Difficile de faire preuve d'indulgence à l'heure des grandes séries dramatiques. Netflix, HBO, Amazon et toutes les autres grandes pourvoyeuses de fictions grandiloquentes nous ont accommodé à une certaine dose de spectacle, et, comme pour la dopamine, le cerveau finit par réclamer son rush de sensationnel.
À une telle époque, les séries à l'image de Safe peuvent difficilement se frayer une place à travers cette overdose d'extraordinaire. Quand on s'efforce d'être l'antithèse de l'extraordinaire, c'est malheureusement ce qui arrive.
Car Safe manque cruellement d'ambition ; la série ne s'en cache d'ailleurs pas, elle semble même le revendiquer. Adapter une intrigue assez banale sur fond de grisaille émotionnelle, c'est presque chercher à provoquer volontairement l'oubli du spectateur, qui ne gardera de cette expérience qu'un vague souvenir dénué de toute affectivité.
Bien sûr, la série fait le café, en un sens : c'est un thriller efficace, déroulé avec fluidité, porté par des acteurs qui connaissent leur job. Mais sans jamais rien proposer, sans rien ajouter à une liste qui compte aujourd'hui des milliers d’œuvres semblables, et dans laquelle elle se noiera sans y laisser la moindre empreinte.
Je ne vois là que deux explications possibles : soit cette platitude n'est que la conséquence logique du manque d'originalité à l'écrit d'Harlan Coben, soit son inexpérience dans la réalisation a coûté à cette œuvre toute sa substance vitale.
Quoi qu'il en soit, cette critique finira d'ici quelques jours dans les affres de ma mémoire, aux côtés d'une série palote et triste à crever dont j'aurais certainement oublié le nom.