The Deuce
7.8
The Deuce

Série HBO (2017)

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Quand les néons de New York illuminent plus les vices que les rêves

The Deuce, c’est un peu comme si on t’emmenait faire un tour dans la machine à remonter le temps pour explorer les coins les plus sombres et sulfureux du New York des années 70. Les paillettes ? Oublie. Ici, on te plonge dans la crasse, les néons qui clignotent et la fumée des Marlboro. L’histoire de la légalisation de l’industrie pornographique et la montée des peep shows, c’est l’angle, mais au fond, ce qui rend The Deuce si fascinante, c’est son immersion brute dans une époque où tout le monde cherche à survivre, à sa manière.


L’histoire se concentre sur la vie autour de la 42e rue, surnommée "The Deuce", un quartier où la prostitution, le sexe et la drogue forment le trio gagnant. On y suit plusieurs personnages, chacun à leur façon pris dans l’engrenage d’un monde qui change à la vitesse de la lumière – ou plutôt des néons. Vincent et Frankie Martino (joués par James Franco, en double dose) sont les frères jumeaux qui se retrouvent mêlés aux affaires douteuses du quartier, l’un étant un barman plutôt réglo, l’autre un habitué des magouilles. Tandis que Candy (interprétée par Maggie Gyllenhaal, tout simplement bluffante), une prostituée au caractère bien trempé, voit dans l’industrie pornographique une opportunité de reprendre le contrôle de sa vie.


Et là, tu te dis : "OK, c’est un drame classique sur des gens paumés dans la grande ville." Mais non. Ce qui rend The Deuce si unique, c’est son traitement des personnages, à la fois brut et plein de nuances. Chacun a ses rêves, ses démons, et ses choix moralement ambigus. On pourrait penser que tout va être ultra-violent, choquant, mais au contraire, The Deuce excelle dans la subtilité. Chaque dialogue est une petite danse entre la vérité crue et l’illusion de survie, chaque scène une plongée dans des vies à la dérive, mais jamais sans espoir.


Côté ambiance, on ne peut pas faire mieux. Les années 70 sont recréées avec une telle précision que tu sens presque la sueur et l’odeur de la fumée de cigarette imprégner ton écran. Les néons clignotent, les rues sont sales, et les tenues sont à la fois flamboyantes et déprimantes. On est loin des décors de carte postale. Ici, New York est presque un personnage à part entière, avec sa décadence, son rythme effréné, et son côté déchiré entre le vice et la transformation sociale qui couve.


Le casting est impeccable. James Franco, dans un double rôle, réussit à donner deux visages distincts aux jumeaux Martino. Il jongle entre l’homme honnête, coincé dans un monde corrompu, et son frère, le délinquant charmeur, avec une aisance bluffante. Mais c’est Maggie Gyllenhaal qui vole la vedette. Son personnage, Candy, est à la fois vulnérable et incroyablement forte, et elle parvient à incarner cette transition d’une prostituée à une femme d’affaires avec une puissance émotionnelle rare. Candy est bien plus que la simple "fille de joie" : elle est ambitieuse, intelligente, et cherche avant tout à ne plus être exploitée par un système qui ne fait que la broyer.


Ce qui est fascinant avec The Deuce, c’est qu’au-delà du sexe et de la drogue, la série parle avant tout de pouvoir et d’argent. Tout le monde cherche à prendre sa part du gâteau, que ce soit les proxénètes, les patrons de bars, ou les réalisateurs porno en herbe. Mais dans ce jeu de survie, les règles sont toujours faussées, et chaque ascension se paie cher. La série n’essaie pas de glamouriser quoi que ce soit. Oui, il y a du sexe, mais il est souvent présenté sous un jour froid et transactionnel, un reflet direct de la société capitaliste qui transforme tout en produit, même le corps humain.


Visuellement, The Deuce est un chef-d'œuvre. La réalisation est soignée, chaque plan est travaillé pour te plonger dans cette époque avec une précision quasi chirurgicale. Les scènes de nuit, éclairées par les néons, sont magnifiques et oppressantes à la fois, créant cette ambiance de danger omniprésent, où chaque coin de rue peut cacher une nouvelle tragédie ou une opportunité inattendue. La série ne te ménage pas, et chaque épisode te laisse avec ce mélange d’angoisse et de fascination.


Cependant, The Deuce est aussi une série qui prend son temps. Elle ne se précipite pas. Certains trouveront peut-être que l’intrigue avance doucement, mais c’est précisément ce rythme posé qui permet de vraiment s’imprégner des personnages et de leurs dilemmes. La série te donne le temps de réfléchir, de comprendre les enjeux, tout en te plongeant dans cet univers complexe où le vice et la rédemption cohabitent à chaque coin de rue.


En résumé, The Deuce est une série fascinante qui réussit à capturer l’essence d’une époque trouble, tout en explorant des thématiques sociales toujours d’actualité. Entre ses personnages complexes, son ambiance magistrale et son exploration des dessous d’un monde en pleine transformation, elle te happe et ne te lâche plus. Si tu es prêt à plonger dans les bas-fonds de New York avec une série aussi crue qu’intelligente, The Deuce t’offrira un voyage aussi sale que captivant.

CinephageAiguise
8

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Créée

le 21 oct. 2024

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