Servant
6.8
Servant

Série Apple TV+ (2019)

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Dorothy et Sean sont des personnages qui incarnent le conflit central de la série, entre la réalité et le déni, en réaction à la perte tragique de leur enfant. Leur dynamique en tant que couple et leur façon de faire face à la situation constituent un élément clé de l'intrigue de "Servant".

C'est aussi ce sujet que devra résoudre la fin de la série.


Il y a dès le premier épisode cette nounou, Leanne, qui entre en jeu dans ce qui restera un très beau moment de cinéma et le meilleur épisode de la série réalisé par Shyamalan.

Embauchée par Dorothy et Sean pour prendre soin de la poupée, qu'ils considèrent comme leur enfant, Jericho. L'accueil de Leanne est déconcertant, car elle prend en charge la "naissance" de Jericho sans montrer le moindre étonnement. Cette introduction soulève des questions sur le personnage de Leanne et sur les motivations qui la poussent à s'occuper de cette poupée, ainsi que sur son étrange comportement et les événements mystérieux qui semblent l'entourer...

..Un mystère qui va s'ajouter au secret de famille non dit qui unira les 3 autres protagonistes principaux.


Les performances des acteurs sont remarquables. Chaque membre du casting offre une interprétation convaincante de son personnage, même la ère qui pourrait sembler caricaturale arrive à intégrer de la finesse. L'engagement des comédiens contribue à immerger le public dans l'univers étrange et troublant de la série.


"Servant" est cependant davantage une série malaisante qu'une série horrifique. Concrètement ça ne fait pas très peur. Surtout, ça traine vraiment. Autant la première saison se tient autant le reste aurait du être condensé.



LA MAISON



Visuellement, "Servant" c'est très joli. Que ce soit le décor de cette belle maison, la magnifique cuisine, les extérieurs de Philadelphie... Chaque image est soigneusement composée, créant ainsi une esthétique visuelle captivante qui ajoute à l'atmosphère générale de la série. Tout celà est présent dans le premier épisode et arrive à irriguer le reste des saisons.

C'est d'ailleurs cette maison, ce logis bourgeois qui va subir une lente décrépitude au fil de l'histoire.


La série montre comment un environnement bourgeois, héritier (de par le père de Dorothy), se meurt doucement. Envahi par une servante qui va troubler tout leur équilibre basé sur le mensonge, c'est tout ce monde cosu, leurs murs, leurs meubles et leurs coutumes qui vont pourrir de l'intérieur . Ce seront dabord els fondations de la maison qui seront attaquées et enfin la ville assaillie par des jeunes SDF.


Tout le malaise vient de là : cette maison est confortable, désirable pour nous spectateurs. ON veut mêtre à leur table, visiter leur remarquable cave à ces gens. La marche du Monde, si elle est juste, bouscule notre confort.


Cette maison est aussi une prison sombre. Et vu que c'est une produciton Apple, on a droit à plein d'appareils Aplle dedans. Celà produit un truc assez intéressant : Cette maison présente le monde à travers des écrans et renforce le sentiment d'emprisonnement.



LE PAIN

L'aspect le plus remarquable, de la série, c'est son rapport à l'alimentation.

Ce thème est étroitement lié au personnage de Sean, qui est un chef consultant (du coup il bosse de chez lui) de renommée mondiale. Son métier de cuisinier est au cœur de l'intrigue, et chaque épisode explore de manière approfondie le poids de la nourriture dans la vie des personnages. L'alimentation est bien plus qu'une simple occupation pour Sean, c'est sa passion, son art, et son moyen d'exprimer ses émotions. Il crée des plats parfois repoussants avec une précision presque obsessionnelle, et ces plats servent souvent de toile de fond à des scènes clés de la série.


L'importance de la nourriture va au-delà de la simple préparation des repas. Elle est utilisée de manière métaphorique pour refléter les thèmes plus profonds de la série comme les échanges entre la vie et la mort. Certaines préparation sont présentées comme des actes sacrificiels, tandis que d'autres évoquent des éléments plus symboliques comme les criquets. Tout au long de la série, la nourriture est un vecteur de sens, de culture, d'intimité et de communion. Elle devient un élément central pour rassembler des personnage squi s'évitent, se mentent. Le repas, c'est aussi le moment où les regards se croisent, ou la confiance se met en doute ou se gagne.

Tout Cela renforce également l'aspect viscéral et sensoriel de la série, créant ainsi une expérience de visionnage à la fois plus immersive et aussi plus ancrée dans la mémoire du spectateur.



LE VIN



Le vin et l'alcool tiennent aussi une place importante dans le show : on ne compte plus les scènes dans la cave à enchainer des verres des plus grands crus. Le vin reprend les même relations symboliques que la nourriture, même symbolique biblique également. Mais c'est le thème de l'addiction et de l'ivresse qui est aussi véhiculé par cette surconsommaiton d'alcool. Dans un monde on l'on survit en se mentant à soi-même, le vin est une béquille joyeuse.



******************************



Au final, malgré le côté impersonnel d'une telle production, on retrouve la patte de Shyamalan. Elle est marquée d'une part par le premier épisode fondateur et particulièrement réussi mais aussi par ce thème profond qui courre dans toute la série sous les planchers de cette maison : La question de la foi.


Encore une fois son œuvre explore la notion de la réalité et de la croyance tout en travaillant frontalement la question de la figure du père.

Bref on est bien sur une œuvre de Shyamalan. Pas la meilleure. Pas la pire.

Dlra_Haou
6
Écrit par

Créée

le 19 sept. 2023

Critique lue 11 fois

1 j'aime

Martin ROMERIO

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