Vivre longtemps implique un grand pouvoir, et un grand pouvoir implique une grande responsabilité. C'est sur cette analogie en bois de meubles préfabriqués que commencera la chronique de l'animé que j'ai tant attendu. Votre serviteur a une certaine tendance à aduler chaque œuvre sortie du studio Key depuis Clannad (et Kanon).
Alors quand mon jumeau d'anniversaire (enfin il est un peu plus âgé que moi) Jun Maeda annonce que c'est son œuvre la plus dramatiquement belle, j'ai une attente ultra élevée. J'aurais du prévoir le parachute, car comme tout le monde le sait, la gravité est toujours trop lourde si on ne l'apaise pas par quelques artifices.
Kamisama ni natta hi nous raconte l'histoire de Hina, déesse auto proclamée que notre héros, Youta, rencontre un jour alors qu'il joue au basketball avec un de ses amis. La petite Hina s'avère bien mystérieuse avec son accoutrement de nonne. Mais qui est cette petite et charmante jeune fille, qui prétend que la fin du monde est pour dans 30 jours?
P.A Works présente un travail graphique de bonne qualité, à la hauteur de leur réputation. Mais quand on écrit leur nom on sait très bien que la façon de montrer l'action va toujours être dans le pathos, sans que ce ne soit trop rédhibitoire. Cet animé ne déroge pas à la règle, avec une exception, une immense partie de l'anime se base sur des situations "drôles". Bref ça marche :)
C'est très très simple: l'ending est le plus bel ending de 2020 pour moi. J'avoue que je n'ai pas vu beaucoup d'animés "frais" de cet année, mais la ballade chantée par cet ending est magnifique. On utilise bien entendu du piano pour les scènes émouvantes, et le travail de doublage est de qualité.
Quand à ce que raconte cet animé, je vais vous avouer un point. J'ai commencé à écrire cet critique avant la fin de l'anime. J'ai bien compris le principe auquel voulait jouer l'anime, et ça n'a pas pris sur moi. L'on peut tenter d'être amusant, ridicule, puis émouvant mais ce méli-mélo n'a de sens que quand cela sert un propos que l'on ne sent pas "forcé" par l'histoire. L'histoire semble si artificielle, hormis l'épisode sur la maman d'Izanami (où finir autrement qu'en larmes est impossible), le reste n'est pas éblouissant. C'est léger, trop léger. L'anime semble se jouer de nous, semble vouloir nous montrer des choses révoltantes pour provoquer l'émotion, et ce n'est pas suffisant.
Même si Hina est un personnage très attachant, le vrai problème est avec Youta. Monsieur Zéro Charisme frivole semble aussi perdu que nos émotions et notre appréciation de la série. Ce sont les montages russes de l'intérêt, je me suis surpris à complètement perdre le fil de l'histoire, à devoir revenir quelques minutes en arrière lors de la diffusion en simulcast.
Cela ne m'était jamais arrivé (même si j'évite de regarder un anime à sa sortie justement pour éviter les mauvaises surprises). Si l'animé que j'attendais le plus m'a ennuyé, alors qu'il devait être "le plus triste de tous les temps", c'est dire! On est plutôt dans la continuité de ce qui avait été fait avec Charlotte, un truc impeccable sur les graphismes et le son, mais un peu rushé en scénario, avec du deus ex machina partout. Là aussi, même vers la fin, il a des moments qui sont écrits avec le cul, juste pour faire chialer. Clannad était mille fois plus fin, Kanon aussi, et les visuals novels Rewrite et Summer Pockets également. Au final seul le dernier épisode sauve un peu la série pour Youta, mais à grand coup de rebondissements un peu clichés. On est loin de la qualité d'écriture habituelle du studio Key.
Je vais être assez dur alors. Point de jeux de mots ici, je suis un peu blasé par cet absence d'intérêt. Cette année, et dans les animés de la saison, j'ai vu la suite de Kaguya-sama et Rent-a-girlfriend. Et Kamisama ni natta hi n'est pas meilleur que Rent-a-girlfriend. Mais il est loin de la saison 2 de Kaguya-sama, qui brille de mille feux quand on la regarde. J'espère secrètement une adaptation en anime de Summer Pockets du studio Key, car cette œuvre originale n'est pas à la hauteur des précédentes productions. En fait, c'est un peu comme Charlotte, sur le papier c'est un anime qui peut casser la barraque. Dans la réalité, c'est insuffisant pour un studio qui a démontré une capacité à créer des chefs d'œuvres. Il va falloir se ressaisir, et vite, profitez du bon matériel que vous avez chers amis de Key, vous pourriez en faire une belle histoire.
Ce que je reproche à cet animé, c'est d'être particulièrement difficile humainement à regarder. De base, un anime doit présenter un intérêt artistique mais aussi un sens pour que l'œuvre puisse apporter quelque chose. La seule chose qu'apporte cet anime, au delà de la frivolité du début, c'est une envie de se flinguer et de déprimer par la cruauté du propos. Non pas que ce soit dur physiquement, que l'on voit du sang. C'est cruel et déprimant, parfois on finit un épisode bouleversé. Comme avec Charlotte, à un certain moment où se produit un drame. Ce n'est clairement pas l'anime le plus tire larmes de l'histoire, mais le plus déprimant, c'est possible, quand bien même la fin rattrape à peine le coup. C'est un animé intéressant, mais autant que l'est Charlotte ou autant que l'est Air, et à des années lumières de Clannad.