Back to Black
7.5
Back to Black

Album de Amy Winehouse (2006)

Suave et Mélancolique Sensualité Surannée

J’ai découvert ce disque, comme beaucoup de monde, lors de sa sortie en 2007. Huit ans ont passé, la vie, l’histoire, ont fait le reste. Le disque reste d’une beauté intégrale, un nu sensuel, charnel où la jeune diva, de toute son âme, se livre sans concession, avec un irrésistible enrobage de pudeur musicale. Un mythe déjà, si tôt. Back To Black en atteste.

Dès Rehab, l’empreinte soul est forte : une voix chaude de charmes chante la désintox avec désinvolture. Amy Winehouse chante la volonté plus forte que tout. L’orchestration derrière elle, est puissante, pleine, ample. Du grand art ! L’interprétation fragile et forte donne tout le relief de la grande petite anglaise qui sait l’efficacité de la concision. You Know I’m No Good, Amy chante au présent sa mélancolie d’une histoire passée, sur l’avertissement pressant des cuivres. Il y a là la précision chirurgicale de la confession, et aucune illusion dans la forme absolument ronde de l’atmosphère. Amy nous offre alors un voyage par-delà le temps, et nous transporte dans une douceur de vivre éclatante, il y a du soleil couchant qui s’éternise dans le jazz lascif de Me & Mr Jones, un slow de caractère qui réclame bonne compagnie.

Back To Black.
Le dosage est précis : la retenue du piano derrière la complainte d’une voix de confidence. Une tension insupportable se prolonge dans un cocon jusqu’au relâchement mélancolique du refrain et de sa chute lugubre. La mort déjà passée, la vie reprend ses droits et nous renvoie dans ce rythme hypnotique dont on ne s’échappe plus : condamnés. Damnation éternelle, le Sisyphe du cœur, et la souffrance pour nourriture, splendide. Un chef d’œuvre magnifique.
Le désenchantement continue, Love is a Losing Game, sans tension, Amy nous abandonne à l’apaisement réaliste de l’acceptation de la fin de toute chose. Tears Dry On Their Own est un autre morceau de bravoure à signaler : la puissance symphonique, la voix parlée d’Amy sur le couplet d’envol, avec l’ombre des grands crooners dans le souffle, l’ambiance est emportée. Amy Winehouse nous emmène encore de l’avant, sans regret. Elle avance coûte que coûte, et l’allant de la chanson nous emporte avec elle.

Il y a du grand classique dans la musique de la jeune diva de Camden, une langueur, une sensualité donné comme une invitation à s’étreindre. Dans les malheurs toujours, du plus lugubre d’un univers sombre, Amy extrait la mélancolie charnelle, suante, et toute en douceur, elle illumine chacune de ces larmes jusqu’au dernier soupir.

Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les Femmes Que J'Aime et Les meilleurs albums de 2006

Créée

le 11 mars 2015

Critique lue 540 fois

1 j'aime

Critique lue 540 fois

1

D'autres avis sur Back to Black

Back to Black
Heitiare
9

Critique de Back to Black par Heitiare

Oh Amy, tu picolais en une soirée ce que j'ai picolé depuis mes 16 ans, mais si c'était ça ton moteur pour faire d'aussi belles chansons, alors t'as niqué ta vie pour la bonne cause : un deuxième et...

le 21 déc. 2011

14 j'aime

1

Back to Black
EricDebarnot
6

Un classique uchronique

Réécouté dans la foulée du beau film "Amy", "Back to Black" peut en 2015 être considéré comme un classique "uchronique", grâce à la voix d'Amy qui tutoie les accents des grandes divas soul et jazz,...

le 18 sept. 2015

10 j'aime

Back to Black
cinemusic
10

L'album soul des années 2000!

Après un excellent premier album ,"Frank",passé inaperçu en France à sa sortie(depuis sa mort il est devenu évidemment célèbre!) mais qui obtint un joli succès d'estime en Angleterre,elle enchaine...

le 10 sept. 2020

9 j'aime

4

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

6 j'aime

1