigieux cabinet avec l'appui étonnant de Han Seung-Jo(Choi Jin-Hyuk), l'un des directeurs, mais qui est aussi le fils d'un des vice PDG de la boite, à savoir le redoutable Han Je-Gyun(Choi Min-Soo). D'abord isolé, il fera rapidement ses preuves afin de trouver les défauts dans la cuirasse avant d'affronter et de confondre Je-Gyun pour ses agissements néfastes. Il se trouvera des alliés inattendus dont Seung-Jo, opposé aux méthodes douteuses de son père, Jin Yeon-A(Yeon Woo), une comptable qui a le béguin pour lui, et enfin Jang Ji-Soo(Kim Yoo-Ri), la fille de Jang In-Ho, de retour au pays après plusieurs années, et qui directrice d'un fonds d'investissements hongkongais.

On ne va pas se mentir, passé le premier épisode c'est assez poussif et confus. C’est vraiment technique on ne comprend pas tout. Si l'intrigue est claire, une histoire de vengeance, (encore!)les propos ne sont pas toujours évident à interpréter sauf en étant vraiment du métier. je comprends que ça puisse en rebuter plus d'un. Mais voilà on a un trio d'acteurs brillants, L(Kim Myung-Soo) en tète, parfait dans ce rôle de jeune comptable aussi fort avec sa tète qu'avec ses poings. Son intelligence et sa faculté d'adaptation supérieure à la moyenne vont lui facilité la tache, mais aussi nous faciliter le suivi de l'histoire. Choi Jin-Hyuk qu'on ne présente plus pour ceux qui connaissent les séries coréennes, et Choi Min-Soo, lui aussi l'un des boss les plus connus dans son pays, sont deux tôliers qui font le job à merveille, et viennent étoffer avec brio l'ensemble. Avec ce trio aux commandes, la série se donne des airs. Si tu aimes la réflexion et des dialogues intelligents, alors avec Numbers tu vas être comblé. Chose étonnante et qui m'a agréablement surpris, c'est que les personnages ne sont pas figés dans leur personnalité. Certains vont évolués au fil du temps, les bons comme les mauvais. Il n'y a pas d'archétype du comptable, c'est remarquablement écrit dans l'ensemble.

Jusqu'au dénouement il y aura toujours des surprises et des rebondissements. Alors d'accord il va y a voir aussi des raccourcis un peu facile pour faire avance l'intrigue ou pour lever des ombres sur le passé, mais ça passe plus ou moins bien selon les situations. Par moment j'ai eu du mal à comprendre comment un dirigeant de cabinet d'expert comptable pouvait s'octroyer autant de puissance qu'un gros Chaebol. Ce qui était gênant aussi c'est que des éléments importants écrits sur les smartphones n'aient pas été traduits. S'il n'y a quasiment aucun temps mort, j'ai regretté que la relation sentimentale entre Seung-Jo et Ji-Soo ne soit pas assez appuyée. Quant à celle à peine effleurée entre Ho-Woo le puceau(si si) et la mignonne Yeon-A, c'est du niveau collège. D'ailleurs pour rebondir sur ces deux actrices, j'ai trouvé que Yeon Woo et Kim Yoo-Ri étaient les deux points faibles de la série: la première n'étant pas du tout crédible dans son rôle, et la seconde pas très convaincante en femme à poigne. Par contre ce qui m'a agréablement surpris pour un drama de ce type, c'est la qualité et la présence de l'OST. Bref, malgré des passages plus ou moins bien compréhensibles, Numbers parvient néanmoins à être captivant, sans pour être la série de l'année. Il faut juste faire un effort intellectuel.

J'étais plus parti pour mettre un 6, mais j'ai trouvé la fin pas mal du tout, parce qu'on ne finit pas par un énième cliché ou raccourci à la con qu'on a l'habitude de voir. Cette histoire de vengeance aura un aboutissement certes, mais pas forcement celle qu'on pouvait imaginer. J'y ai vu de l'audace et une prise de risque de la part des scénaristes, puisque on ne vit pas dans un monde tout blanc ou tout noir. Et dans le monde de la finance et de la comptabilité. J'ai aussi appris plein de choses et c'était très instructif sans pour autant être chiant. En fait l'histoire est proche de la réalité, même si elle est romancée. Mais attention, je le redis, c'est une série intimiste qui n'est pas faite pour tous et qui n'est pas consensuelle. Pour les connaisseurs, le secteur bancaire est particulier en Corée du Sud, car il est régenté par des lois datant de la crise asiatique de 1997. La dernière scène montre que la série reste ouverte et appelle à une suite...qui malheureusement ne verra jamais le jour.

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