Dans l’ombre brûlante du Texas, The Son creuse les strates sanglantes du rêve américain, depuis les guerres comanches jusqu’à l’avènement de l’empire pétrolier. Adaptée du roman monumental de Philipp Meyer, la série trace une saga familiale étalée sur un siècle, entre conquête, dépossession et brutalité héréditaire. C’est un western, mais pas celui des cowboys propres sur eux. Ici, l’histoire est écrite à la machette, sur des terres volées et des corps sacrifiés.
Au cœur de ce récit : Eli McCullough, pionnier devenu magnat, charismatique et impitoyable - campé par un Pierce Brosnan impressionnant de densité, loin de ses rôles glamour habituels. Vieilli, amer, hanté, il incarne un homme forgé par la violence et dévoré par la mémoire, entre fierté texane et génocide refoulé.
La narration fragmentée (alternance entre jeunesse d’Eli chez les Comanches et son règne patriarcal tardif) donne à la série une épaisseur romanesque rare, même si elle peut parfois perdre en rythme. Mais c’est ce que The Son propose : un roman filmé, un western crépusculaire, qui interroge la filiation, la terre, et ce qu’on laisse derrière quand on croit construire un empire.
Pourquoi 8/10 ?
Parce que c’est une série ambitieuse, profonde, exigeante, qui refuse la facilité du mythe.
Parce que la performance de Brosnan redonne chair à la figure du patriarche, non pas comme héros, mais comme symptôme de l’Amérique coloniale.
Et parce que le western a rarement été aussi tragiquement politique.