J'ai mis du temps à me décider à regarder cette série ; d'un côté NWR est un auteur qui m'intéresse, de l'autre je sais qu'il peut être chiant, je n'ai d'ailleurs pas tellement apprécié son long métrage précédent cette série. En plus je ne suis pas très série...
Et bien c'est pas mal. Pas mal du tout même. NWR propose ici une série qui n'est pas structurée comme une série. Il dit avoir conçu cela comme un film de 13h, moi j'ai plutôt ressenti ça comme 13 films qui se suivent, avec pour chaque épisode un début, un milieu et une fin. Ainsi, pas de cliffhanger, pas de multiple sous-intrigue pour remplir, mais bien quelques personnages qui vont se croiser (ou non) et une intrigue bien développée, sans interférence déplaisante ni forcing de tension.
Les dialogues sont excellents. Depuis le premier monologue sur l'adultère du flic (autobiographique?) jusqu'à l'ultime vision de Diana (qui semble être un avertissement sur notre propre société en pleine dérive fasciste dans plusieurs pays occidentaux). Les personnages sont également intéressants, suffisamment développés, sans chercher à les noyer sous un amat d'émotions, l'auteur s'en tient à quelques traits de caractère, joue aussi beaucoup du mystère.
Les situations sont intéressantes. L'on appréciera le thème de la soumission qui revient régulièrement tout au long de cette série, au travers de scènes assez fortes, cette série n'est d'ailleurs pas à mettre entre toutes les mains, même si au final, le réalisateur est assez peu démonstratif (hormis les giglées de sang souvent numériques, beaucoup d'action se déroule en hors champ).
Ce qui est passionnant aussi, c'est le discours sur la violence ; on se retrouve avec des personnages qui sont tous persuadés de faire quelque chose de bien (sauf peut-être le héros qui se dit vide et cherche probablement à s'auto-moraliser en choisissant de tuer les malfrats, tentant d'avoir une conscience) alors qu'ils emploient une violence assez crue pour rendre la société meilleure soi-disant. Si bien qu'on ne peut s'empêcher de comparer et noter les similitudes entre la prêtresse de la mort et la secte de Diana qui veut sauver le monde.
On en vient même à se dire que la série n'est pas si féministe que ça, en tous cas pas dans le sens que la femme est meilleure que l'homme ; en fait, elle est son égale dans la cruauté, la violence, l'infamie. Pire ? Non pas vraiment, le comportement viles des hommes est souvent souligné. Pour moi c'est pareil. Aucun des deux sexes n'est à sauver, les deux sont méchants, cruels et manipulateurs.
Les conflits se sentent plutôt bien, l'intrigue suit bien sa route, sans jamais forcer. On appréciera surtout les résolutions qui sont extrêmes dans le sens où ça renforce le message : ainsi, certains personnages vont se résigner juste à cause d'une question de soumission.
Cette série, c'est un peu la somme de NWR, ça reprend absolument tout de son cinéma. Bon, visuellement il ne pouvait pas être à la fois dans l'esthétique Pusher et l'esthétique de ses films suivants, mais l'on retoruve des thèmes de tous ses films, que ce soit le héros mutique, le tueur dans son trip, les mégalo, le sexe, la pub, les néons, les voitures, du gore, ... en plus de cela, j'ai trouvé qu'il s'agissait de son essai le plus comique, certaines séquences sont vraiment hilarantes, je ne m'y attendais pas.
La mise en scène est assez réussie et nous fait oublier que l'on regarde une série. Il faut dire que Refn adopte un parti pris visuel assez fort, de longs plans fixe, avec un montage lent, du coup le champ-contrechamp paraît moins convenu. On devine qu'un tel procédé permet au réalisateur d'économiser et mettre ainsi plus d'argent dans des séquences plus portées sur 'laction, que ce soit la superbe course-poursuite de l'épisode 5 ou la tuerie de masse filmée comme une pub dans l'avant-dernier épisode. De plus, on sent une cohérence dans tous ces choix esthétiques, si bien que lorsque ça décoiffe comme lors de la scène poursuite, ça ne fait pas comme dans beaucoup de série le moment où il faut relancer l'intérêt du spectateur.
Petite réticense malgré tout : le montage est très lent mais pas toujours efficace. Certes, certains passages touchent au sublime (peinture), on a même l'impression d'être face à quelque chose de divin tant le rythme s'impose de lui-même. D'aurtes passages sont moins bons, la lenteur est un peu trop forcée et devient agaçante, notamment lors de certains dialogues où les acteurs eux-mêmes semblent mal à l'aise du fait de leur ente articulation. Heureusement, ces passages défaillants sont moins nombreux.
L'esthétique est hyper léchée et agréable. Bizarrement, le réalisatuer évite le trop plein de gore ; il n'empêche que le plan sur les mains coupées et la séquence qui s'en suit pour la pauvre victime est assez glaçante. Par contre la séquence finale du 'héros' est moins trash que prévu, sans doute parce qu'il s'agit plus pour Jésus de trouver un soulagement que de montrer au spectateur du gore. De même que la violence envers le rival black se justifiait par la volonté d'en faire un exemple. Rien n'est gratuit.
La musique colle super bien. Cliff Martinez avait déjà composé pas mal de bons morceaux pour Refn, mais ici, il vont vraiment plus loin dans leur association, dans leur style sonore, avec des envolées électroniques dignes d'un jeu vidéo, créant parfois des ambiances très particulières. Julian Winding amène aussi une touche électronique assez agréable, qui n'est pas sans rappeler le jeu vidéo "Hotline Miami". L'on appréciera aussi les séquences de danse à peu près toutes réussies.
Et enfin, le casting est très bon. Je n'éais pas très convaincu par Miles au premier abord et finalement, en prenant en compte sa destinée, son personnage, je me dis que c'est assez juste. Les autres acteurs sont également excellents. Le mélange de culture et de langue est également un bon point, cela amène une belle diversité.
Bref, même si certains passages m'ont bien fait chier par leur lenteur, cette série reste excellente au finale, avec quelque chose de vraiment frais, NWR évite de tomber dans les pièges habituels propres au série (trop de sous-intrigues, trop de personnages, évolution permanente des personnages qui perdent vite leur saveur, mise en scène convenue avec de temps en temps un séquence plus magistrale qui du coup fait tache, ...). J'espère que sa prochaine série se fera malgré la polémique du cochon tué, parce que visiblement, Refn est une des rares personnes à avoir compris ce qu'il est possible de faire avec une série.