Les meilleurs films de Park Chan-wook selon Homdepaille

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Voir ma critique.
La morgue dans un lyrisme fou à tenter de réunir la montagne et la mer, deux opposés. La "décision" s'applique à différents types de ruptures, plus ou moins violentes et douloureuses de deux suicidaires qui attendent sur un rebord que l'autre les pousse. Lui aux motifs carrés sur ses murs, elle dans son turquoise Hitchcockien aux motifs entre la vague et la montagne. Bienveillante mais...
J'aime pas trop le PCW précédent, malgré la maîtrise, une romance trop glacée à laquelle je n'ai jamais cru. Là au premier regard c'est plié, jusqu'à ce que la marée l'emporte. Des petits gestes d'attention crééent une relation crédible.
La femme fatale est une fragilité dans sa masse de vêtements informes, un flou définitivement sur un autre plan que son poursuivant. La belle scène des cendres illustre totalement ce personnage de divine "celle qui souffre et fait souffrir" une lampe frontale à la lumière aveuglante et brutale et derrière une batterie rouge comme l'oscilloscope de son petit cœur. Une romance frustrée, distante malgré les tentatives de rapprochement par la technologie. On retrouve le génie de la spatialisation et la subjectivité à l'œuvre depuis Stoker/Mademoiselle : le voyeur qui s'intègre dans la vie privée de l'observée, des micro ellipses et flash-forward ou tout simplement des associations de motifs qui donnent aux raccords un enivrant sentiment de surprise. Sublime scène d'interrogatoire quand ils sont sur le même plan séparés et ne peuvent même pas être face à face, ni eux ni leurs reflets-doubles, lui net, elle floue. et le cadrage de dériver les questions vers un reflet ou un écran.
Le thriller n'est que prétexte à une série de gestes amoureux insensés et donc magnifiques : détruire une scène de meurtre, au risque de s'incriminer, pour éviter des cauchemars au flic ; les pulsions suicidaires ; et cette fin ! elle toute à sa légèreté trouve l'équilibre parfait de la montagne et la mer dans un suicide rappelant les contes bouddhistes plein d'espoir de retrouvailles dans une vie ultérieure, lui lourdaud patauge encore agrippé à son téléphone.

Annotation :

Décidément j'aime son lyrisme grandiloquent. Les vampires sont, comme le thriller dans Decision, un prétexte à la romance. Et une relation bien toxique par son sang empoisonné. Le prêtre tente de contrôler ses pulsions : Petit détail du minuscule miroir qui a remplacé un plus grand dont il reste la trace au mur. Un rétrécissement du héros.
Mais la malheureuse manipulatrice enivrée par une séquence de vol dans les bras de son nouvel amant, décide de jouir (bien avant d'être transformée elle aussi). Les deux s'opposent et s'attirent dans une relation violente (un éclaireur parlait de misogynie, sauf que la violence conjugale est bien appelée par son nom dans le film).
On est loin du pic formel à venir mais son grand-guignol sanglant d'un couple malade fait le boulot.

Annotation :

L’exploit est de créer de l’empathie pour les deux antagonistes et leur quête de vengeance folle et destructrice. Tout y est rigide des cadres aux acteurs et belle idée de faire vengeur un sourd, qui n'entendra pas raison, et muet incapable de communiquer ses raisons. Le tout en réussissant à faire sourire dans la noirceur ambiante de mort d’enfant, torture, et autres joyeusetés.

Annotation :

La Mise-en-scène de PCW est bluffante de raccords sur les regards et espaces.
Intelligemment distillés, les indices d'apparences trompeuses sont multiples pour rendre évidents et acceptables les renversements à venir. Mais toute cette préparation disparait de la seconde partie qui se contente d'expliciter les dessous du 1er twist dans une illustration de l'inversement (les boules de geisha devenues objet de torture) au détriment de nouveaux indices pour expliquer que la frigide se découvre une passion pour la petite roulure naïve. Du coup je n’ai pas trop cru à sa seconde romance sincère et au 1er degré de PCW après tant de twists.

Malgré l'habileté de Park pour l'intrication, son érotisme chic fait un peu pauvre, que ce soit les lectures sadiennes ou les ciseaux des deux vedettes. Le propos du film sur la révolte féminine contre une culture oppressante, banal et trop pesant, étouffe la romance qui avait déjà peu d’espace sous les twists.

Annotation :

Très mitigé peut-être plus que Mademoiselle dont le ratage m'agace alors que cela aurait pu donner quelque chose de fort. Là le scénario est couillon de base et jamais on ressent de trouble dans ce point de départ sur la peur de voir sa descendance tourner en horrible monstre. Mais la réalisation du point de vue exacerbé de l'intériorité de l'adolescente reste assez unique à PCW et très plaisante ce qui fait que je ne m'ennuie pas.

Annotation :

Si l'intention de déjouer les attentes du spectateur (celui-ci devrait être prudent après le déjà sec Mr Vengeance) sur ce récit de vengeance est louable, la réussite n'est pas forcément là. Bonne idée de rappeler les "héros" des précédents en méchants et de faire traîner de manière pénible la vengeance. Donc ça traîne cette vengeance, avec un passage volontairement grossier de tire-larme puis de longues tractations sur le sort à réserver au tueur d'enfant (kidnappeur dont le but est tristement hilarant : un yacht), une vengeance hors-champ lente et pas du tout satisfaisante. D'ailleurs l'héroïne n'est pas absoute de sa responsabilité après. Mais on sent aussi un peu l'arnaque de laisser les mains propres à son héroïne qui dans une pirouette finale tire sur le cadavre (donc finalement on nous donne cette satisfaction sale de la vengeance mais sur un cadavre pour ne toujours pas salir la lady, bof).

Avant cela Park est un peu en roue libre. Même dans ses films médiocres je ne le trouve jamais gratuit dans ses effets, là un peu et on entre carrément dans le kitsch (du point du vue d'une pré-ado, ce qui le rend compréhensible mais quand même moche). Les flash-backs servent surtout de parenthèses comiques balourdes plus que d'une nécessaire construction de la personnalité de Lady et l'histoire avec la gamine plus que dispensable, même si elle peut faire sourire parfois, traîne salement en longueur sur la fin mêlée à la question de rédemption. Son lyrisme y est particulièrement banal (la ruelle sombre, la neige, le sang, les ralentis, etc. du déjà vu 1000 fois dont 10 chez Batman pour dire).

Annotation :

Sympathique court-métrage à l'humour noir et grotesque autour du cadavre d'une jeune fille. Un couple et un homme se disputent la paternité et l'avidité rejaillit dans ce monde au bord de la destruction. Tout ce guignol éclate dans une grande scène où les émotions s'incarnent dans un tremblement de terre quasi-divin, avec un sismographe qui pourrait bien être un cardiogramme.

Annotation :

Pub iphone (mensongère : "tournée avec un téléphone" mais 90% de plans truqués) déguisée en long court-métrage. deux fantômes se battent pour un cercueil puis se marient dans une fête qui débute chez les villageois et fini en enfer. Bon voilà rien de notable.

Annotation :

Sa série TV de 2018. Plus sobre que ses films, ce qui fera le plaisir de certains mais pas le mien. On retrouve son goût de la manipulation jouissif avec une actrice engagée pour infiltrer une organisation terroriste (tout le monde joue double rôle dans ce film d'espionnage de toute façon). donc répétition de rôle puis jeu, jusqu'à ce qu'on se demande ou est le vrai du faux : un travail dans la continuité de Mademoiselle.
Plus trivialement les acteurs masculins ne sont pas toujours au top (surtout ceux qui doivent forcer un accent israélien improbable, horrible Skarsgard mais pas que). Efficace mais de grandes scènes trop rares.