Bonne petite claque. The Beast in Me démarre comme un thriller psychologique classique, mais Gabe Rotter tient fermement la bride sur les deux premiers tiers : rythme net, tension qui avance sans gras, et un duo d’acteurs qui trouve très vite la bonne fréquence émotionnelle. On sent la série habitée par une vraie envie de serrer son intrigue, de jouer avec les ambiguïtés, de laisser monter la pression sans céder au spectaculaire facile.
C’est là qu’elle est la meilleure : quand elle découpe ses épisodes comme des impulsions nerveuses, quand elle construit sa psychose par petites secousses, quand chaque conversation peut basculer. Il y a une précision dans l’écriture, un plaisir à tenir le spectateur en équilibre, qui donne à l’ensemble une intensité rare pour un thriller de plateforme. La progression est fluide, chaque épisode remet une pièce dans la machine sans perdre le fil — preuve d’un showrunner et d’une équipe créative solides, avec Gabe Rotter à la création et Howard Gordon à la barre.
Et puis, oui, la dernière ligne droite est plus sage. Pas décevante, juste moins intranquille que tout ce qui a précédé. Là où la série flirtait avec le trouble et l’ambigu, elle resserre, explique, clarifie. La série referme sagement ses pistes, là où elle aurait pu garder un peu de son trouble.
Mais au final, rien qui efface l’efficacité du voyage : solide, tendu, accrocheur, impeccablement joué. Une série qui sait où elle va — juste pas forcément jusqu’au bout de son audace.