Tranquility Lane

Aussi incroyable que cela puisse paraître, WandaVision est surprenamment intelligent et bien écrit pour du Marvel. Comme quoi, peut-être que les producteurs devraient enfin totalement assumer le format série, déjà bien présent dans leurs films.

Le côté américano-centré ne me plaisait pourtant guerre au début. De surcroit, les séries télévisuelles n'étant clairement pas ma plus grande passion, voir des hommages au The Dick Van Dyke Show ou à Ma sorcière bien-aimée ne m'enchantait pas plus que ça.

Mais déjà, que l'on aime le principe ou non, force est de constater que des efforts ont été employés afin de se rapprocher le plus possible des séries d'époque, notamment sur le plan technique : un éclairage tungstène ayant été employé lors des premiers épisodes dans le but de se rapprocher davantage des époques en question. Le concept aurait pu être poussé encore plus loin en reprenant des caméras d'époque, mais ils ont repris 47 objectifs différents pour combler ça (donc on va dire que ça passe). Plus classiquement, le premier épisode est au format 4:3, en noir et blanc et avec un logo Marvel faisant vraiment années 50-60. Au niveau de l'écriture, Dick Van Dyke a été consulté afin de mieux comprendre l'écriture des sitcoms de l'époque, et de ce que j'ai lu, un public de studio pour créer des rires de fond dans le but d'imiter le tournage d'une véritable sitcom a été engagé.

On comprend très vite que le rapprochement avec la série télé n'est pas dû au hasard. J'apprécie la parabole que l'on peut faire faire avec notre consommation de séries, notamment comme un moyen d'évasion, et à partir de là le lien que l'on peut fait avec Wanda et sa manière de gérer le deuil de Vision.

Pour le coup, on sent que de nombreux détails ont été réfléchis en amont, qu'il y a eu des auteurs derrière le projet, une sensation que je ne retrouve que trop rarement dans les productions du studio. En fait, ils se sont même permis de jouer avec le spectateur à de nombreux moments. Pour le coup, j'ai trouvé extrêmement intelligent le fait de sélectionner Evan Peters dans le rôle de Vif-Argent : le spectateur croyant alors tout naturellement qu'il reprend son rôle dans X-Men, donc lié au multivers, officialisant ainsi le crossover avec cette saga. On y croit parce qu'on a envie d'y croire… tout comme Wanda en fait.

Son arrivée coïncide d'ailleurs avec une montée du chaos : la série s'inspirant alors fortement de Malcolm (mais en moins bien faut pas déconner non plus). D'ailleurs, sans grande surprise, les mœurs évoluent plus la série progresse, plus on traverse de nouvelles décennies (le deux lits séparés de Wanda et Vision fusionnant en un seul unique lors de l'épisode 2).

Les personnages sont malheureusement inégaux… en fait, c'est même plus que ça : les séquences sont inégales. Celles hors de Westview se révélant bien plus classiques, bien moins inspirées, que les autres. Cependant, même s'ils n'apportent pas grand-chose, ça reste tout de même un bon point d'avoir repris Kat Dennings (Darcy Lewis) et Randall Park (Jimmy Woo), deux personnages qui apparaissaient déjà dans d'autres films de la saga (Thor et Ant-Man). Les deux fils de Wanda auraient pu être mieux exploités, même si on se doute qu'ils sont surtout là pour justifier Doctor Strange 2 : par contre, les deux jeunes acteurs ne se valent vraiment pas tant l'un joue bien mieux que l'autre. J'ai par contre beaucoup apprécié le personnage de Monica Rambeau (Teyonah Parris), même si le personnage aurait pu être mieux exploité (encore une fois, il va falloir attendre les suites) : c'est d'ailleurs la première fois que l'on suit en direct la « réintégration » d'un personnage après le claquement de Hulk dans Avengers Endgame. Enfin, ça fait toujours plaisir de voir la sous-estimée Kathryn Hahn interpréter un rôle plus important que d'habitude.

Malheureusement, on retrouve certaines affres propres au MCU, les blagues un peu nulles compris. Comme je le disais en introduction de cette critique, le côté série est déjà bien présent dans les films Marvel, notamment le côté cliffhanger ou l'impression de stagner par moment (le côté épisode filler) : sans surprise, WandaVision ne déroge pas à la règle. Aussi, concernant la désormais traditionnelle scène post-crédit annonçant la suite (coucou Doctor Strange in the Multiverse of Madness), difficile de ne pas se sentir floué tant celle-ci semble ne pas tenir compte de l'évolution de Wanda durant toute la saison. En fait, une fois le dernier épisode terminé, difficile de ne pas se demander : « Tout ça pour ça ? ».

Beaucoup affirment que c'est nécessaire d'avoir vu cette série avant de visionner la suite de Doctor Strange… alors pour le coup, n'ayant pas vu le film (3615 my life, c'est surtout pour ce film que j'ai visionné la série), je ne peux que m'avancer, mais je ne pense pas que ce le soit tant que ça.

Mine de rien, WandaVision se révèle être une bonne série dans l'ensemble. Mais « bonne série » pas uniquement dans le cadre du MCU (avec tous mes standards au plus bas), bonne comme n'importe quelle série peut l'être. Certes, on tombe dans les écueils traditionnels des productions Marvel, et la saga étant déjà une sorte de grosse série à la base, difficile de comprendre l'histoire dont il est question ici si nous n'avons vu une bonne partie des précédents films, mais on est dans ce qui s'est fait de mieux chez eux jusqu'alors.

Cela prouve en tous cas qu'on peut avoir droit à de la meilleure qualité de la part de Marvel, qu'en plus d'avoir du pognon (la série a couté plus de 150 millions de dollars, tout de même !), qu'il reste encore quelques créatifs dans les studios (ils doivent être sacrément bien planqués), qu'on peut avoir droit à une narration bien plus intelligente de leur part.

L'espoir est encore permis !