Too Much
5.7
Too Much

Série Netflix (2025)

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Je vais être honnête : j’ai vu 4 épisodes sur 10, et je vais m’arrêter là. Peut-être me direz-vous que j’ai tort — dans ce cas, je suis prêt à reconsidérer. Mais pour l’instant, non.

Lena Dunham a écrit et réalisé l’une des séries les plus marquantes de ces vingt dernières années avec Girls. The voice of a new generation. Cette série avait une pertinence folle, une magie étrange : drôle sans jamais forcer, profonde en faisant mine de rester à la surface. Elle captait, avec un regard acéré, tendre et impitoyable, ce que c’est que d’être une femme au XXIe siècle.

Avec Too Much, on reconnaît la patte Dunham : le quotidien, la sexualité l’existentialisme hystérique, les dialogues (elle reste une dialoguiste de génie). Mais voilà le constat triste : la magie a disparu. Et rien ne prend.

Too Much n’est pas la comédie qu’elle prétend être. Elle a une ambition, une prétention narrative, mais aucun souffle. En vérité, Too Much n’est pas assez.

Effet consensuel Netflix ? Épuisement créatif ?
Comment parler du vide de nos vies occidentales sans tomber dans le cliché ? À ce jeu-là, et dans des registres très différents, Bret Easton Ellis (à ses débuts) ou la sublime Bojack Horseman ont su me bouleverser — par leur cruauté lucide, leur tristesse immense.

Ici, rien. Jessica est too much, oui. Mais je ne suis pas touché par ses contradictions : j’ai juste envie de la fuir. On la dit bourreau de travail, 4 épisodes plus tard, elle n’a rien fait.

Rien ne sonne juste dans les postures féministes du personnage, rien ne tient vraiment dans la représentation queer — à part le fait que les personnages sont queers, comme s’il suffisait de les cocher dans une case pour être dans l’air du temps. Ils sont excessifs, et surtout excessivement mal écrits.
On ne parle plus de représentativité ici, juste de posture. “Regardez, j’ai mis des queers qui parlent de sodomie : je suis extra cool, je suis libérale, je suis irréprochable ».

Et Jessica, personnage pourtant central, est sans doute la figure la plus hétéro qui soit, naviguant d’une relation hétéronormée à une autre, pendant qu’on agite des drapeaux en arrière-plan, sans véritable intention. Pourquoi pas me direz-vous ? Mais surtout pourquoi. Ici, les LGBT sont des pièces rapportées et j’ai trouvé ça très gênant.

Tout est cliché. Tout est pénible. Aucun personnage ne se détache. Aucun conflit, aucune tension, un pitch paresseux au possible.

Résultat : une sitcom triste, inutilement sexualisée au contraire de Girls, portée par un casting pourtant excellent. Des comédiens brillants, parfois, mais qui font du Dunham : mordre la réplique de l’autre parce que “ça fait vrai”. C’est bon, on a compris, les gens ne s’écoutent pas vraiment, parlent seuls et sont très seuls. Ah lala c’est dur l’amour, c’est dur d’être soi, c’est dur ce monde. Heureusement qu’il y a la coke et un peu de musique pour avoir le courage d’assumer qu’on est vides.

Un gros coup d’épée dans l’eau. Triste à dire. Triste à voir.

Jakob-666
4
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le 11 juil. 2025

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Jakob-666

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