De l'horreur au magnifique en passant par... le lassant !

J'ai un avis très nuancé sur The Walking Dead, et il est difficile de faire la part de pour et de contre. N'ayant vu que la série, et pas le support original, j'échappe aux préjugés/déceptions des puristes "c'était mieux l'original".

L'intrigue de base est la suivante : Rick est shérif, époux et père d'un jeune garçon dans son petit coin tranquille des USA. Malheureusement pour lui, dans l'exercice de ses fonctions Rick est gravement blessé et tombe dans le coma. Quand il se réveille bien plus tard (dans un état déplorable), l’hôpital où il se trouve est vide, les rues sont vides, les gens sont partis... ou mort ! Une terrible épidémie de zombis à frappé le monde entier pendant son sommeil, et il se retrouve totalement désemparé, seul dans ce monde post apocalyptique.

Pour ceux qui ne sont pas des habitués du genre, le fait que notre héros découvre progressivement le nouveau monde dévasté (et dangereux !) nous permet de bien mettre en place les principes usuels des zombis. Rien de révolutionnaire de ce coté là : stupidité congénitale de morts vivants puants anthropophages, prêts à se ruer sur vous si vous signalez votre présence dans le but de faire de vous leur prochain steak tartare. Rien d'exceptionnel donc, mais ce n'est pas vraiment un problème.

L'ambiance de la première saison m'a beaucoup plus. Sous le regard horrifié mais sagace de Rick, nos personnages principaux vont se coltiner avec des zombis pour se sortir des pires situations.
Ses compagnons (et compagnes) sont de tout types : il y a Lorie, la femme de Rick, qui le croyant mort avait finie par se trouver quelqu'un... le meilleur ami de Rick... le gosse de Rick, un genre de néo-nazi musclé et sa femme victimisée, un asiatique malin (cliché quand tu nous tiens...), quelques africains sympathiques que l'on sent là pour les quota (et c'est bien dommage), un chasseur beau gosses, un vieux courageux, quelques trouillards et gens lambda. Avec tout cela, il y a de quoi monter pas mal de péripéties, engueulades, disputes pour le pouvoir, la bouffe, savoir quand prendre la fuite ou se battre etc... Et globalement la série l'exploite bien.
Des aventuriers bien malgré eux, nos héros deviennent progressivement une bande de vétérans de la lutte anti-zombis, et trop vite, une routine s'installe... dans la vie des personnages comme dans la série.
Si au début on éprouve vraiment de l'horreur, de la peur, ou du dégout devant les cadavres, meurtres horribles, déguisements à bases d'intestins... on fini néanmoins par se lasser (selon moi).

Sans trop spoiler l'arrivée des héros dans la prison (début de la saison 3 ce me semble), relève ni plus ni moins du nettoyage organisé, systématique, machinal de zombis.
On perd donc une partie des émotions du début, mais heureusement la série nous donne d'autres axes de réflexion. Tout d'abord les personnages évoluent pas mal : des gens deviennent fous, écœurés, lassés, résignés, retrouvent la foi, l'espoir, s'enhardissent, perdent leur naïveté, cherchent à reprendre une vie normale... il y en a pour tout les goûts.

Beaucoup de gens ont reprochés à la série de parfois faire passer la menace zombie au second plan, et de n'être qu'un prétexte à des situations de conflits entre humains prêts à tout pour survivre... ce que au contraire j'approuve totalement et trouve le plus intéressant. A raison de 4-5 attaques de morts vivants par épisodes, celles-ci deviennent juste des interruptions dans la véritable action. En bref, j'aime ce que les fanatiques du zombi sous l'oreiller déteste et vice-versa.

En revanche, ce que j'aime moins ce sont l'usage des stéréotypes. A un moment donné faut se calmer, et je finis par haïr tout scénario ou les personnages importants/leaders sont sans cesse de type bien blancs au détriment de tous les autres : en tant qu'occidental typique, je n'ai pas besoin de ça pour alimenter un complexe stupide de supériorité encore présent au XXIeme siècle !

Autre chose qui m'agace : les personnages mono facettes et ceux qui sont uniquement des déclencheurs d'actions. Le meilleur exemple est Carl, le fils de Rick. Ce personnage est conçu pour être détestable. Alternant entre le coté couard (que l'on peut attendre d'un jeune confronté à la fin du monde), un coté franchement macho horripilant chez un gamin de 10 ans qui se prend pour un mâle alpha (certains dialogue sont vraiment du style : moi homme, avoir flingue, toi femme faible, toi rester à l'abri, moi protéger parce que moi moi), et enfin une stupidité congénitale... tout pour plaire. Sérieusement, j'ai compté une bonne quinzaine de fois où par ennui, jeu ou défi d'autorité il a fichu la mouise, faillit tué (ou tué tout court) un personnage, en faisant quelque chose de totalement idiot. En fait ce ne serait pas grave si c'était toujours le cas... mais non, le personnage oscille continuellement entre une maturité qui l'incité à faire la morale (à raison) aux autres, pour bouder deux minutes plus tard et déclencher un drame pour attirer l'attention. Breeeef... je hais Carl.

Finalement : trop de stéréotypes usés et abusés dans the walking dead, certains personnages trop prévisibles, et un peu trop de dispersions de l'intrigue sur plusieurs branches vers la fin. Malgré tout une bonne série, qui sera vous choquer dès le début, des débats moralité/pouvoir/survie individuelle/survie du groupe toujours présents que j'ai apprécié, et un gros culot pour certaines scènes. Attention à l'effet PLUS : plus de zombis, de sang, de morts ne veut pas dire MIEUX...

SPOIL SI VOUS N'AVEZ PAS VU LA SERIE ARRETEZ ICI :
En vrac des scènes qui m'ont marquées : le déguisement "réaliste" en zombi, en utilisant des chaires putréfiées, la mort (bien que masquée) d'une fillette du groupe que l'on s'attendait pourtant depuis 5 épisodes à retrouver intacte, l'abattage de toute l'ancienne famille et les amis zombifiés d'un groupe de fermiers aidant nos héros, le Gouverneur, devenu totalement fou et gardant sa fille zombie en captivité, et finalement le meurtre d'une petite fille de 6 ans... par une autre de 10 ans, suite à un traumatisme tellement violent que cette dernière a sombré dans la folie et tente de prouver que les zombis sont toujours humains. Un rejet de la réalité naïf, bien intentionné (arrêtons le massacre des zombis/amis) conduisant à un drame... surtout quand le groupe se rend compte que la gamine cinglée représente maintenant une menace et doit être éliminée. Un des moments les plus tristes de la série et les mieux présentés... et pourtant pas une goutte de sang !