Une partie de Shatar subtile

Je suis venu sur ce k-drama pour deux raisons : premièrement pour voir la dernière apparition de Lee Sun-Kyun, un acteur extraordinaire, (il est décédé à la fin de l'année 2023) et deuxièmement pour la sublime Moon Chae-Won que j'avais vu dans Flower of Evil, et sur qui j'ai totalement craqué. Si j'étais vraiment honnête je rajouterais aussi à ce duo, l'inénarrable Kim Hong-Fa, l'acteur qui peut tout jouer, mais surtout pour interpréter les "bad guy" de manière décomplexée. Je préviens tout de suite que cette série ne plaira pas à tout le monde car c'est un genre un peu particulier qui va mêler policier, justice, monde des affaires, avec de légers moments d'action. Pour la romance (que j'ai espéré égoïstement jusqu'au bout), il n'y en aura pas. C'est avant tout une histoire de famille, d'amitié et d'actes manqués.

Ouverture sur la superbe steppe mongole. Eun Yong(Lee Sun-Kyun) est un trader multi milliardaire en exil depuis une décennie, et qui gère son business en bourse en donnant ses ordres à Hong Han-Na, la PDG de son entreprise. Il est parti de rien, n'a fait aucune études, et à sa sortie de maison de correction, il s'est trouvé en plus de sa grande sœur et de son neveu, une nouvelle famille d'accueil avec Yoon Hye-Rin, une riche veuve et PDG d'entreprise multinationale et sa fille Park Jun-Kyeong(Moon Chae-Won). En parallèle, il va intégrer le business semi légal du monde des usuriers et des préteurs sur gages, sous la tutelle du boss Myung In-Joo(Kim Hong-Fa), qui va le former. Car Eun Yong a un don exceptionnel : il peut mémoriser instantanément des suites de chiffres et les retenir ad vitam aeternam. De retour en Corée, il va se donner comme mission de laver l'honneur de la mère de Jun-Kyeong qui s'est suicidé, ainsi que de faire tomber son ancien mentor, devenu un parrain de la mafia boursière, ainsi que son gendre, Park Hoon(Hwang Ki-Seok)un procureur verreux et corrompu, Park Hoon. Il pourra aussi compter sur l'aide précieuse de son neveu Jang Tae-Chun(Kang You-Seok), devenu fraichement procureur à Seoul.

Vous l'avez compris, si on vient sur ce drama, ce n'est pas tant pour l'histoire qui peut paraitre par moment poussive, voire compliquée à suivre si on prend l'ensemble des éléments, mais avant tout pour le casting, la galerie de portraits très inclusifs et les savoureux dialogues. Car il faut reconnaitre que c'est un peu long à démarrer, l'intérêt va être grandissant et prenant vers le 3eme épisode. Si certains flashback sont pertinents, d'autres ne servent vraiment à rien et ralentissent le rythme, au demeurant très fluide.

Payback c'est avant tout l'affrontement de deux hommes Park Hoon face à Myung In-Joo, et deux mondes. Oui çà peut paraitre cliché de voir à première vue le bien contre le mal, mais c'est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait. Park Hoon reste toujours dans les limites de la loi pour s'enrichir en bourse, tandis que Myung In-Joo est un véritable gangster qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins, utilisant des méthodes expéditives. Park Hoon protège sa famille avant son argent, alors que In-Joo est prêt à tout sacrifier pour garder ses milliards, y compris ses relations et son entourage direct. Pour lui, l'individu est remplaçable, pas l'argent.

Le récit est assez bon, malgré cependant quelques exposés sur des aspects techniques un peu rebutant. Et en plus on est pas aidé vu qu'il y a des erreurs sur la traduction de certaines sommes. On va avoir droit aux thèmes habituels traités dans d'autres drama : on est dans le milieu de la corruption de la justice, des délit d' initié, du chantage, de l'extorsion de fonds, etc..Eun Yong devra attendre de se retrouver en prison pour échafauder son plan et mettre en œuvre sa vengeance. Heureusement il y a quelques scènes de baston (trop rares) qui viennent "ambiancer" l'intrigue, parce que par moment, c'est un peu soporifique il faut l'avouer. Il y a un petit trou d'air durant deux épisodes vers la fin, c'est dommage parce que l'essentiel de l'intrigue est bien menée avec pas mal de rebondissements, les chassés deviennent les chasseurs et inversement. Un véritable jeu d'échecs qui se met en place dont on ne sait pas qui sortira vraiment vainqueur.

Alors pourquoi venir sur ce drama? C'est d'abord une réalisation et une mise en scène efficace et des acteurs au sommet de leur art, seconds rôles compris. Ca joue bien et leur implication crève l'écran. Il y a aussi des plans de toute beauté, les gars savent comment utiliser une caméra. On aura droit à pas mal de rebondissements. Le ton peut paraitre parfois martial ou grandiloquent, mais je pense que c'est parce que on baigne dans le milieu particulier de de la bourse et de ses implications économiques. Je vous rassure, je n'y connais pas grand chose et j'ai pu suivre sans aucune difficulté les tribulations de cet as du trading.

Payback reste une bonne expérience même si le schéma de construction est classique. Voir la résilience dont fait preuve la justice coréenne au travers du bureau des procureurs est assez jouissif je dois dire. Je conclurai sur la phrase essentielle prononcée par Myung In-Joo et qui résume assez bien où Payback veut en venir: "L’argent est le vrai pouvoir. Les puissants ne peuvent manier l’argent, mais les riches peuvent manier le pouvoir". Et puis cette série peut être pris comme un pied de nez à la justice et aux médias coréens, qui ont mené au suicide de ce génial acteur et homme exemplaire que fut Lee Sun-Kyun. Cette série était marquée du sceau du mauvais karma pour lui? A jamais dans nos cœurs et nos esprits.

Main Theme : Jung Dong Ha) - Money

Additionnel OST: PL - Because I love you