Big Brother is Misogyne
The Handmaid's Tale, la nouvelle série à la mode adaptée du roman éponyme de Margaret Atwood, cherche à dépeindre une société totalitaire où les femmes ne seraient relayées qu'au rang de...
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le 17 oct. 2017
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The Handmaid's Tale, c’est un peu comme si quelqu’un avait pris un cauchemar dystopique, y avait ajouté une dose de patriarcat oppressif, des couleurs rouges criardes et des chuchotements glaçants, puis avait appuyé sur "ralenti" pour bien te faire sentir chaque minute de malaise. Le résultat ? Une série visuellement frappante, émotionnellement pesante, où chaque scène semble te murmurer à l’oreille : "Bienvenue dans le futur... et il fait froid."
L’histoire se déroule dans une Amérique futuriste devenue la théocratie de Gilead, un endroit où les femmes ont à peu près autant de droits qu’un sous-verre dans un bar. Offred (ou Defred en VF), notre héroïne, est une "servante écarlate", forcée de porter un costume rouge flamboyant (qui fait un peu cosplay du Moyen-Âge) et de donner naissance aux enfants de l’élite dirigeante parce que, surprise, la fertilité est devenue un luxe rare. Entre les viols ritualisés, les prières forcées et les regards angoissants échangés entre servantes, The Handmaid’s Tale ne fait pas dans la dentelle ni dans le sourire éclatant. C’est sombre. Très sombre. Peut-être trop sombre ?
Le gros point fort de la série, c’est son esthétique impeccable. Chaque plan est pensé comme un tableau, avec des couleurs qui te sautent aux yeux et des silences qui te rendent presque complice du malaise ambiant. Le rouge éclatant des servantes contraste avec l’atmosphère froide et austère de Gilead, un monde où les gens chuchotent plus qu’ils ne parlent et où les sourires sont rares. Et ne parlons même pas de l'absence totale de musique joyeuse... Ici, tout est conçu pour te rappeler que l'espoir, c'est un concept qui a pris la fuite avec la démocratie.
Elisabeth Moss, qui incarne Offred, est tout simplement magistrale. Elle parvient à dire mille choses avec un seul regard désespéré ou un sourire sarcastique à peine esquissé. Offred est à la fois victime et résistante, et la série excelle dans cette tension permanente entre son désir de survie et son envie d’exploser tout le système. À chaque épisode, tu ressens cette douleur silencieuse, ce combat intérieur, et tu attends le moment où elle va enfin casser la gueule à tout le monde... mais elle n’arrive que rarement, car ici, la révolte prend son temps. Beaucoup de temps.
C’est là qu’on touche un peu au point sensible. The Handmaid's Tale est une série qui sait t’enfermer dans son atmosphère, mais elle a aussi un rythme qui ferait passer une tortue pour une sprinteuse olympique. Si tu es du genre à aimer les séries qui te donnent des coups de fouet narratifs à chaque épisode, celle-ci va tester ta patience. Chaque épisode te fait l’effet d’un étirement infini de tension, où tu attends une libération qui tarde à venir. Ça en devient parfois frustrant, surtout quand tu te dis que, oui, on a bien compris que Gilead est un endroit affreux. On pourrait peut-être passer à autre chose ?
La série a aussi cette fâcheuse tendance à être répétitive dans son schéma. Offred subit, Offred résiste intérieurement, Offred se fait écraser par le système… et on recommence. Certes, c’est le propos de l’histoire : montrer l'oppression systémique et la lente montée de la révolte, mais après un certain temps, tu commences à te demander si la série ne pourrait pas injecter un peu plus de dynamisme ou de progression concrète dans la lutte.
En termes de thématiques, The Handmaid's Tale frappe juste et fort. La série aborde la question de la liberté, du contrôle des corps, du féminisme et du pouvoir avec une intelligence redoutable. Chaque scène est une réflexion sur ce qui arrive quand une société décide de régresser, de réduire la moitié de sa population à l’état d’utérus sur pattes. C’est un miroir terrifiant de certains débats actuels, et il y a des moments où la série te secoue vraiment.
Visuellement et thématiquement, la série est donc une réussite. Mais sur le plan narratif, elle peut parfois s’étirer à l'extrême, au point que tu te retrouves à jeter des regards furtifs à ta montre en espérant que quelque chose (n'importe quoi) se passe enfin. Les moments de révolte ou de tension explosive sont souvent dilués dans une ambiance si lourde qu’ils perdent parfois de leur impact.
En résumé, The Handmaid's Tale est une série à la fois fascinante et frustrante. Elle te plonge dans un univers dystopique avec une maîtrise esthétique et émotionnelle impressionnante, mais elle prend un malin plaisir à te faire attendre, encore et encore, la lueur d’espoir qui tarde à apparaître. Si tu as la patience pour des intrigues qui avancent au ralenti dans un monde aussi oppressant qu’un lundi sans café, cette série saura te captiver. Mais si tu espérais un peu plus de révolte à chaque coin de rue, tu risques de te retrouver à crier toi-même "Liberté !" avant qu’Offred ne le fasse.
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Créée
le 21 oct. 2024
Critique lue 15 fois
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