il y a 7 jours
Croire quand il ne vous reste rien
À l’opposé de A Hundred Memories, qui utilisait l’Histoire en simple élément de décor, Typhoon Family choisit un angle plus intime. La série ne raconte pas 1997 comme un événement national : elle...
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À l’opposé de A Hundred Memories, qui utilisait l’Histoire en simple élément de décor, Typhoon Family choisit un angle plus intime. La série ne raconte pas 1997 comme un événement national : elle raconte Tae-poong, jeune homme désinvolte, projeté sans préparation dans un rôle qu’il ne maîtrise pas, au moment même où le pays sombre. Ce n’est pas un drama historique, mais le récit d’un homme qui n’a pour lui que sa volonté et son optimisme pour rester debout alors que tout vacille.
Tae-poong est un jeune homme insouciant, bien plus préoccupé par sa vie nocturne et ses fleurs que par l’économie et la gestion d’entreprise. Mais il doit assumer un héritage auquel nul, en Corée comme en Asie, ne peut se soustraire. C’est un devoir moral, presque sacré. À travers son parcours, la série observe comment une nation blessée traverse, dans l’intime, l’une des plus grandes humiliations économiques de son histoire.
En 1997, la Corée est passée en moins de quarante ans d’un pays plus pauvre que le Ghana à un pays industriel membre de l’OCDE. C’est donc un peuple fier qui est bafoué. La crise FMI (car c’est ainsi qu’ils l’appellent) n’est pas seulement économique : elle est psychique, morale, identitaire. Le pays en fait un repli intérieur. Un peuple humilié se reconstruit en silence, pas en émeute. C’est le parti pris des scénaristes : montrer la honte, l’angoisse, la solidarité, la résilience. Et c’est profondément coréen.
C’est une série qui choisit un traitement résolument optimiste. Et là encore, c’est profondément coréen. Car oui, le Coréen est un optimiste. Et il leur en a fallu, de l’optimisme, pour croire en leur avenir culturel alors qu’ils partaient de presque rien. Pour rappel, au début des années 2000, le cinéma coréen n’existait quasiment pas face au Japon ou à Hong-Kong et la K-pop non plus. La crise FMI fut le socle de ce rayonnement culturel qu’ils ont construit avec la rigueur qu’on leur connaît. L’optimisme c’est cette force qui vous maintient en vie lorsqu’il ne vous reste plus rien.
La crise FMI est restituée dans ce qu’elle a de plus concret : entreprises qui ferment, ménages expulsés, métros qui deviennent des refuges. Une véritable géographie de survie. Et au cœur de tout cela revient toujours la même idée, typiquement coréenne : l’argent est moral. Rembourser une dette, c’est sauver ce qui reste d’honneur.
Les personnages portent en eux la honte, l’inquiétude et l’effort silencieux de rester debout. Et c’est là que la série est la plus juste : elle filme des hommes et des femmes qui se débattent comme ils peuvent pour traverser la tempête, sans emphase et sans héroïsme forcé.
Ce n’est pas une série d’introspection mais de situation : le présent suffit. La crise révèle leur caractère, pas leur passé. C’est une série de transformation. La série montre admirablement la moralité des gens humbles : rembourser n’est pas un acte économique, mais une manière d’exister encore. Dans la précarité, l’argent devient une question de dignité, un moyen de rester humain.
Dans la première moitié, un très bel équilibre se dessine entre Tae-poong et Mi-seon : ils se portent mutuellement, avancent ensemble. Puis, à partir de l’épisode 12, cet équilibre s’essouffle. L’arc du billet à ordre est trop peu développé et le récit piétine. On sent que la série s’étire : non parce qu’elle est vide, mais parce qu’elle hésite entre chronique sociale et feel-good. L’écriture aurait gagné à être plus resserrée. Les scénaristes comblent les vides avec des ajouts mal amenés qui finissent par plomber l’ensemble. D’autres n’apportent rien. Je pense notamment à l’incendie, totalement mal construit : la méconnaissance physique du phénomène m’a laissée abasourdie. Cela ne fait pas avancer l’histoire et crée un bruit dramatique inutile. Dans la même logique, l’antagoniste n’est en rien écrit : c’est une case cochée. Ils auraient pu faire mieux.
Côté casting, la série s’appuie sur Lee Junho. Il n’est pas juste sexy. Il est juste. Nuancé, précis, d’une présence tranquille qui renforce toutes ses scènes. Parfait, encore une fois.
Kim Min-ha, elle, est choisie pour son expressivité intérieure révélée dans Pachinko. Elle incarne une tendresse pudique, une nuance touchante, même si son arc est moins exploité dans la seconde partie.
Le second couple (Kim Min-seok et Kwon Han-sol) est d’une sincérité désarmante. Et montre à quel point la responsabilité de la famille pèse sur la masculinité : ce qui semblait être un poids pour Mi-ho constitue en réalité son bonheur. Leur alchimie est douce, vraie.
Quelques détails sonnent faux, comme ce sérum cosmétique qui apparaît au moins trois fois dans une famille pauvre de 1998. Je veux bien fermer les yeux une fois, mais franchement… cela ne colle pas, et ça m’a agacée. Je pinaille probablement.
La fin est sucrée, oui. Mais le message est beau et typiquement coréen : « Seuls, c’est difficile, mais ensemble, c’est possible. ». Ce n’est ni du pathos, ni du déni, ni du Disney. C’est la mémoire collective d’un pays qui s’est relevé ainsi. Et qui le rappelle gentiment.
Typhoon Family est une série plaisante et souvent juste dans son contexte historique. Il aurait fallu un bon scénariste à la tête de son équipe : l’écriture se disperse dans son dernier tiers, mais l’ensemble reste digne et éclairant. Le casting pallie les défaillances narratives et les deux romances sont rafraîchissantes. Ce n’est pas si mal. J’ai hésité à mettre 6, mais c’est l’énergie du casting qui l’a emporté. On pouvait cependant s’attendre à mieux.
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il y a 7 jours
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il y a 7 jours
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il y a 7 jours
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