Shin Won-Ho ne tourne pas beaucoup, mais quand il le fait, ce n'est pas en général pour ne rien raconter. Et il va s'appuyer sur un casting à la hauteur. Le réalisateur des géniaux "Reply 1988" et de "Hôpital Playlist" avait tourné entre les deux, "Prison Playbook". Le point commun entre ces 3 dramas, c'est de placer l'humain au cœur du sujet, et faire ressortir le meilleur que chacun de nous possède. Comme aurait dit J.J.Rousseau, "l'homme naît naturellement bon et heureux et c'est la société qui le corrompt et le rend malheureux". En comme toujours, il arrive parfaitement à jongler dans une même scène un moment dramatique avec une fantaisie burlesque ou loufoque. Et ça fonctionne, en tout cas pour moi. Comme à l'habitude avec Shin Won-Ho, préparez vous ici à voir des épisodes dont la durée égale celui d'un téléfilm.
L'histoire va nous embarquer dans la tranche de vie de prisonniers bien particuliers, mais aussi autour du personnel pénitentiaire. Attention, comme certains l'ont déjà dit, on est pas dans Prison Break ni Oz par exemple. On est pas dans l'antichambre de l'enfer sur terre, c'est même le contraire qui va nous être narré. Le point de départ, c'est la mésaventure qui va arriver au champion de baseball Kim Je-Hyuk(Park Hae-Soo). La veille de s'envoler pour les Etats-Unis et jouer en Major Ligue, il sauve sa sœur d'une tentative de viol et l'agresseur finit à l'hôpital en état de mort cérébrale. Malgré l'opinion publique avec lui, il est condamné à 1 an de prison ferme. La chance pour Je-Hyuk est que son meilleur ami Lee Joon Ho(Jung Kyung Ho) travaille au sein de la prison. Les 2 premiers épisodes ne sont que l'introduction, la vraie histoire va débuter 2 mois après, lorsque Je-Hyuk va être transférer dans une autre prison. Son ami le suivra, ayant demander sa mutation. A partir de là, le décor va être planté et la galerie de portraits va pouvoir enfin commencer.
Car ce qui compte avant tout ici, c'est la description et le comportement des gens qui font la prison, que ce soit les détenus ou les gardiens. On va s'attacher à tous ces personnages aussi différents les uns que les autres, mais qui ont tous au fond d'eux une "bonne âme". Pas de pourriture dans la cellule, pas de violeurs, d'assassins ou autres barbares. Uniquement des voleur, escroc, drogué, et deux condamnés pour des meurtres qu'ils n'ont pas commis. Je-Hyuk est certes un génie du sport, mais il très limité intellectuellement parlant. Il n'est pas con, il a une tête de con et a parfois des réactions bizarres, nuance!. C'est tout dans les muscles et rien dans la tête, mais en fait au fil des épisodes, on va s'apercevoir qu'il peut avoir des idées brillantes et prendre les autres ordures pour des cons. Ses compagnons d'infortune que l'on va voir défiler vont changer durant le drama, mais ils sont tous mémorables par ce que humainement bons dans le fond. Parfois on va se demander si ce n'est pas une parodie tellement ça pourrait sembler surréaliste ou être une vision fantasmagorique.
Les plus intéressants sont le chef de cellule Kim Min Chul(Choi Moo Sung) un ancien condamné à mort, le "Timbré"(Lee Kyu Hyung), un pharmacien toxico complémentent déjanté, le Dr Ko(Jung Min-Sung), un employé de bureau qui a plongé à la place de son patron, "KAIST" (Park Ho San), un escroc génie de la bricole, le capitaine Yoo(Jung Hae In), accusé à tort de meurtre, "le larbin"(Ahn Chang Hwan)qui avait agressé Je-Hyuk dans l'ancienne prison, mais qui deviendra son meilleur allié et garde du corps. On pourrait aussi ajouter "Jean Valjean"( Kang Seung Yoon), qui fait la navette entre la prison et l'extérieur, car il ne peut s'empêcher de faire des trafics .On va s'attacher à tout ce petit monde, avec bien entendu des préférences pour tel ou tel individu. Car c'est véritablement une histoire de "bromance" à laquelle nous allons assister. Du coté des gardiens, l'attention sera porté bien entendu sûr son ami Joon Ho, mais aussi surl e lieutenant Paeng Se Yoon, interprété par l'excellent Jung Woong In, qu'on a plus l'habitude de voir jouer les salauds. Ici c'est tout le contraire, sous ses airs bourrus et faussement mauvais, c'est un homme empli de bonté et d'humanité qui fait la part des choses entre les "bons" détenus et les "mauvais".
Les plus de Prison Playbook, c'est la façon dont le drama est mis en scène, à la manière d'un huit clos. On a parfois l'impression d'être dans un asile de fous et pas une prison, tant les réactions de notre bande de détenus peuvent apparaitre en décalage total avec un sujet évoqué, la même chose pouvant arriver chez les gardiens. Ainsi dans une même scène, on pourra côtoyer du dramatique et du burlesque de façon fluide, voire de l'absurde dont les propos sont appuyés par des onomatopées qui m'ont déclenché plus d'une fois des fous rire incontrôlés. A titre personnel, j'ai adoré ce parti pris. Attention ce n'est pas Papa schultz non plus. On verra aussi le coté sombre du milieu carcéral, avec des ordures à l'œuvre. Prison Playbook c'est avant tout une aventure humaine avec ses hauts et ses bas, des hommes qui vont apprendre à se connaitre, à s'apprécier malgré leurs différences religieuse, sexuelle, sociale et physique. C'est une route pavée d'embuches pour atteindre la résilience. Car ici on ne porte pas de jugement de valeur. Tous leur récit personnel nous sera raconté au travers de flashback cours mais instructifs.
Alors oui, on ne va pas éviter des clichés ou des situations ubuesques, mais cela ne dessert pas l'histoire, c'est le contraire plutôt. Dans ce drama, on veut redonner espoir en l'humanité et ne pas mettre tous les détenus dans le même sac, on veut donc éviter une certaine stigmatisation. Tous nos "amis" ne connaitront pas tous leur "happy end" car on est pas chez les Bisounours. Et par moment, vous aurez la larme à l'œil, car certains passages sont vraiment prenants et émouvants, sans être lourds. C'est tout le talent du réalisateur qui arrive à nous transmettre des émotions fugaces, mais sincères. Et je vous laisse avec plein d'autres surprises à découvrir. Le seul vrai défaut de Prison Playbook c'est qu'il a tendance à trainer en longueur, surtout vers la fin, qui est malheureusement trop vite expédiée, alors que les épisodes durent 1h30, un comble! Il y avait tellement mieux à faire, quel dommage. Au final, ce drama reste excellent et mémorable pour les valeurs transmises.
Main Theme: Eric Nam- Bravo, My Life!
Additionnel OST: Prison Playbook Full Album