Warrior
7.2
Warrior

Série Max (2019)

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Les débuts laborieux de l'histoire moderne des Etats Unis. La guerre de Sécession est terminée, mais les haines sont loin d'être apaisées. Nordistes et Sudistes se détestent toujours, et l'arrivée massive de travailleurs chinois provoque des levées de boucliers chez les employés qui craignent de perdre leur emploi. C'est le début des révoltes ouvrières et de l'émergence de syndicalistes violents (Dylan Leary, par exemple). Ce qui frappe d'emblée, c'est une reconstitution d'époque assez soignée, mais également, hélas, un tournage suremployant l'horripilante habitude actuelle de ne pas éclairer les scènes. C'est sans doute très avantageux financièrement puisque le travail des décorateurs est plus que réduit. On devine des formes humaines sur des fonds noirâtres indistincts. Mais dire que c'est agaçant est un faible mot !
Il est un second point qui hérisse le poil et donne, parfois, l'envie de jeter l'éponge. C'est la complaisance avec laquelle la violence s'affiche. Heureusement, à supposer qu'on puisse employer cet adverbe, nous ne sommes pas complètement ici devant une gratuité absolue comme c'était le cas, par exemple, dans le troisième volet radicalement odieux et insupportable de "John Wick". Même si la sauvagerie des carnages n'est absolument pas justifiée, elle est compensée, si l'on peut dire, par une densité psychologique intense des personnages, qui donne naissance à un véritable microcosme humain dans ce qu'il a de plus noir mais aussi, hélas, de plus réaliste.
Une fois que l'on est parvenu à surmonter ces deux handicaps, il est enfin possible de se concentrer sur les qualités narratives et historiques, parfois même décalées (l'épisode médian qui nous transporte dans le far west d'une manière incongrue qui évoque vaguement Tarentino) de cette première saison inspirée d'écrits de Bruce Lee et co-produite par sa fille, Shannon Lee. Le spectateur découvre une Amérique à peine sortie de la guerre civile, qui retourne ses rancoeurs et son agressivité contre les immigrés. Tiens... On dirait que ça n'a pas beaucoup évolué cent cinquante ans plus tard, avec l'arrivée de Trump ! Les Chinois, et accessoirement les Mongols, sont donc l'adversaire par lequel tous les malheurs surviennent, et le mépris général dans lequel les Américains d'alors englobent tous les ressortissants d'extrême Orient est particulièrement bien rendu. La fresque historico-sociale est associée de manière particulièrement convaincante avec une série de drames individuels dans lesquels se débattent une brochette de personnalités psychologiquement riches et caractérisées avec justesse. Nous assistons à un tourbillon de manipulations en tous genres et de règlements de comptes dans lesquels se mêlent gangs de trafiquants, policiers véreux voire criminels, syndicalistes émergents, politiciens pourris et entrepreneurs prêts à toutes les compromissions. Ah Sahm lui-même, bien loin d'arborer un blanc immaculé, se fond avec réalisme dans cette nasse de prédateurs mortels et ne voit jamais son statut de 'héros' inhiber la vraisemblance de son personnage et la coloration douteuse de certaines de ses actions.
bernardsellier
8
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le 6 mai 2020

Critique lue 267 fois

bernardsellier

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