Je ne suis pas un grand consommateur des séries de France Télévisions. Généralement, je ne les trouve pas très réussies… un peu molles, un peu convenues. Mais cette fois, c’est le fait que ce téléfilm soit adapté d’un roman d’Olivier Norek qui m’a fait dire : pourquoi pas ? Norek, ancien flic, maîtrise l’art de la narration et de l’intrigue, et il a surtout le talent de donner à ses personnages une crédibilité humaine rare dans le polar français. Je ne sais pas si l’adaptation est fidèle, n’ayant pas lu ce roman-là, mais mis à part l’incongruité du « commissariat rural » (une pure invention scénaristique, puisque ce sont bien les gendarmes qui gèrent les campagnes), tout sonne juste. On y croit. Du moins assez pour se laisser embarquer.
L’histoire démarre avec Laura Smet, maquillée et filmée de manière à paraître cabossée, le regard fermé, maussade à souhait. Elle débarque dans un petit village du Sud, au moment où l’on exhume le squelette d’un gamin disparu vingt ans plus tôt. L’intrigue avance alors par à-coups, pas toujours fluides mais efficaces, avec quelques scènes de plongée vraiment soignées, presque suffocantes – la noyade, notamment, est un vrai morceau de bravoure. Pour ces passages, Laura Smet et Tomer Sisley ont tourné en apnée, ce qui est en soi une performance assez bluffante. Sisley, que je trouve souvent trop démonstratif, joue ici en retenue, et ça lui va bien. Quant à Laura Smet, que je n’avais jamais vue jouer, je dois avouer qu’elle est plutôt convaincante : elle habite son rôle sans en faire des tonnes. Les seconds rôles, souvent sacrifiés dans ce genre de format, trouvent chacun leur moment et ajoutent de la densité au récit. Bref, le casting fait le job, et même un peu plus.
Le tournage, en Occitanie, notamment dans le Tarn (le village de Vabre en tête), donne aussi une vraie couleur à la série : les paysages participent à l’ambiance, entre beauté rurale et isolement inquiétant.
Les six épisodes montent en tension à mesure qu’on découvre les failles de chaque personnage. Certes, les rebondissements sont parfois trop « cliffhanger » – on sent l’astuce du scénario plus que la logique de l’histoire – mais cela ne gâche pas le plaisir. On se laisse prendre, et au final, on se dit que si France Télévisions continue sur cette voie, peut-être qu’on arrêtera de soupirer en comparant systématiquement nos fictions aux séries américaines. Pas encore au niveau, mais au moins, il y a du répondant.
À revoir, sans honte, sur la plateforme de France Télévisions.