Comme dirait une spectatrice anonyme du concert du dernier épisode : "j'aimerais bien que la fille aux cheveux noirs me domine".
J'aime bien les animes sur des groupes de musique, où l'histoire c'est un groupe d'amis (souvent féminin) qui décident de monter un groupe et de vivre à fond leur passion. Rock is a lady's modesty propose toutefois un regard assez original et audacieux sur le genre. Il se passe dans une école aristocratique complètement fantasmé, et nous suivons l'héroïne qui contrairement a ses camarades, ne vient pas de ce milieu bourgeois. Elle a pour objectif de s'intégrer le mieux possible à cet univers, et cherche à devenir la "noble maiden", la récompense ultime pour l'élève répondant au mieux aux codes assez réactionnaires de l'école. Elle laisse pour cela de coté sa passion de toujours, le rock.
Ça c'est le pitch de départ, et on peut imaginer que ça va donner un animé tout mignon, où elle va rencontrer d'autres personnes qui aiment le rock comme elle, qu'elles vont monter un groupe qui deviendra aussi une bande de pote, où elles pourront vivre leurs meilleurs moments de jeunesse, plein de douceur et de mièvrerie sucrée. Et bien Rock is a lady's modesty, c'est TOUT LE CONTRAIRE, les personnages sont pas bienveillant, ça se gueule dessus dans un torrent d'insultes une fois la répétition finie, les séquences musicales sont quasiment des combats pour savoir qui va réussir à "dominer" l'autre musicalement. L'anime est agressif et est un vrai défouloir, autant pour ses personnages que pour nous spectateur, et voir ça fait un bien fou.
Les moments musicaux en particulier sont absolument jouissif (c'est le cas de le dire). Il y a quelque chose de quasiment sexuel qui se dégage de ces représentations musicales. Les séquences musicales sont présentées comme une lutte entre les différents instruments, un combat pour ne pas se laisser dominer par l'autre. Surtout que l'animé adore filer sa métaphore autour de la sexualité et du BDSM, et n'a pas peur d'être assez visuel par moment. Les séquences de musiques sont alors presque des moments de masturbation, où le but est avant tout de "se faire du bien" avec la musique, de profiter du moment pour tout relâcher, d'utiliser la musique comme un exutoire. Et toute cette idée de mêler le plaisir de la musique avec celui d'un plaisir sexuel s'accompagne visuellement d'un dynamisme débordant. La caméra bouge dans tous les sens, elle fait des tours autour des personnages, elle change d'angle de vue, elle zoom et elle dézoome sans arrêt. Ce jeu sur la caméra et le dynamisme exubérant peut à première vue paraître un peu kitsch, un peu too much, mais une fois que l’œil s'habitue, on en devient presque addict. A la fin de certains concerts, on est autant à bout de souffle que nos héroïnes, et c'est quelque chose de fou que de faire vivre avec autant de force cette musique. Les séquences musicales sont sans le moindre doute le plus gros point fort de l'anime, par leur dynamisme et leur folie.
Mais l'anime a aussi d'autres propositions intéressantes, notamment lorsqu'il explore la question de la classe sociale et du mépris qui peut être jeté sur certains passe-temps par la bourgeoisie. Je trouve que l'anime parvient à très bien rendre compte de ce que cela fait d'avoir une passion incomprise par le milieu dans lequel on évolue, de devoir garder sa passion "secrète" voire de vouloir l'abandonner. Et l'anime arrive à encore mieux nous raconter qu'il ne faut surtout pas laisser tomber ses passions, de vouloir à tout prix se fondre dans un milieu qui ne nous accepte pas tel que l'on est. Cette idée est très bien rendu par l'idée que le rock que font nos héroïnes n'est pas fun, ou plutôt, il n'est pas QUE fun. Évidemment qu'il y a un plaisir fou à jouer de la musique de façon aussi agressive et libérée, mais le plaisir de jouer cette musique n'est pas juste un passe temps, pas juste quelque chose pour se vider la tête, c'est quelque chose de beaucoup plus fort et de beaucoup plus important. J'ai particulièrement bien aimé le dernier arc, qui va justement jouer sur ce qui semble à première vue paradoxal, jouer du rock c'est fun, mais ça ne peut pas juste être fun, ça ne peut pas juste être vu comme un plaisir solitaire un peu honteux. Parce que jouer la musique qu'on aime, c'est pour nos héroïne une véritable passion, et il faut pour cela le vivre à fond, l'expérimenter à fond, sans aucune retenue. Et cette liberté qui est défendue par les personnages s'incorpore alors parfaitement dans les séquences musicales. L’explosion visuelle vient alors accompagner cette explosion spirituelle d'une énergie qui trouve dans la musique un exutoire et un moyen de s'évader. Et dans ces moments là on a juste envie d'envoyer en l'air tout le monde.
L'anime est peut-être loin d'être parfait, (autant les séquences musicales sont terriblement jouissive, autant les épisodes sans ces moments sont un peu moins bien), mais malgré tout, je ne peux que conseiller de regarder Rock is a lady's modesty. C'est terriblement jouissif, ça fait un bien fou à regarder, et en plus la musique (si vous aimez un tant soi peu le rock) est sublime. Foncez voir cet anime si vous en avez l'occasion.