Magistralement machiavélique !

Ji Seong est de retour dans le rôle d'un juge un peu particulier et charismatique. The Devil Judge est un drama politico-judiciaire de toute beauté qui met en perspective tous les travers de la société moderne gangrénée par la corruption et les affres du pouvoir. Mais c'est avant tout un chef d'œuvre d'écriture, ce qui est assez rare pour être souligné. Une osmose totale entre des acteurs au top, une mise en scène remarquable et un scénario en béton armé. Ca faisait longtemps que je n'avais pas vu çà. C'est tout simplement magistral. Monsieur Choi Jung-Kyu, juste merci!

Dans un futur dystopique , La Corée du Sud gangrénée par une corruption endémique, fait voter des lois qui rétablit les châtiments corporels en guise de punition, augmentant les peines lourdes cumulatives et la peine de mort a été étendue. Une émission de télé réalité, dans laquelle officie un juge suprême flanqué de 2 juges subalternes, diffuse des procès choisis pour l'audimat quelle va suscitée, notamment parce qu'il s'agit de personnes hauts placés de l'Etat ou de Chaebol.(la Fondation ici)

Le juge Kang Yo Han(Ji Seong) personnage d'apparence calculateur, froid, cynique, et dénué de toute empathie, est le maitre de cérémonie de ce tribunal populaire et filmé, qui se déroule au sein même du Ministère de la Justice. Autour de lui gravite le jeune juge Kim Ga-On(Park Jin-Young), qui le trouble fortement, car il est le portrait craché de son frère décédé, et sa jeune nièce Elijah ,devenu paraplégique à la suite d'un incendie, et qui a couté la vie à son frère ainé et sa femme il y 10 ans en arrière.

A la fois ennemis et proches, les deux hommes vont, ensemble démêler les intrigues au plus haut sommet de l'Etat. Ces juges hors du système (corrompu et défaillant à la fois), vont être le bras vengeur d'une société décadente. Mais sont-ils vraiment ceux qu'ils prétendent être, et surtout, visent-ils toujours les bonnes cibles, ou bien seraient-ils eux mêmes les cibles de quelque chose qui les dépassent ? Sont-ils les manipulateurs ? Ou bien les manipulés ?

Leur principale ennemie est incarnée par Jung Sun-A(Kim Min-jung), la vraie dirigeante de la Fondation, une psychopathe aussi redoutable qu'imprévisible. Elle est liée au passé du juge Kang Yo Han. Viendront s'ajouter en adversaires, le Président de la Corée lui même, flanqué de deux PDG de Chaebol aussi farfelus que dangereux, ainsi que la ministre de la Justice.

Ce thriller psychologique et politique met en exergue toutes les interconnections entre le pouvoir politique, économique et judiciaire, aussi bien dans les pseudo dictatures que dans les pseudo démocraties. Il nous fait aussi réfléchir sur les comportements humains et les faux semblants. Tout le casting est exceptionnel pour porter cette parabole universelle : ne vous laisser jamais abuser, même si on vous montre des preuves tangibles. Ne croyez personne, et surtout pas vos amis on pourrait dire

Démêler le vrai du faux dans "The Devil Judge" est tout simplement impossible, parce que le thriller insuffle des fausses pistes tellement bien ficelées, que l'on ne peut absolument rien deviner par avance ni prévoir le final.

En effet, lors de la conclusion qui va crescendo durant les épisodes 14,15 et 16, tout est remis à plat quand on apprend la terrible vérité, et le regard qu'on aurait pu avoir au début sur le juge Kang Yo Han. C'est du grand art, honnêtement le dénouement était impossible à deviner au départ. On est scotché, abasourdi. Je me suis dis "Non ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai !" Cette histoire superbement écrite ne serait rien sans tous ces acteurs dirigés par un réalisateur de talent, et servi par des dialogues aux petits oignons. Il faut faire attention à tous les détails.

Au final, une des meilleures du genre que j'ai pu voir. Je vous la conseille vivement. A l'instar de "Deluxe taxi", ma main à couper que ce drama n'aura pas pris une ride dans 10 ans. Une histoire servie sur un plateau d'argent comme çà est assez rare pour l'apprécier encore et encore. De la réflexion à tous les étages, et l'émotion à l'état pur. Pour illustrer mon propos, je résumerai tout cela à la célèbre citation d'Albert Camus : "Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout. "

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