Il y avait tout pour faire un joli film, un beau petit rouage bien huilé. Mais voilà, certaines pièces ont été mal choisies, d'autres mal assemblées. On retrouve bien la patte de Gondry, cette envie de naïveté assumée, de bricolage poétique. C’est ce qui faisait tout le charme d’Eternal Sunshine, porté par un Jim Carrey bouleversant. Ici, on aimerait y croire tout du long, mais non… ça ne prend pas.


J’ai cherché ce qui coinçait, et je crois que le film ne choisit jamais vraiment entre deux visions fantasmées de la jeunesse : celle d’hier ou celle d’aujourd’hui, celle du cinéma indé ou celle plus “grand public”. Résultat, on sent que les jeunes acteurs ne sont pas toujours convaincus par ce qu’ils jouent, et ça s’entend dans les dialogues. Par moments, les intonations sont à la limite du supportable, et l’interprétation reste trop plate pour vraiment embarquer le spectateur.


Filmer l’adolescence, c’est toujours un pari risqué — encore plus quand on y projette ses propres souvenirs, ses propres blessures. D’autres s’en sortent très bien : Les Géants de Bouli Lanners ou Max et les maximonstres de Spike Jonze, par exemple. Dans ces films-là, on y croit à 100 %, même quand l’imaginaire part loin. Ici, on reste au bord de la route.


Et c’est dommage, parce que Microbe et Gasoil a quand même le mérite de proposer un récit initiatique différent, loin des clichés glauques de l’adolescence (drogue, violence, mal-être profond). On suit deux ados ni en galère, ni dans l’urgence, mais qui se posent des questions, en avance peut-être sur les autres. Et ce n’est pas si fréquent.


Reste quelques beaux moments, heureusement. Les premières images de la maison roulante, par exemple, sont superbes. Ou certaines scènes bien vues sur le monde des adultes — je pense notamment au dentiste, archétype hilarant de l’adulte névrosé. Là, on retrouve Gondry, celui qu’on aime. On aurait juste aimé qu’il s’offre un meilleur casting pour porter ce joli projet jusqu’au bout.

simoncalmels
5
Écrit par

Créée

le 18 déc. 2015

Critique lue 418 fois

4 j'aime

Simon

Écrit par

Critique lue 418 fois

4

D'autres avis sur Microbe et Gasoil

Microbe et Gasoil
Behind_the_Mask
8

Débrouille candide et carburant de l'amitié.

Un Gondry à l'âge de l'enfance. Qui épouse le sentiment de ne pas se reconnaître parmi ceux qui nous entourent, de se fondre dans le monde. D'être étranger. L'impression que l'originalité n'a pas sa...

le 16 juil. 2015

22 j'aime

1

Microbe et Gasoil
Moizi
7

L'infini

Ce n'est pas le meilleur Gondry... en même temps pour venir égaler un la science des rêves ou un the We and the I il faut y aller ! Mais Gondry ne s'est pas raté non plus, au contraire ! On a un...

le 28 juin 2015

18 j'aime

Microbe et Gasoil
Fritz_Langueur
9

Un pti bonheur !

Michel Gondry vient toujours nous cueillir là où l’on ne l’attend pas ! Le chemin qu’il a parcouru depuis « Eternal Sunshine of the spotless mind » est surprenant et particulièrement original. De...

le 21 juil. 2015

14 j'aime

2

Du même critique

Fleabag
simoncalmels
10

Un petit bijou de 5 heures !

Il y a des séries qui, malgré un format modeste, parviennent à marquer l’histoire du petit écran. Fleabag, avec ses 6 épisodes de 26 minutes, fait partie de celles-ci. En tout juste 2h30, Phoebe...

le 4 sept. 2018

4 j'aime

Microbe et Gasoil
simoncalmels
5

Sortie de virage mal négociée

Il y avait tout pour faire un joli film, un beau petit rouage bien huilé. Mais voilà, certaines pièces ont été mal choisies, d'autres mal assemblées. On retrouve bien la patte de Gondry, cette envie...

le 18 déc. 2015

4 j'aime

When No One Sees Us
simoncalmels
7

Quand l’Andalousie cache des ombres…

J’ai été complètement happé par When No One Sees Us. Au départ, je m’attendais à un thriller plutôt classique, mais la série prend vite une autre tournure. On se retrouve dans un village andalou...

le 4 mai 2025

3 j'aime