Je ressors de ce drama un peu désabusé et perplexe. Je suis passé par toutes les étapes. D'abord curieux, intéressé, puis accro, lassé, énervé et enfin frustré. Something in the Rain est tout simplement l'un des meilleurs drame sentimental que j'ai pu voir jusqu'à présent. Il y a tout dedans. C'est une leçon de réalisation et d'interprétation. Un moment de vie crédible et sincère comme jamais. Un must du genre et c'est moi qui dit ça (ne peuvent comprendre que ceux qui lisent mes critiques du genre). Au début je me suis dis, c'est quoi cette daube sans intrigue? Et en fait non, je n' étais pas encore "aware" comme dirait mon pote JCVD. Il m'a fallu 4 épisodes pour émerger, et contrairement à d'autres, j'ai été plus intéressé par la seconde moitié, c'est mon coté passionné. Alors me direz-vous, mais pourquoi 7 et pas 8 ou 9? Je vous explique.
Seo Jun-Hui (Jung Hae-In) et Yoon Jin-A (Son Ye-Jin) se connaissent depuis l'enfance. Il est issue d'une famille modeste, orphelin de mère et élevé par sa grande sœur très protectrice. Elle est issue de la bourgeoisie séoulienne dont la vie est régentée par une mère castratrice. Jin-A a 35 ans et Joon-Hee en a 27. Ils se sont toujours considérés comme frère et sœur. Il est concepteur graphique en jeux vidéo, elle est superviseur dans une entreprise de chaines de café. Elle sort encore d'une déception amoureuse L'histoire débute en 2014 quand Jun-Hui revient d'un séjour professionnelle de 3 ans aux Etats Unis. Il a muri, changé. Il est beau, enjoué et il la regarde comme une femme. Cette fois ci quelque chose a changé, elle le regarde différemment. Ce n'est plus un "frère" ou un ami qu'elle a devant elle. Leur aventure commence rapidement et on comprend que c'est un véritable amour fusionnel auquel on va assister. En plus d'être un drame sentimental, la série dépeint et fait une satire sociétale tout en maitrise et profondeur.
La première partie de Something in the Rain, que l'on pourrait appeler les jours heureux, va nous entrainer autour de leur amour sincère, authentique, passionné et passionnel tout en simplicité et complicité. Et on va vite constater une chose : c'est Jun-Hui pourtant plus jeune, qui est beaucoup plus mature que Jin-A dans ses réactions et ses décisions. Grace à lui elle va enfin grandir et s'affranchir de certaines barrières émotionnelles, que ce soit dans son milieu familial, mais aussi dans son travail, où la femme est souvent rabaissée à un objet sexuel et pas à une travailleuse dévouée et Le vrai problème à surmonter, en dehors de leur différence d'âge, c'est le regard de leur entourage familial. Et ici ce sont les femmes qui vont leur mettre des bâtons dans les roues, notamment la sœur de Jun-Hui, et la mère de Jin-A, sans compter la peste du bureau. dans une société régentée par les hommes, En effet les hommes de la famille sont bons et bienveillants, tandis que les femmes (surtout la mère acariâtre de Jin-A) se montrent intransigeantes.
Ce drama prend son temps, c'est à la limite de l'introspection car ce sont les attitudes plus que les mots qui vont compter. Et là où My Liberation Notes m'avait complètement perdu, ici j'ai été conquis dès le début, car il y a une ambiance intimiste qui m'a littéralement sidéré et j'ai adoré. C'est une analyse subtile des sentiments amoureux, mais pas que. Il y a de la pureté dans le propos parce que on prend le temps de se découvrir et de s'apprivoiser. Le scénario est simple, mais pas simpliste. Tout est fait pour que vous ressentiez de fortes émotions, et là le pari est réussi. On a envie de vivre ce qu'ils vivent, quitte a devenir un peu jaloux de ce qui leur arrive. En fait c'est con à dire, mais c'est beau à voir, on est emporté par la vague. Tout cela ne serait pas possible sans deux comédiens extraordinaires, Son Ye-Jin en tête. Je pense sincèrement que c'est l'un de ces meilleurs rôles. Elle crève l'écran, bien aidé par un Jung Hae-In au sommet. En fait c'est tout le casting qui est à féliciter, notamment l'entourage proche, j'ai rarement vu autant d'alchimie
La seconde partie, même si elle est moins intense émotionnellement parlant, va voir Jin-A s'émanciper de la tutelle de sa mère et la mise en perspective du harcèlement des femmes au travail. C'est aussi le moment des premiers "grip " dans leur relation amoureuse. J'ai trouvé ce parti pris dans cette direction artistique très intéressante. Bref au fil des épisodes, je suis passé d'une notation de 6 à 8 voire 9, mais voilà, arrive les 10 dernières minutes de l'épisode 15, suivi du dernier et je me suis dis :" non, le réalisateur n'a pas pu nous faire çà?" Cette tournure des évènements m'a fortement déplu et frustré, car je l'ai ressenti comme un manque de respect après tout ce que j'avais vu et pu ressentir. Cette conclusion méritait mieux que cette mélasse masochiste à 2 balles et incompréhensible. C'est malheureusement la chose que l'on ne voudrait plus voir dans les dramas coréens.
Pourquoi le faire repartir 3 ans et demi aux Etats Unis pour le faire revenir avec la fleur au fusil? Les séparer autant de temps pour enfin les voir réunir et prouver que leur amour était indéfectible? Non çà ne passe pas pour moi. Quelques mois de séparation auraient suffit. Et comment rester autant séparer et subir autant de souffrance inutile?
Musicalement parlant préparez vous à manger deux standard américains en boucle, repris par Bruce Willis et Carla Bruni (et oui!). Et surtout vous allez picoler dans cette série (beaucoup). Comme aurait dit les Inconnus, ils vont souvent finir "Torchon, chiffon, carpette". Les épisodes sont longs, certains trop, trop nombreux, mais le plus risible c'est que la fin est trop vite expédiée, çà méritait mieux pour une série d'une telle qualité. Voilà pourquoi je ne mets que 7 alors que je voulais tellement mettre plus. Mais ce n'est pas possible si je veux rester cohérent avec ma critique. Au final, Something in the Rain reste un excellent drame sentimental que je ne saurais que trop vous conseiller. Et dernière chose, pourquoi ce titre?
Ils se sont dit leur amour un jour de pluie, ils se sont séparés un jour de pluie, et ils se retrouvent un jour de pluie
C'est quand même beau à voir l'amour, le vrai. On peut rêver non?
Main Theme: Carla Bruni - Stand By Your Man
Additionnel OST: Bruce Willis - Save The Last Dance For Me