La série a tout pour me plaire : historique, réaliste, politique, violente, grandiose. Une série dantesque (un budget colossal, une véritable ruine, beaucoup de personnages, de décors, de scènes de combats, de reconstitutions historiques méticuleuses) ; quoi d'autre que la démesure pouvait illustrer à merveille la démesure de l'Empire romain naissant ? La série Rome fera date pour moi dans la série historique : dialogues ciselés, répliques subtiles, intrigues politiques détonnantes, cruauté exacerbée, sexe et violence décrus, le parfait cocktail pour une série à grand spectacle mais cependant fine.
L'intrigue s'attarde sur la vie de deux légionnaires de la légendaire XIIIème légion de César en Gaule, Vorenus, un homme d'honneur, stoïque et froid, Titus Poulo, un bon vivant violent et impulsif. Leur histoire va rencontrer la grande : missionnés par César pour une histoire d'étendard volé, amis d'Octave Julius César, futur empereur Auguste, fidèles aussi par moments à Marc-Antoine, son ennemi juré, ils nous permettent de suivre en filigrane l'évolution extraordinaire qui s'opère à cette époque : celle d'une république qui devient empire. On croise Brutus, le fils adoptif de César, le célèbre Cicéron, le grand Pompée et tant d'autres. La fascination est renforcée par le casting impeccable. Mention spéciale à Ciaran Hinds qui campe un César magistral et à James Purefoy pour son rôle de Marc Antoine. Lyndsey Marshal est également très intéressante dans son rôle de Cléopâtre, ne serait-ce que pour son physique, probablement historiquement bien plus proche de la vérité que ce que la légende en dit.
Cette série ne serait rien pourtant sans la reconstitution méticuleuse de l'époque : on plonge ainsi dans le quotidien des romains de l'époque, en dehors de la grande histoire : vie dans les lupanars, les bas quartiers de la capitale, la religion, le marché, le forum, les combats de gladiateurs, les campagnes, l'armée, la situation des esclaves, la cuisine ; bref, tous les gestes du quotidien. Cela passe par d'extraordinaires décors, entièrement reconstitués par plus de 350 personnes aux célèbres studio italiens de la Cinecitta mais également par une bande originale intéressante, composée par Jeff Beal avec des instruments de l'époque. Le tout a donc l'air très crédible et vraisemblable. Bien évidement, pour les bienfaits de l'intrigue, quelques entorses sont faites : l'inimitié entre Marc-Antoine et Auguste est exagérée, Attia, la mère de ce dernier, est sensée être morte depuis longtemps, mais tout cela c'est pour le bien de la dramaturgie et force de constater qu'elle est terriblement efficace. Ajoutez à cela des scènes d'anthologie : le combat dans l'arène à la fin de la première saison, l'assasinat de César, les suicides de Marc-Antoine et Cléopatre, diverses batailles et affrontements spectaculaires, de la Gaulle à l'Égypte.
Parfait mix entre la série historique et la série politique, avec une touche de péplum et de Gladiator, couplé à une série de personnages rocambolesques et extraordinaires, Rome ne peut laisser indifférent les fans de tous ces genres. Véritable pépite avortée bien trop tôt à cause de son budget colossal (plus de 200 millions de dollars tout de même), cette série ressuscite le mythe de la Rome éternelle, celle des empereurs, du pourpre, de l'or, des légions et de la métropole glorieuse de l'Antiquité.