True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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HBO nous a habitué a sortir des séries absoluments démentielles, des blockbusters télévisuels sans concession, avec une profondeur d'écriture, de réalisation et d’interprétation que même le cinéma a du mal à retrouver depuis ces dix dernières années. Mais True Detective arrive a point pour enfoncer le dernier centimètre de clou qui séparait cinéma et télévision. True Detective n'est pas une série, c'est un film de 6h40 découpé en épisodes de 50 minutes.

A première vue, et lors de la scène d'introduction, on se trouve face à une série policière comme beaucoup d'autres, où deux enquêteurs campés par Harrelson et McConaughey vont prendre l'enquête en main jusqu'à choper le criminel derrière ça. Du classique vu et revu sur le premier épisode. Le deuxième suit le même train, mais s’intéresse également à la vie privée de nos deux héros. On apprend à les connaitre personnellement, et on découvre qu'ils sont radicalement différents. La narration aussi nous permet de nous rassurer, vu que l'histoire est un récit narré par les deux héros plusieurs années plus tard. Bref, on se sent serein et peu bousculés.

Mais c'est avant le troisième épisode, où l'on sent pointé un début de problème. Où les cartes commencent à se brouiller, où quelque chose ne va pas, où l'on sent que ça ne vas plus comme d'habitude. Le showrunner de la série nous a mis en sécurité pour ensuite nous mettre dans le doute. Plus le récit avance, plus les certitudes vacillent, de la même façon que nos héros doutent de plus en plus. On est à présent liés à eux, on se sent impliqués dans leur récit. Et nous somme piégés avec eux à aller au bout de l'horreur.

True Detective réussit ce que peu de séries, de films, de romans ont su faire: lier le destin des protagonistes à celui du spectateur, le sentir impliqué spirituellement et émotionnellement avec eux. Cette prouesse immense, on la doit aux deux acteurs principaux, simplement monstrueux dans leurs rôles. On le doit au scénariste, absolument prodigieux dans son écriture et dans la temporalité des événements. Et on la doit à l'unique réalisateur des huit épisodes de la saison 1, qui amène l'uniformité visuelle splendide d'épisodes en épisodes. On se retrouve pris au piège à partir du troisième épisode pour en ressortir broyés à la fin du huitième et dernier de la saison.

True Detective, c'est un voyage spirituel, philosophique et moral. Voir physique. C'est haletant, épuisant, fascinant, suffoquant. C'est un long film noir de 6h40, dans la lignée de ce qu'a pu être Seven, M le maudit, La Nuit du Chasseur, Sin City. On est dans le même standing, très élevé. La saison 1 restera pour moi comme une expérience marquante, que le cinéma n'arrive plus à produire avec une telle intensité. Les standards de production ne sont plus les mêmes, et on sent de plus en plus que la qualité fini de basculer complétement du coté de la production télévisuelle américaine. Du coté de HBO, la mutation avait commencée avec Les Sopranos et Oz, elle a finit de muter pour révéler tout sa puissance artistique avec True Detective, saison 1.
Yellocrock
10
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le 24 juil. 2014

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Yellocrock

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