Les inconditionnels de Downton Abbey s'y retrouveront, tous les ingrédients sont là : la musique, l'ambiance, la lumière, les costumes, les intrigues multiples, et le côté gentillet qui fait se demander pourquoi la chaîne sur laquelle j'ai vu cette série plutôt mièvre la déconseillait au moins de 10 ans... Peu importe, nous voilà donc dans les quartiers chics de New York en 1882, au temps des innovations techniques qui vont révolutionner la vie collective, du chemin de fer à l'électricité. Pendant que l'Ouest du pays cédait à la sauvagerie, la côte Est cultivait un raffinement suranné à l'européenne, complètement décalé, qui voyait des arrogants amidonnés vivre comme à la cour de Versailles, entre les tentures et les codes les plus conservateurs. Évidemment, ça avait de la gueule, et même danser le quadrille pouvait présenter un certain intérêt quand toute ce petit monde faisait montre d'un maintien qui devait dispenser les kinés de longues séances de remise en forme. Cela dit, c'était à l'évidence étouffant et vain. C'est tout l'intérêt de cette saison peu fertile en véritable surprises : la friction entre un monde voué à disparaitre et le rugissement d'une modernité débridée qui va tout balayer sur son passage. Comment le premier va-t-il conserver les manettes dans ce maelstrom d'innovation et de révolutions ? On ne s'inquiète pas pour lui, on le voit prospérer encore aujourd'hui, malgré la concurrence, même si on ne soupçonnait qu'à moitié l’abâtardissement auquel il a dû se livrer contre son gré à l'arrivée d'une bourgeoisie florissante mais plutôt vulgaire, avide de lui disputer sa primauté. Après, ce sont des problèmes de prédation, et on peut rester un peu à la porte de ces histoires de riches. Les scénaristes ont donc eu la finesse d'y adjoindre quelques problèmes de pauvres, de filles déshéritées ou de Noirs marginalisés, quoique dans une certaine opulence toujours très photogénique. Bref, un cocktail fait pour ratisser large, dans un registre de mièvrerie qui élimine cependant les spectateurs les moins tolérants à la cucuterie.