I Escaped from Zombies

Saison 1 (5/10) :

D'un côté , il faut reconnaître à Frank Darabont, adaptateur quasi-officiel de Stephen King ces dernières années, d'avoir réussi son passage du cinéma à la télévision. Car en ce qui concerne l'univers visuel, « The Walking Dead » est une grosse satisfaction tant celui-ci est remarquablement rendu, que ce soit dans la réalisation, les décors ou les couleurs, saisissants. De plus, on a droit à deux ou trois épisodes vraiment au-dessus du lot (le second notamment), les bonnes idées restant un minimum présentes à chaque fois, tout comme quelques scènes très gore pour le moins efficaces. Reste que la question se pose : ce premier volet apporte t-il vraiment du neuf dans un genre qui en a vu d'autres ? Pour moi la réponse est non.

Une fois de plus c'est bien fait, on ne s'ennuie pas et le quotidien de la petite communauté est plutôt bien décrit, mais que ce soit dans la narration, les situations ou même des relations entre les personnages qu'on aurait aimé plus complexes, il y a quelque chose de légèrement inabouti quant à un genre en ayant vu d'autres et peinant à se renouveler depuis maintenant longtemps. Bref, si la qualité est donc plutôt au rendez-vous, on regrettera toutefois une originalité nettement moins présente que prévu : espérons que la seconde saison saura remettre en cause ce sentiment.

Saison 2 (6/10) :

Pendant une bonne moitié de la saison, j'étais vraiment dubitatif : c'est bien filmé, bien photographié, la dimension humaine essentielle à ce genre de récit étant au cœur des préoccupations de Frank Darabont et ses scénaristes. Reste que le constat était implacable : si j'étais plutôt dedans durant l'épisode, une fois celui-ci terminé, je ne ressentais aucune réelle volonté de me précipiter sur le suivant. Et puis, alors que je n'y croyais plus vraiment, le « miracle » s'est produit : plus de punch, plus d'enjeux, plus de situations fortes...

Sans qu'il y ait réellement plus d'action (si ce n'est dans le dernier épisode), c'est plus un changement d' « attitude » générale vis-à-vis de l'approche à avoir qui donne à ce second volet une tournure beaucoup plus intense, plus dramatique aussi, tant l'ensemble pouvait finir par apparaître un peu statique. Moi qui me demandais si je n'en avais pas fini avec « The Walking Dead », voilà que cette fin de saison vient me redonner foi dans cette série : en espérant que cette tendance se confirmera, d'autant que le dénouement laissait entrevoir quelques belles promesses. À suivre.

Saison 3 (7/10) :

Je dois reconnaître que la première saison ne m'avait pas spécialement donné envie de continuer, et il aura vraiment fallu la deuxième moitié de la seconde saison pour me motiver à aller plus loin. Et franchement, cela valait vraiment le coup d'attendre. Intense, pleine d'enjeux, exploitant à merveille ses décors oppressants et décimés tout en intégrant avec intelligence de nouveaux protagonistes, dont la charismatique Michonne et le non moins charismatique Gouverneur. Chaque épisode apporte ainsi son lot de nouveautés, de rebondissements, de scènes fortes, avec une vraie dramaturgie et une évolution sensible du récit quant aux décisions à prendre, avec un vrai facteur humain pesant constamment sur le récit, interrogeant au passage, parfois de façon glaçante, la définition même de la morale et de ce que nous sommes.

Malheureusement, autour des deux tiers la machine vient quelque peu à s'enrayer : cela reste très bien foutu avec toujours quelques scènes ou images fortes, mais le récit fait un peu de surplace, notamment quant à l'affrontement inéluctable entre les deux camps. La série retrouve toutefois un second souffle dans les derniers épisodes et quelques choix vraiment forts, notamment dans la disparition de personnages importants et presque incontournables. Dommage que le dénouement pêche presque par excès de sobriété, ne nous laissant pas sur une envie dévorante de nous jeter sur la suite, ce qui a au moins le mérite de ne pas être trop manipulateur. Bref, même si ce troisième volet me frustre un peu tant il aurait pu atteindre des sommets, il reste à ce jour la plus belle réussite qu'ait connu la série : pour la première fois, j'ai VRAIMENT envie de voir la suite.

Saison 4 (6/10) :

Ah, « The Walking Dead »... Encore une saison bien inégale. Visuellement toujours aussi torchée, la série peut compter sur des moments marquants, intenses, une de ses grandes forces, les enjeux et les situations étant un minimum renouvelés, permettant de suivre cela jusqu'au bout avec un minimum d'intérêt. Les créateurs ont vraiment su créer un groupe de personnages crédible, cohérent, que l'on aime et dont le destin nous préoccupe. À ce titre, consacrer deux épisodes entiers

m'a paru assez audacieux et franchement réussi, même si certains pourront reprocher (probablement à raison) un manque d'évolution dans son comportement, d'autant qu'il est à l'origine de ce qui reste à mon sens le meilleur épisode (et le plus violent) de la saison (à savoir le huit).

Pour le reste, on est en terrain mouvant. C'est qu'une fois

chaque récit se ressemble plus ou moins, d'autant que l'objectif est le même pour tous :

On oscille ainsi entre épisodes plutôt bien menés, voire (enfin, surtout une fois!) franchement hallucinants

et inintéressants au possible (là encore, surtout un : celui consacré aux

atteint des sommets d'ennui et de vacuité assez rares).

Après, en gros malins qu'ils sont, les créateurs nous ont évidemment concocté un final explosif, si bien qu'en grands naïfs que nous sommes, nous avons envie de savoir ce qu'il en est : pas très fair-play, mais de bonne guerre, à l'image de la réplique finale de Rick que je vous garderais secrète si elle l'est encore pour vous. Un quatrième volet soufflant le chaud et le froid, donc, pas forcément hyper-rassurant pour la suite, même si je serais quand même au rendez-vous. Reste à savoir si ces quelques lignes vous encourageront à l'être également.

Saison 5 (7/10) :

Je l'admets volontiers : j'avais très peur qu'avec cette cinquième saison, la qualité de « The Walking Dead » se mette à plonger, ne voyant pas trop ce qu'elle allait pouvoir apporter de nouveau (remarque que l'on pourrait presque se faire à chaque nouvelle saison, me direz-vous!!). Et finalement, c'est presque tout le contraire. Bon, comme d'habitude, il y a bien quelques épisodes faiblards ne faisant pas franchement avancer l'intrigue, mais vraiment moins que d'habitude.

On ne reste pas trois plombes coincé dans un endroit ou une situation précise : le récit bouge, vit, sait évoluer, faire des choix forts (plusieurs disparitions, dont une aussi dure qu'inattendue), proposer d'autres lieux, des situations nouvelles, des façons alternatives d'organiser la survie. C'est intéressant à la fois d'un point de vue humain et scénaristique, permettant aux personnages principaux d'être face à de nouveaux défis, inévitablement source de réflexions et d'adaptations.

Sans oublier de nouveaux protagonistes bien intégrés et plutôt réussis, quitte à ce que certains soient un peu forcés

Malgré un dénouement légèrement décevant, j'ai donc pris un réel plaisir à suivre ce volet, plus riche en action et en enjeux, ouvrant un champ des possibles que l'on aurait difficilement imaginé. J'ai malheureusement cru entendre que les choses se gâtaient fortement par la suite, mais cela n'empêche rien à la réussite de cette saison, la meilleure avec l'excellente numéro trois. Une vraie bonne surprise.

Saison 6 (6/10) :

Alors que cela fait un petit moment que je m'attends à ce que la dernière saison vue de « The Walking Dead » vire à la catastrophe, l'échéance est repoussée : jusqu'à quand, l'avenir nous le dira. Cela écrit, pas non plus de quoi se rouler par terre devant ce sixième volet, confirmant plus que jamais à quel point ces seize épisodes ne sont que rarement justifiés. On ne peut pas dire qu'il ne se passe rien : il y a quelques vraies montées d'adrénaline, le scénario poursuit malgré tout sa route, offrant une poignée de nouveaux personnages plutôt intéressants.

Mais bon... Il paraît de plus en plus évident que la plupart des pistes ont été exploitées, devenant vraiment compliqué d'en proposer des neuves : cela se tient mais élague très peu, au point que certains épisodes apparaissent presque superflus, à deux doigts du remplissage pur et simple. À ce titre, la conclusion s'avère assez décevante, si ce n'est dans les dernières minutes, avec l'apparition tant attendue du fameux Negan, amené à être un protagoniste marquant pour la suite de la série.

Reste ce talent pour les plans superbes et un écrin visuel toujours aussi remarquable. Tout dépend de vos attentes : si, comme moi, vous craigniez un effondrement qualitatif, la surprise sera plutôt bonne. En revanche, si vous espériez une saison à hauteur des excellentes troisièmes et cinquièmes, la déception sera grande. Me concernant, « The Walking Dead » s'offre donc un nouveau sursis, ce qui n'était pas écrit d'avance.