D'abord, merci à cinémusic sans qui j'aurais jamais su que Murat était plus "vendu" avant (j'en profite pour faire un peu de pub, ses critiques sont vraiment bonnes :) ). Pour en revenir à l'album, quoiqu'on en pense, il reste impressionnant de maitrise, de professionnalisme ou de bon goût musical. C'est la démesure de la musique, un déploiement de poésie noire pour conter l'agonie d'un monde. Assez incroyable de penser qu'il l'a crée en express, suite à un deuil parental (ce qui se ressent sur certains titres très nostalgiques). Et c'est très beau, malgré l'habituel problème de compréhension des textes.
Le premier disque s'ouvre avec une chanson très rythmée et merveilleuse, "chacun vendrait des grives". Il expose là un problème bien réel, il parle de ces "petites gens" (j'aime pas cette expression) dont les grands, industriels ou non, se font plaisir à réduire dans leur petite campagne qu'ils jugent inutiles. Un brave cri, important même. "Chant soviet", qui fait parti du club des chansons que j'ai pas compris, a une mélodie très belle. Mais le gâchis textuel est tel qu'on s'en lasse rapidement. "J'ai fréquenté la Beauté" est magnifique, avec une flûte enchanteresse et une voix plus belle que jamais. "Blues du cygne", elle aussi incompréhensible, se rattrape aisément sur son refrain très entrainant (même si tu piges rien de ce que tu dis) et sa très belle musique. "Dans la direction du Crest", qui fait parti de ces titres très longs et très ambitieux, garde une beauté assez unique dans le monde de la chanson. Je ne vais pas dire que les 7 minutes passent rapidement, mais le texte labyrinthique est passionnant, la voix est très impliquée (on le sentirait presque au bord des larmes lorsqu'il dit "mon enfance disparait...") et la musique, même si un poil trop répétitive, est réussie. "La Chèvre alpestre" souffre d'un texte, pour une fois, pas terrible (Tu vas pas nous faire la tête/Dire que Davy Crockett est pas gentil"... oui, si tu veux...) et d'une musique certes intéressante, mais sans plus. "Qu'est-ce qu'au fond du cœur" aussi n'a pas des paroles très réfléchies, mais la qualité de la musique, avec son rythme d'enfer, rattrape le coup. "Les ronces", où il joue avec des paroles de comptines, est d'une mélancolie bouleversante. "Mujade ribe" est une chanson interminable, complètement indéchiffrable. Mais le disque s'achève sur un magnifique "Vallée des Merveilles", avec un refrain génial en prime !
Le deuxième CD s'ouvre sur "le jour se lève sur Chamablanc". Autant les paroles sont intéressantes (il parle de son enfance à la ferme, de la manière la plus directe et simple... ah ça c'est sûr, si vous aimez pas l'univers campagnard, vous n'aimerez jamais Murat, et vous passerez à côté d'une chose nécessaire de plus !), autant la chanson reste trop longue et la musique, sur ce coup-là, est vraiment nulle. "Neige et pluie au Sancy", retour au rock (il est très fort dans ce domaine !) avec une histoire morbide comme il en fait souvent. Fun à tous points de vue, rien à dire. "Col de Diane" ne m'accroche pas, surtout à cause du "Faut pas y compter" qui m'énerve. "Noyade au Chambon" est une bonne chanson, comme "tout m'attire", tous les deux très rêveurs et romantiques. Mais c'est surtout "Frelons d'Asie" qui me bouleverse beaucoup. En particuliers son "Que vas-tu faire à Minuit, seul dans la forêt ? et la suite avec la voix émouvante de la soliste en parfaite harmonie avec les instruments... et puis, ça ne peut que parler à tout le monde... Magnifique. "Long John" a des défauts dans le texte, mais la musique et certains passages ("Je voudrais voir la mer, retrouver les saisons...) font quand même de cette chanson un très beau moment. "Chagrin violette" est absolument oubliable. "Camping à la ferme", vraiment marrant et très très fun à reprendre, a de quoi casser son image difficile ! Le double album se conclut de la meilleure des façons, avec "Passions tristes".
Donc, si l'album devait se résumer en trois mots: divers, personnel, et surtout impressionnant. C'est d'ailleurs le seul double album que je connaisse où je n'ai aucune préférence pour un des deux disques, tous deux du même tonneau. Essayer, c'est l'adopter.

Créée

le 5 août 2016

Critique lue 301 fois

2 j'aime

2 commentaires

Billy98

Écrit par

Critique lue 301 fois

2
2

D'autres avis sur Babel

Babel
EricDebarnot
7

Mustango-bis !

La rencontre entre la campagne auvergnate et les grands espaces américains, la conjugaison de son attachement aux racines et traditions locales avec sa propre culture "rock", voilà un sujet - et un...

le 12 janv. 2015

3 j'aime

6

Babel
mozartien
7

Quoi JLM ne va pas dépasser les 100.000 copies de cet opus !

Quoi JLM ne va pas dépasser les 100.000 copies de cet opus ! Je pensais pourtant que cette fois les fans se rueront pour offrir cet écrin 100% auvergnat (JLM + Delano Ochestra + chanteuse de Cocoon)...

le 9 avr. 2015

3 j'aime

1

Babel
Billy98
8

Impressionant

D'abord, merci à cinémusic sans qui j'aurais jamais su que Murat était plus "vendu" avant (j'en profite pour faire un peu de pub, ses critiques sont vraiment bonnes :) ). Pour en revenir à l'album,...

le 5 août 2016

2 j'aime

2

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Billy98
10

MA BIBLE

Mon film préféré. La plus grosse claque artistique de ma vie. Une influence dans ma vie. Un éternel compagnon de route. Le cinéma à l'état pur et au summum. Oui, vraiment ma Bible à moi. Je connais...

le 21 juin 2016

29 j'aime

12

Lulu
Billy98
10

Jamais été aussi désespéré, et jamais été aussi beau (attention: pavé)

Le Manifeste... Projet débuté par un court-métrage majestueux, accentué de poèmes en prose envoyés par satellite, entretenant le mystère, son but semble vraiment de dire: prenons notre temps pour...

le 15 mars 2017

27 j'aime

10

The Voice : La Plus Belle Voix
Billy98
2

Le mensonge

Je ne reproche pas à cette émission d'être une grosse production TF1. Après tout, les paillettes attirent les audiences, et plus les audiences augmentent plus les attentes montent, c'est normal. Je...

le 17 févr. 2018

18 j'aime

7