Je viens de terminer la première saison et, franchement, je l'ai dévorée! Pour moi, il y a trois énormes points forts à prendre en compte:
D'abord, tout en sachant que la télé-réalité est très scénarisée, je ne m'attendais pas à ce que les coulisses d'une telle émission soient aussi emprunts de manipulation au détriment des premiers concernés : les concurrents. Pour une fois, les projecteurs sont braqués sur la prod, de l'autre côté de la caméra (ou plutôt de la trentaine de caméras), et ça étonne tout en laissant un goût sacrément amer car tout ce petit monde sent bon le vécu (Shapiro a bossé pendant neuf saisons sur The Bachelor).
Ensuite, j'ai beaucoup aimé le personnage principal: une femme indépendante, intelligente, qui est bonne dans son boulot, qui n'est pas tartinée de maquillage (et on s'en fout!) et qui couche avec qui elle veut. Cerise sur le gâteau du tabou: la série la montre même en train de se masturber et de regarder du porno! Seul point négatif à son propos: pour justifier son "intelligence", la série propose l'alternative de la maladie mentale : ne pouvait-elle pas juste être bonne dans son job? Sans doute cette alternative a été proposée pour excuser certaines décisions peu éthiques de la part du personnage. Mais au final, on s'en fout bien qu'elle soit éthique ou non (et c'est aussi ça, qui est terrible).
Enfin, énorme point positif, c'est l'application avec laquelle la série illustre la vision de la femme, sa place, et ses aspirations. Une belle variété de femmes est montrée à l'écran, toute différentes, mais toutes rabaissées, chacune à "sa" manière. On y trouve d'ailleurs une jolie ironie entre ce que montre le show "everlasting" et ce que veut montrer la série.
A ce propos, il y a un très joli tour de force sur le final :
on commençait à être déçu : « ah bon ? ben la série finie comme dans l’émission de tv alors : un bon vieux conte de fée ou la nana un peu cassée finit avec le prince charmant et qu’ils s’enfuient tous les deux ». Mais le twist final sent bon la revanche et le girl power.
Paradoxalement, c’est aussi sur ce point là que la série prend un peu l'eau. Elle présente tous les mecs comme des cons finis, jusqu’au black gay assis au fond de la pièce. Même le « gentil » de l’histoire
trompe sa fiancée et finit par se comporter comme un vrai salaud revanchard.
Alors ce serait ça la « reality » ? Une guerre permanente entre ceux qui ont des boules et celles qui portent haut leurs seins ?
Difficile de prétendre être un show féministe lorsqu’il s’agit d’accentuer le gap entre les hommes et les femmes pour faire des hommes des connards abusifs et des femmes des battantes qui usent de leurs talents d’empathie et leur intelligence (et autres atouts) pour parvenir à leurs fins.
Au-delà de ce (gros) point noir, la série a l’énorme mérite de poser les questions qui fâchent, parfois tout en finesse (« c’est vrai, personne veut voir un show où les femmes travaillent »), parfois en développant davantage le thème en question (coucher pour y arriver ?). La dernière prise de l’émission
(le discours de la mariée en fuite)
a le mérite d’être particulièrement percutant car supporté par l’ensemble des péripéties précédentes.