Dès son concept, The Cleaner (A&E, 2008) laissait espérer une plongée intense et sans concession dans l’univers brutal de la dépendance et de la rédemption. Malheureusement, cette promesse reste largement inaboutie, et c’est bien là que réside la principale faiblesse de la série.
L’idée de suivre un ex-toxicoman devenu « nettoyeur » clandestin avait de quoi captiver. Mais rapidement, le traitement scénaristique montre ses limites : les intrigues sont souvent prévisibles, les arcs narratifs peinent à surprendre et, surtout, la psychologie des personnages reste trop souvent esquissée plutôt qu’explorée en profondeur. William Banks (Benjamin Bratt), censé incarner un homme tourmenté et complexe, n’évolue que très peu, enfermé dans une dynamique répétitive où chaque épisode semble calqué sur le précédent.
Là où la série aurait pu s’aventurer sur des terrains psychologiques et éthiques dérangeants, elle préfère s’en tenir à un schéma sécurisant : un problème, une intervention, une résolution. Ce manque de prise de risque dramatique finit par neutraliser l’impact émotionnel, transformant un sujet grave en un simple enchaînement de cas de la semaine, presque aseptisé.
Sur le plan visuel et artistique, la série reste propre mais impersonnelle. Aucun choix de mise en scène ne vient véritablement accentuer le poids des situations ou la tension des interventions. Cette neutralité visuelle contribue à l’impression d’un récit sage là où l’on attendait de l’intensité et de la rugosité.
Quelques seconds rôles parviennent néanmoins à apporter un supplément d’humanité — notamment grâce à Grace Park et Amy Price-Francis — mais cela reste insuffisant pour compenser le manque d’audace globale.
En définitive, The Cleaner échoue à exploiter pleinement son matériau de départ. Au lieu de livrer une exploration viscérale des luttes contre l’addiction, la série reste en surface, prudente et convenue. Ma note de 3.5/10 traduit cette frustration : beaucoup de potentiel sacrifié sur l’autel de la facilité narrative.